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Fred Wah

Fred Wah, O.C., poète (né le 23 janvier 1939 à Swift Current, en Saskatchewan). Officier de l’Ordre du Canada, lauréat du prix littéraire du Gouverneur général pour la poésie et ancien poète officiel du Parlement.

Fred Wah, O.C., poète (né le 23 janvier 1939 à Swift Current, en Saskatchewan). Officier de l’Ordre du Canada, lauréat du prix littéraire du Gouverneur général pour la poésie et ancien poète officiel du Parlement, Fred Wah, connu pour son exploration de la dualité ethnique, est l’un des artistes les plus remarquables et avant-gardistes du groupe de poètes ayant émergé à Vancouver au début des années 1960.

Jeunesse et éducation

Né d’une mère de descendance suédoise et d’un père de descendance chinoise, irlandaise et écossaise, Fred Wah grandit dans la région de West Kootenay en Colombie-Britannique et reçoit son baccalauréat en anglais et en musique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) en 1962. Il compte, à l’instar de George Bowering, de Daphne Marlatt et d’autres, au nombre des fondateurs de la populaire revue de poésie Tish. Pendant ses études à l’Université de la Colombie-Britannique, Fred Wah participe à la conférence de poésie de Vancouver de 1963, un événement dont on parlera longtemps. Organisée par le professeur Warren Tallman, la conférence réunit des poètes canadiens de renom, comme Margaret Avison et Earle Birney, des artistes américains affiliés à la Black Mountain School tels que Robert Creeley, Charles Olson et Robert Duncan et d’autres homologues américains d’influence, dont Denise Levertov, Robin Blaser et Louis Zukofsky. Robert Creeley et Charles Olson auront une influence particulière sur le poète. Creeley fait en sorte que Fred Wah puisse entreprendre des études de poésie et de linguistique à l’Université du Nouveau-Mexique à Albuquerque avec lui. Déçu par le programme de linguistique offert là-bas, Fred Wah s’inscrit après une année d’études à l’Université de l’État de New York à Buffalo, où il étudie avec Charles Olson et décroche une maîtrise.

Carrière d’écrivain

Fred Wah publie son premier recueil de poésie, Lardeau, en 1965. Il a depuis publié près d’une cinquantaine de volumes, dont Diamond Grill (1996), commercialisé comme étant son premier ouvrage de fiction écrit en prose. Fred Wah remporte au fil des ans de nombreux prix : en 1985, le prix littéraire du Gouverneur général pour la poésie pour son œuvre Waiting for Saskatchewan; en 1991, le prix Stephanson pour la poésie de la Writers Guild of Alberta pour So Far; en 1996, le prix Howard O’Hagan pour les nouvelles de fiction de la Writers Guild of Alberta pour Diamond Grill; enfin, en 2010, le prix Dorothy-Livesay pour la poésie pour is a door. Son recueil d’essais critiques Faking It (2000) lui vaut le prix Gabrielle-Roy pour les ouvrages de critique littéraire portant sur la littérature canadienne.

Lorsqu’il accepte le prix Dorothy-Livesay, Fred Wah résume sa carrière de poète en ces mots : « Mes écrits sont nourris, principalement, par deux intérêts : la dualité raciale et les paysages des Kootenays, dans le sud-est de la Colombie-Britannique, avec ses montagnes, ses lacs et ses forêts » [traduction libre]. Un troisième thème central est le langage lui-même, avec un accent particulier mis sur l’innovation formelle. Le début de la carrière de Fred Wah en poésie est indissociable du groupe fondateur de la revue Tish, lequel contribue à centrer la poésie canadienne sur le langage, ce qui mène par la suite à l’élaboration d’une poésie « sonore » et « concrète ». Frank Davey, poète et critique de plus en plus en vue à l’époque, souligne que le groupe se distingue également par sa capacité à bien s’implanter dans sa communauté d’écrivains locale et à s’adapter à la communauté internationale, et qu’il se laisse posséder par la langue plutôt que de tenter de la dominer. Les cinq premiers volumes de poésie de Fred Wah, Lardeau (1965), Mountain (1967), Among (1972), Tree (1972) et Earth (1974) traitent (comme le suggèrent leurs titres) du paysage, qui demeure un aspect dominant de sa poésie jusqu’en 1980, année de publication de son recueil de poèmes sélectionnés intitulé Loki Is Buried at Smokey Creek.

