Garnison, villes de
Les villes de garnison sont des villes où les soldats sont casernés. Habituellement, ils y sont pour la défendre, mais il arrive qu'ils s'y trouvent pour des raisons de prestige, comme dans les CAPITALES, où ils font partie de l'entourage du gouverneur. Les premières villes de garnison sont Placentia et St. John's (Terre-Neuve), Port-Royal et Canso (Nouvelle-Écosse), et Québec. Au XVIIIe siècle, LOUISBOURG, Halifax et Montréal s'ajoutent aux premières. De petites troupes sont mises en garnison périodiquement dans des centres moins importants comme Saint-Jean. Dans certains cas, une ville se développe autour d'un fort ou d'une caserne, où des troupes continuent d'être en poste même après que les fortifications soient en ruines. Montréal et Kingston font partie de cette catégorie en 1870, une fois que les garnisons impériales sont retirées du Canada, ne laissant que de petits contingents à Halifax et Esquimalt.En 1662, Plaisance (Placentia) a une garnison de 25 soldats français. Dès 1704, ils sont déjà 150, en raison de l'importante croissante de Plaisance à titre de centre de la flotte de pêche française. C'est la crainte qu'inspire cette ville de garnison qui provoque l'arrivée de la première garnison britannique à St. John's en 1696. Dès 1713, les soldats et les pêcheurs de Placentia forment le noyau de la première garnison et de la population civile de Louisbourg. À cette époque, Québec était devenue la plus importante ville de garnison au Canada depuis l'arrivée, en 1665, des quelque 1100 militaires du RÉGIMENT CARIGNAN-SALIÈRES. Plus tard, ces derniers sont remplacés par les TROUPES DE LA MARINE, qui servent aussi en Acadie. La croissance de Louisbourg, tant comme garnison que comme ville autour de la forteresse, entraîne la fondation d'Halifax comme ville de garnison britannique en 1749.
Les principales villes de garnison britanniques qui apparaissent après 1760 et se multiplient après la GUERRE DE L'INDÉPENDANCE AMÉRICAINE sont Québec, Montréal, Kingston, Niagara, York, London et Amherstburg. Avec les garnisons de St. John's, Halifax et Fredericton, elles comptent généralement 7000 soldats, leur nombre demeurant à peu près égal à celui des forces permanentes de temps de paix des États-Unis, perçus comme ennemis potentiels du Canada jusqu'en 1871.
Non seulement les villes de garnison attirent-elles des agriculteurs, des commerçants et des professionnels pour pourvoir aux besoins des soldats, mais les troupes impériales laissent des marques permanentes dans ces villes. Des marques d'autant plus bienvenues qu'elles résultent de la largesse des fonds militaires qui, souvent, dépassent même les revenus annuels du gouvernement provincial. Ces dépenses militaires servent à la nourriture, au carburant, aux fortifications, à la construction de canaux, ainsi qu'aux boissons et autres agréments des troupes. Dans leurs rapports culturels, religieux et fraternels avec les citoyens, les officiers et les soldats s'adonnent aussi à une myriade d'activités. À Montréal, par exemple, ce sont les soldats de la garnison qui lancent le sport de l'aviron sur le Saint-Laurent et qui encouragent l'escrime, le curling, le cricket, le hockey et la course d'obstacles. Ils fréquentent les loges maçonniques et orangistes, construisent les premières églises presbytérienne et anglicane de la ville et aident à la mise sur pied de la première force policière de Montréal.