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Gérard Delage

Gérard Delage, C.R., C.M., avocat, artiste, journaliste, écrivain, gestionnaire, humoriste, gastronome, œnologue et syndicaliste québécois (né le 27 septembre 1912 à Nominingue, au Québec; décédé le 24 mai 1991 à Westmount, au Québec). Avocat de formation, Gérard Delage est connu du grand public à titre de journaliste, de scripteur et d’animateur à la radio et à la télévision québécoise. Ses écrits, ses conférences publiques, ses compétences de gestionnaire et son engagement au sein de diverses associations ont contribué de manière significative au développement de l’art culinaire, de l’hôtellerie et du tourisme au Québec.
Gérard Delage

Enfance à Nominingue et études primaires

Gérard Delage grandit à Nominingue, au cœur des Hautes-Laurentides. Au début du 20e siècle, la foresterie est l’activité économique la plus importante de cette municipalité du Québec. On y trouve des bûcherons, des fermiers, des marchands, des industriels et divers professionnels. Gérard Delage est le fils et quatrième enfant d’Achille Delage, avocat et de Blanche Christin. De 1917 à 1924, il fait ses études primaires à l’école des religieuses de Sainte-Croix.

Études et début de carrière

Il débute son cours classique au Séminaire de Sainte-Thérèse, de 1924 à 1926, et le complète au Séminaire de Saint-Hyacinthe en 1932. Inscrit en droit à l’Université de Montréal, il est admis au Barreau du Québec en 1935. Il fait ensuite un voyage d’études en Angleterre et en France en 1935 et 1936. Lors de son séjour à Londres, Gérard Delage étudie l’administration, et fait de la radio à la BBC.

De retour à Montréal, il pratique le droit au cabinet Phaneuf et Poupart de 1936 à 1937, puis fonde Delage et Angers où il exerce sa profession de 1937 à 1944.

Le 13 décembre 1937, il épouse Yvette Jutras à Montréal, et de cette union naissent six enfants : Pierre, Jocelyne, Niquette, Lison, Yves et Michel.

Carrière dans le secteur des communications

Gérard Delage devient une figure marquante du monde des communications au Québec et au Canada. C’est d’abord comme comédien qu’il se fait connaître, en jouant dans des pièces de théâtre et des radioromans, puis comme lecteur de nouvelles et animateur à la radio.

Ainsi, au fil des ans, il est journaliste, rédacteur en chef du Quartier latin à l’Université de Montréal, puis pendant 35 ans, directeur de l’Hôtellerie Magazine (devenu L’Hôtellerie, puisHôtellerie et restauration) qu’il a fondé en 1954. Il publie aussi de nombreux articles pour le Dimanche-Matin, La Patrie, Le médecin du Québec, Commerce, Le monde professionnel, En Route, Les Diplômés, Le Journal de Montréal, Aventures, Le Courrier médical et L’Actualité médicale.

De 1932 à 1954, il travaille au sein de trois stations de radios montréalaise et écrits plusieurs émissions dont L’abécédaire radiophonique, Le Vieux Poulailler, La mine d’or, Le ralliement du rire, Qui suis-je?, Que feriez-vous?, Pierre Guérin, Chez le barbier et Le petit café. Il est un des créateurs de la Revue Bleu et Or à l’Université de Montréal (1933 à 1935), en écrit plusieurs textes et y joue dans diverses saynètes.

Dès la venue de la télévision en 1952, il écrit et anime des émissions télévisuelles telles Le nez de Cléopâtre (1952–1953) et La clé des champs (de 1955 à 1962). En 1985, il publie un livre intitulé Gloutons et gourmets aux Éditions La Presse.

Il est aussi conférencier auprès d’organismes littéraires et juridiques, de clubs sociaux, de chambres de commerce et de multiples associations tant au Canada qu’aux États-Unis et en Europe. C’est à titre de spécialiste en droit, en tourisme, en hôtellerie et en restauration (mais aussi pour son humour) qu’on l’invite à prendre la parole lors de grandes réceptions ou de congrès.

Conseiller

Gérard Delage est conseiller en publicité pour la radio et la télévision, entre autres, à l’agence Vickers & Benson (de 1952 à 1966). Il est aussi conseiller juridique de plusieurs organismes dont l’Union des artistes, La Société des auteurs dramatiques, l’Association des Hôteliers de la province de Québec ainsi que le Conseil de l’Hôtellerie et de la Restauration. Il conçoit, pour le Palais des Congrès de Montréal, un Guide de mets et de vins à l’usage exclusif de son Centre des congrès.