Dans les premiers poèmes de Fred Wah, il n’est pas encore clairement question de race et d’ethnicité; cependant, au début des années 1980, l’artiste commence à aborder la question du patrimoine, notamment dans les recueils Owner’s Manual (1981), Breathin’ My Name with a Sigh (1981), Grasp the Sparrow’s Tail (1982) et Waiting for Saskatchewan (1985). Le long parcours de Fred Wah pour découvrir son héritage patrilinéaire – son père, d’origine sino-européenne, a grandi en Chine – passe par un voyage en Chine, d’où il revient convaincu de l’importance du caractère hybride de sa famille, ainsi que de son identité unique, à la fois canadienne et chinoise, transpacifique et diasporique. C’est avec la publication du « biotexte » Diamond Grill que Fred Wah assoit sa réputation de grand écrivain canado-asiatique, en plus de celle de poète canadien d’influence qu’il a déjà bien établie. Dans ces textes, il codifie l’expérience de posséder une identité hybride. Dans « In the Diamonds, At the End of A », Fred Wah écrit : « Les cartes n’ont pas de commencement, seulement des bords. Une marge de possibilité effilochée et floue peut-être, une absence, un écart... Mon pied laisse plus que sa propre empreinte, commence à lire la tache laissée par les souvenirs » [traduction libre].

La plupart des critiques concernant la poésie de Fred Wah placent celle-ci dans le contexte de la tradition issue du mouvement de Tish et des poètes de la langue. Cette approche est encouragée dans une certaine mesure par le poète lui-même, qui fait fréquemment référence à la théorie postmoderne et poststructuraliste dans ses écrits critiques. Cependant, dans les essais critiques figurant dans Faking It : Poetics and Hybridity (2000), Fred Wah met également en exergue son intérêt pour la racialisation (soit le fait d’être perçu comme appartenant à une race), sujet qui se développe au cours des années 1990. Le poète s’identifie en tant que partie d’un groupe d’« écrivains canadiens d’origine asiatique... [qui] cherchent à redresser et à réécrire le racisme colonisateur des idéologies transnationales occidentales. » Il rejette la philosophie blanche et coloniale qui domine la littérature canadienne et relie son changement d’orientation en milieu de carrière, mettant un accent particulier sur la race et l’origine ethnique, à son ancienne préoccupation quant à l’aspect « local », avec toute la subjectivité de l’« endroit » : « Là où l’on est, ici, est qui l’on est » [traduction libre]. Il explore son héritage interracial, son hybridité et son identité à trait d’union en détail dans Diamond Grill : « Beaucoup d’entre nous ont grandi comme des étrangers résidents, vivant dans le trait d’union... C’est peut-être la réponse à ce pays. Si vous êtes pur, peu importe d’où, vous ne pouvez être Canadien. Nous garderons ce nom pour tous les sangs mêlés » [traduction libre].

Enseignement et autres activités

Après ses études supérieures aux États-Unis, Fred Wah revient au Canada à la fin des années 1960 pour enseigner la création littéraire au Selkirk College à Castlegar, en Colombie-Britannique, et au Centre universitaire David Thompson à Victoria. Au milieu des années 1980, il déménage en Alberta, où il occupe, successivement, un poste d’écrivain en résidence et un poste de professeur à l’Université de Calgary. Il y vivra une longue et prodigieuse carrière de professeur d’anglais. Il part à la retraite en 2003. Fred Wah occupe également un poste d’écrivain en résidence à l’Université du Manitoba, à l’Université de l’Albertaet à l’Université Simon Fraser. De 2001 à 2002, il est président de la Writers Union of Canada. De 2011 à 2013, il est le poète officiel du Parlement du Canada, le cinquième à occuper ce poste.

Depuis son départ à la retraite, Fred Wah est revenu en Colombie-Britannique, où il partage son temps entre Vancouver et les Kootenays. À Vancouver, il contribue au collectif de la Kootenay School of Writing et s’implique dans l’édition de revues littéraires comme Open Letter et West Coast Line.

Distinctions

Prix du Gouverneur général pour la poésie (1985)

Prix Stephanson pour la poésie (1992)

Prix Howard O’Hagan pour les nouvelles de fiction de la Writers Guild of Alberta (1996)

Prix Gabrielle-Roy de la critique (2001)

Prix Dorothy-Livesay pour la poésie, BC Book Prizes (2010)

Nomination comme Officier de l’Ordre du Canada (2013)