George Hislop, entrepreneur, défenseur des droits des gais et des lesbiennes (né le 3 juin 1927 à Toronto en Ontario; décédé le 8 octobre 2005 à Toronto en Ontario). George Hislop a été l’un des porte-parole les plus en vue des personnes queer tout au long des années 1980, et il était connu comme le « maire officieux de la communauté gaie de Toronto ». En 1971, il a contribué à la création de la Community Homophile Association of Toronto (CHAT). Il est devenu un important défenseur des gais et des lesbiennes dans leur lutte contre le harcèlement policier et d’autres formes d’homophobie. En 1980, il s’est porté candidat pour un siège au conseil municipal de Toronto, devenant ainsi l’une des premières personnes ouvertement homosexuelles à se présenter aux élections. En 2001, George Hislop est devenu le principal plaignant d’un recours collectif contre le gouvernement fédéral, pour que l’égalité des prestations de pension fédérales soit reconnue pour les couples homosexuels. Les plaignants ont obtenu gain de cause en 2007, peu après le décès de George Hislop.
Jeunesse
George Hislop naît dans le quartier Swansea dans l’ouest de Toronto. Il est conscient de son identité gaie dès un très jeune âge et il ne le cache jamais à ses parents. Ses amis racontent plus tard qu’il a dit : « Je ne suis jamais sorti du placard parce que je n’y suis jamais allé. »
Dans les années 1940, George Hislop étudie le théâtre à l’Université de Toronto. Il travaille ensuite comme acteur de théâtre à Toronto et à Londres en Angleterre, tout en travaillant également dans un bar. De retour à Toronto en 1958, George Hislop rencontre Ronnie Shearer, qui devient son associé et son compagnon de vie.
Début du travail de défense des droits
George Hislop devient plus actif dans la défense des intérêts publics après qu’Ottawa ait décriminalisé l’homosexualité en 1969. En 1970, un an après les émeutes de Stonewall dans le Lower Manhattan, George Hislop fonde le Gay Day, un événement qui évolue et devient la Semaine de la fierté gaie à Toronto.
Lorsque la Community Homophile Association of Toronto (CHAT) est fondée en 1971, George Hislop devient le premier directeur de l’association. Bien que dotée de modestes ressources, l’association a un mandat ambitieux qui consiste à organiser des activités sociales, à envoyer des représentants prendre la parole dans les écoles secondaires, à surveiller les affaires judiciaires et à gérer un service téléphonique où des bénévoles travaillent 24 heures sur 24 pour offrir un service d’éducation au public et de soutien communautaire. L’association cherche également à faire avancer la cause de la libération des homosexuels en travaillant au sein du système juridique canadien. La CHAT a un bureau près de Yonge et Wellesley et organise des réunions publiques à la Church of the Holy Trinity. L’association devient rapidement l’organisme le plus actif du genre à Toronto.
Homme d’affaires
George Hislop exploite diverses entreprises dans le village gai de Toronto, notamment le bar Buddy’s et un restaurant appelé Crispin’s. Avec Peter Maloney, George Hislop est en partie propriétaire de The Barracks, un « sex club » à thématique BDSM situé dans le village. Ce club est une des cibles de la police lors de leurs descentes sporadiques dans les saunas gais à la fin des années 1970 et au début des années 1980. (Voir Descentes de police dans des saunas de Toronto [1981].) Suite à une de ces descentes en 1978, George Hislop est accusé d’être le tenancier d’une « maison de débauche ». Cette année-là, la police perquisitionne également les bureaux de la principale revue gaie, Body Politic, une action qui suscite des critiques de la part du maire progressiste John Sewell.
Implication en politique
En 1980, George Hislop se présente pour un siège au conseil municipal de Toronto en tant que représentant du quartier 6. Il est appuyé par la communauté queer, ainsi que par John Sewell. À l’époque, les tensions autour de la question de l’homosexualité sont fortes. Cela s’explique en partie par le fait que la police envoie des agents de sensibilisation dans les écoles secondaires dans le cadre d’un programme appelé « Cop Shop », dans lequel ils décrivent les gais et les lesbiennes comme étant des personnes « déviantes ». Lorsque des membres progressistes de la commission scolaire et du conseil municipal critiquent le programme des policiers, cela provoque une réaction négative de la part des conservateurs. Un propriétaire d’entreprise du centre-ville organise un rassemblement à l’hôtel de ville, faisant appel à la destitution des politiciens qui sont « vendus au lobby gai ».
D’autres activités policières génèrent également des frictions avec la communauté. En octobre 1979, des policiers entrent par effraction dans le domicile d’un homme noir nommé Albert Johnson et l’abattent dans sa chambre. En retour, George Hislop et Peter Maloney fondent le Right to Privacy Committee (Comité du droit à la vie privée) pour défendre les victimes des descentes dans les saunas. Le comité soutient également les appels de la communauté noire en faveur du dépôt d’accusations criminelles contre les policiers et de la création d’une commission civile chargée d’examiner les fusillades policières.
Dans ce contexte, la Toronto Police Association se montre ouvertement hostile à la campagne de George Hislop. Elle distribue une note de service à ses membres annonçant un projet spécial qui consiste à installer des pancartes de campagne pour le rival conservateur de George Hislop, Gordon Chong. La police distribue également des pamphlets dans la salle d’attente de son commissariat du quartier 6. Ces pamphlets proviendraient d’une organisation appelée League Against Homosexuals.
Dans une entrevue avec le Toronto Star, George Hislop déclare qu’il ne se considère pas comme un « détracteur de flics ». Il souligne qu’il a déjà travaillé avec la police pour aider à résoudre des problèmes au sein de la communauté. En fait, George Hislop a aidé la police à arrêter les meurtriers d’Emmanuel Jaques, un jeune cireur de chaussures de 12 ans qui a été agressé sexuellement et assassiné dans le centre-ville de Toronto en 1977, un événement qui déclenche une sérieuse panique et une indignation majeure dans la presse.
George Hislop et John Sewell perdent tous deux de peu aux élections municipales de novembre 1980. Mais la campagne de George Hislop contribue à la visibilité croissante de la communauté gaie. Elle mène également à des critiques publiques sur la persécution policière à l’encontre des personnes queer et elle renforce la visibilité publique de George Hislop. Il demeure l’un des porte-parole les plus en vue pour les personnes queer tout au long des années 1980, une décennie au cours de laquelle la communauté est secouée par de nouveaux harcèlements policiers, ainsi que par la crise du sida.
Action en justice contre le gouvernement fédéral
Lorsque son partenaire de vie Ronnie Shearer meurt en 1986, George Hislop se voit refuser les prestations du Régime de pensions du Canada que les partenaires hétérosexuels reçoivent. En 1999, le gouvernement fédéral modifie sa politique pour inclure les partenaires de même sexe, mais George Hislop demeure exclu étant donné que Ronnie Shearer est décédé 13 ans auparavant. George Hislop devient ensuite le principal plaignant dans une poursuite exigeant que les prestations de pension soient antidatées à 1985, date d’entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits et libertés. L’affaire aboutit finalement devant la Cour suprême du Canada en 2007 et obtient gain de cause, 17 mois après le décès de George Hislop.
Legs
Après le décès de George Hislop, plusieurs membres de la communauté se remémorent son esprit, son courage et son sens des médias. Il est souvent surnommé le « maire officieux de la communauté gaie de Toronto ». Un jour, George Hislop plaisante en disant qu’il n’aime pas ce surnom, déclarant : « Je suis reine depuis des années et il n’est pas question que je sois rétrogradé au rang de maire. »