Professeur

Pendant 36 ans, Gérard Delage enseigne le droit hôtelier et diverses spécialités de l’hôtellerie dans des établissements réputés, notamment l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), dont il est le fondateur selon Pierre D. Brodeur (son directeur général de 1988 à 1996). Il prodigue aussi cet enseignement dans toutes ses chroniques de la revue L’hôtellerie et dans les divers journaux auxquels il a collaboré.

Administrateur et pionnier

De 1941 à 1954, il est président del’American Federation of Radio Artists, section Montréal, qui devient plus tard l’Union des artistes lyriques et dramatiques, puis finalement l'Union des artistes. Il s’agit de la plus longue présidence à ce jour de l’histoire de cet organisme. De 1954 jusqu’à son décès, il en est président honoraire ainsi que membre à vie.

De 1944 à 1949, il est administrateur de l’Association professionnelle des Hôteliers, puis de 1949 à 1980, il est secrétaire exécutif de l’Association des Hôteliers de la province de Québec. Il est également membre de l’exécutif de l’Association Internationale de l’Hôtellerie, de l’Association des Hôteliers du Canada de 1954 à 1979, secrétaire général du Conseil de l’Hôtellerie et de la Restauration en 1954, de même que membre fondateur et vice-président de 1961 à 1963, puis président de 1963 à 1969 du Conseil du tourisme de la province de Québec. De 1954 à 1979, il est vice-président de l’American Hotel Trade Association Executives et il est le représentant de l’Association des Hôteliers du Canada sur la scène internationale.

Gérard Delage a aussi joué un rôle important dans le développement de l’art culinaire, de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme. Il est inspirateur, au Québec, de 1954 à 1980, des premiers clubs gastronomiques et vineux, dont Les Amis d’Escoffier chapitre de Montréal, Le Club Prosper Montagné, Les Gourmets du Nord, Les compagnons de la Bonne Table, Le Club Gargantua, La Chaîne des Rôtisseurs, Les Gastronomes amateurs de poisson et Les Vignerons de Saint-Vincent. Il s’est mérité en plus de nombreux titres honorifiques, ainsi que d’autres titres vineux, gastronomiques et brassicoles.

Il participe en 1961 à la réforme de la Loi des liqueurs devenue Loi de la Régie des alcools du Québec. En 1972, il est président et organisateur du Congrès international de la gastronomie à Montréal.

Prix et distinctions

En 1934, il reçoit le Mérite universitaire de l’Université de Montréal. Membre émérite du Barreau du Québec, il est nommé conseiller de la reine (C.R.) en 1963 (les conseillers de la Reine sont des avocats nommés par la couronne).

En 1973, il est élu Prince des gastronomes par ses pairs, à l’occasion d’un grand chapitre de la Chaîne des Rôtisseurs à Montréal. À cette époque, il est membre de 13 sociétés vinicoles et de 22 confréries bachiques (il est, en autre, Grand Chevalier du Tastevin, Vigneron d’honneur de Saint-Vincent, Grand Ami d’Escoffier de New York et de Montréal, et membre à vie de l’Ordre de Bon Temps).

En 1975, il reçoit l’Ordre du mérite de l’Association des diplômés de l’Université de Montréal.

La Fondation Gérard-Delage, financée et créée par Gérard Delage avec ses amis en 1980, a pour objectif de favoriser financièrement l’avancement de la compétence et du savoir-faire dans les domaines de l’hospitalité québécoise, par l’attribution de bourses d’études ou de perfectionnement en art culinaire. De nombreuses activités de financement l’alimentent chaque année grâce à de généreux participants.

En 1989, il devient membre de l’Ordre du Canada.

En hommage à Gérard Delage, la salle à manger du restaurant de l’Hôtel de l’ITHQ avait d’abord été nommée Salle Gérard-Delage, puis Salle des banquets Gérard-Delage. En mai 2022, en l’honneur de Gérard Delage, la bibliothèque de l’ITHQ est nommée la Bibliothèque Gérard-Delage de l’ITHQ.

Lors de son décès en 1991, le ministre du Tourisme du Québec, André Vallerand, a déclaré : « on l’appelait le Prince de la gastronomie, je l’appellerais plutôt le Prince du tourisme ».