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Canadiens d’origine galloise

Autrefois constitué d’une série de royaumes indépendants, le pays de Galles a été incorporé à l’Angleterre par l’Acte d’Union de 1536. Il fait maintenant partie de la Grande-Bretagne. Le Pays de Galles moderne a une culture et une langue distinctes. Environ 30 % des trois millions de personnes qui vivent au pays de Galles parlent le gallois. Un bon nombre de Gallois ont immigré au Canada. Le recensement de 2016 a dénombré 474 805 personnes d’origine galloise au Canada (25 190 réponses uniques, et 449 610 réponses multiples).

Gallois patagoniens quittant l'Angleterre à destination du Canada sur le SS Numidian de la compagnie Allan, 12 juin 1902

Contexte

Il est difficile pour les historiens de déterminer le nombre exact des premiers immigrants gallois au Canada, étant donné l’étroite relation de leur pays avec l’Angleterre. Les Gallois qui sont arrivés au Canada au fil des ans ont souvent été inscrits comme Anglais ou Britanniques. Ceci est en raison du fait que le recensement canadien n’a pas toujours eu une catégorie distincte pour les immigrants gallois, comme il en avait pour les immigrants d’Irlande ou d’Écosse. Pour cette raison, les chiffres officiels sont certainement inférieurs à ce qu’ils devraient être, d’autant plus que plusieurs migrants sont partis du grand port de Liverpool.

Des documents attestent la présence de personnalités galloises éminentes assez tôt dans l’histoire du Canada. En 1612, sir Thomas Button, un officier de marine qui commande le HMS Resolution, cherche sans succès le passage du Nord-Ouest et l’explorateur Henry Hudson. En 1759, au siège de Québec, un major Gwillim sert sous les ordres du général James Wolfe. Sa fille Elizabeth Simcoe épouse plus tard le premier lieutenant-gouverneur du Haut-Canada (voir John Graves Simcoe). Le cartographe David Thompson, bien que né Anglais, est de descendance galloise. Au début du 18e siècle, les eaux côtières de l’est sont le dangereux domaine du pirate et esclavagiste Bartholomew Roberts. La population acadienne de la Nouvelle-Écosse connaît également la domination britannique sous le règne du gouverneur Richard Philipps (voir Histoire de l’Acadie).

Migration et colonisation

L’une des premières colonies galloises au Canada est établie dans le sud de la presqu’île Avalon (Terre-Neuve-et-Labrador) en 1617 par sir William Vaughan, un ardent partisan de l’expansion coloniale. Malgré l’échec de sa colonie, sir William Vaughan écrit deux livres faisant la promotion de Terre-Neuve et fournissant ainsi deux des premiers ouvrages sur l’Amérique du Nord anglaise.

En 1819, 180 migrants font le voyage du Pays de Galles jusqu’au Nouveau-Brunswick. De ce nombre, 150 migrants gallois arrivent à Fredericton et fondent plus tard la colonie de Cardigan, située tout près.

De nombreux Gallois servent dans les forces britanniques en Amérique du Nord britannique lors de la Révolution américaine, de la guerre de 1812, et des rébellions de 1837. Plusieurs d’entre eux choisissent de rester et de s’installer. Il y a également une région spécifique le long du lac Érié où un peuplement gallois absorbe les immigrants des 18e et 19e siècles.

Une deuxième cohorte d’immigration est déclenchée par la ruée vers l’or de Cariboo, en Colombie-Britannique, en 1862. Durant le 20e siècle, les modèles d’immigration galloise reflètent le flux et le reflux des dépressions économiques et des tensions mondiales. Ceci est semblable aux modèles d’immigration britannique, irlandaise et écossaise. Après avoir visité le Canada en 1899, l’homme d’État britannique David Lloyd George déclare qu’il approuve l’Ouest canadien comme étant une bonne perspective pour les immigrants. David Lloyd George, qui est premier ministre de la Grande-Bretagne de 1916 à 1922, est né en Angleterre de parents gallois et a été élevé dans sa langue galloise.

À la fin des années 1800, une troisième cohorte d’immigrants, les Gallois de Patagonie, ainsi nommés en raison de leur séjour de 35 ans en Argentine en tant que colonie galloise, se relocalisent en Saskatchewan. À peu près à la même époque, quelques fermiers américains d’origine galloise s’établissent à Wood River, en Alberta. Également durant cette période, des ouvriers gallois vivant au pays de Galles sont recrutés pour venir au Canada pour construire le nouveau chemin de fer de Crowsnest Pass, où les ouvriers font face à des conditions de travail brutales et dangereuses. Les mineurs gallois qui s’installent dans cette région ont apporté avec eux une longue histoire de syndicats et ils sont donc à l’avant-garde de la lutte pour les droits des travailleurs (voir aussi Frank Henry Sherman). En 1906, 5 018 colons gallois arrivent. L’immigration se poursuit après la Première Guerre mondiale, et encore de 1926 à 1929. Elle est également élevée en 1946 (1 294 personnes) et après la crise du canal de Suez en 1957 (2 629 personnes). Dans l’ensemble, de 1900 à 1950, plus de 50 000 Gallois immigrent au Canada.

À partir de 1960, l’immigration galloise représente un faible pourcentage de l’immigration britannique. Lors du recensement de 1961, 143 942 répondants se disent d’ascendance galloise. Lors du recensement de 1971, ce nombre chute à 74 415 (peut-être parce que beaucoup d’entre eux sont inscrits comme Anglais). En 1981, seulement 46 620 personnes (0,2 %) disent d’ascendance galloise; les Gallois ne sont pas dénombrés séparément lors du recensement de 1986, on compte 28 190 personnes (réponse unique) lors du recensement de 1991. Des 474 805 personnes vivant au Canada qui se disent d’origine ethnique uniquement ou partiellement galloise, la majorité vit en Ontario (198 470), en Colombie-Britannique (113 905) et en Alberta (80 460).

Le saviez-vous ?
L’influence de l’immigration galloise est évidente dans des noms de lieux comme Newport et Pontypool (Ontario), Cardiff (Alberta), Bangor (Saskatchewan), Lake St. David (Manitoba), Cap Prince-de-Galles (Québec), Cardigan (Île-du-Prince-Édouard), Welshpool (Nouveau-Brunswick) et St. Brides (Terre-Neuve).

Religion et langue

Historiquement, les églises communautaires galloises jouent un rôle clé dans le maintien de la langue et la culture galloises. Les immigrants de langue galloise s’établissent souvent dans des environnements canadiens britanniques. Plusieurs d’entre eux sont rapidement assimilés culturellement parce qu’ils ne parlent le gallois que le dimanche à l’église.

Il n’y a jamais eu de société nationale pour la préservation de la culture galloise au Canada. Cependant, il existe plusieurs festivals et organismes culturels gallois. La plupart des grandes villes canadiennes ont une société Saint-David, appelée ainsi en l’honneur du saint patron du pays de Galles, qui organise fréquemment des événements culturels et des cours de langue galloise, et certaines ont des chorales galloises, par exemple à Montréal, à Toronto, et à Edmonton. (Voir Musique galloise au Canada; Saint David’s Welsh Male Voice Choir.) La Saint-David, fêtée le 1er mars, est célébrée par certains Gallois canadiens, et on peut également trouver des festivals gallois traditionnels de Gymanfa Ganu et de eisteddfods, qui célèbrent la musique, les chants et la poésie.

De nombreux Gallois et Canadiens d’origine galloise ont laissé leur marque au Canada, dont les missionnaires Peter Jones et James Evans, l’artiste peintre Robert Harris, les scientifiques Stanley J. Hughes et George L. Pickard, le philosophe George S. Brett, les écrivains sir Charles G.D. Roberts et Robertson Davies, l’administrateur Leonard W. Brockington et le caricaturiste Yardley Jones.