Gladys Maria Marguerite Arnold, journaliste, correspondante de guerre (née le 2 octobre 1905 à Macoun, en Saskatchewan; décédée le 29 septembre à Regina). Gladys Arnold était une journaliste basée à Paris, en France, du milieu à la fin des années 1930. Elle était la seule journaliste canadienne accréditée en France au début de la Deuxième Guerre mondiale. Après la chute de Paris aux mains des forces allemandes, elle est rentrée au Canada, où elle a dirigé la propagande du mouvement de la France libre.
Jeunesse et éducation
Gladys Arnold naît à Macoun, en Saskatchewan, d’Albert et de Florida May Arnold. Son père étant employé du Chemin de fer du Canadien Pacifique, la famille déménage souvent dans les trois provinces des Prairies, s’installant rarement longtemps au même endroit.
Gladys Arnold perd son père alors qu’elle n’a que neuf ans, et sa mère la confie à des parents et à des amis lorsqu’elle déménage dans l’est pour suivre une formation d’infirmière. La jeune Gladys passe d’un foyer à l’autre au cours des huit années suivantes, mais poursuit ses études et développe son amour des livres et de l’écriture. Elle obtient un diplôme d’enseignement en 1925 et enseigne pendant deux ans dans une école rurale de la Saskatchewan. Elle entreprend également des études commerciales à Winnipeg, au Manitoba, et obtient son diplôme en 1928.
Carrière journalistique au Canada et en Europe
En 1930, Gladys Arnold apprend, grâce à un ami, que le Leader-Post, un journal de Regina, cherche à pourvoir un poste. Elle est d’abord embauchée comme secrétaire, mais devient journaliste en six mois. En janvier 1934, elle devient rédactrice en chef de la page féminine et obtient sa propre rubrique. Les femmes journalistes sont souvent cantonnées aux questions féminines, mais Gladys Arnold traite également de problèmes sociaux et politiques dans sa rubrique « It’s a Secret, But… » (C’est un secret, mais…).
Pendant la crise économique, Gladys Arnold commence à s’intéresser à l’évolution des événements internationaux, notamment au socialisme, au communisme et au fascisme. En août 1935, à l’âge de 30 ans, elle décide de voyager en Europe. Après avoir écrit quelques articles à la pige pour le bureau de la Presse Canadienne (PC) à Londres, la journaliste devient, en 1936, correspondante à Paris à temps plein pour la PC. Elle fait également des reportages en Belgique, en Allemagne, en Australie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Suisse et en Italie, et depuis la frontière espagnole pendant la guerre civile qui y sévit (1936‑1939). (Voir aussi Bataillon Mackenzie-Papineau.) Gladys Arnold visite sa famille au Canada en août 1939, mais retourne en France dès la déclaration de la Deuxième Guerre mondiale en septembre.
Correspondante de guerre pendant la Deuxième Guerre mondiale
Lorsque Gladys Arnold arrive à Paris à la fin d’octobre 1939, elle est la seule journaliste canadienne accréditée en France. Elle est rapidement témoin de l’arrivée à Paris d’un grand nombre de réfugiés en provenance de la Belgique et des Pays-Bas. « Ce qui restera à jamais gravé dans ma mémoire, se souvient-elle plus tard, c’est le traînement lent et irrégulier des pieds et le lourd silence. »
Le 12 juin 1940, alors que les nazis avancent sur Paris, Gladys Arnold quitte la ville avec des amis en direction de Bordeaux. Ses mémoires, One Women’s War: A Canadian Reporter with the Free French (1987), décrivent les millions de réfugiés forcés d’évacuer la ville pour se mettre à l’abri et s’échapper sur des navires en attente à Bordeaux. Le 14 juin, les nazis arrivés à Paris défilent sur les Champs-Élysées.
Gladys Arnold met cinq jours pour atteindre Bordeaux qui voit sa population passer de 300 000 à deux millions de personnes. En attendant de s’embarquer sur un navire, la journaliste et ses compagnons de voyage apprennent que le gouvernement français a capitulé le 25 juin 1940. Elle dira plus tard, bien que les gens étaient en colère :
je n’ai jamais entendu un seul mot défaitiste parmi les gens ordinaires au cours de ces cinq jours. C’est une expérience qui a changé le cours de ma vie. Peu importe ce qui se passait en France, le peuple n’était pas vaincu. Dans le peuple vivait le véritable esprit français. Trahis, mal informés, les gens ont été victimes des véritables défaitistes, leurs dirigeants militaires et politiques en qui ils avaient confiance. Mais ils n’ont jamais eu peur ou n’ont jamais été vaincus dans leur esprit.
De retour en Angleterre, Gladys Arnold continue de rendre compte de la guerre à ses lecteurs canadiens. Seule journaliste francophone du service de presse de la PC à Londres, elle interviewe le général Charles de Gaulle, dont le quartier général est à Londres et qu’elle qualifie de « futur chef du gouvernement français ». Le général de Gaulle lui dit : « La France a perdu la bataille! Mais la France n’a pas perdu la guerre! ». Il lui recommande également de contacter Élisabeth de Miribel, envoyée au Canada pour promouvoir le mouvement de la France libre.
Retour au Canada
En août 1940, Gladys Arnold retourne au Canada à bord d’un navire bondé de centaines d’enfants britanniques. Pendant la guerre, des milliers d’entre eux ont été évacués vers le Canada par l’intermédiaire du Children’s Overseas Reception Board ou par des moyens privés. Depuis le bateau, la journaliste raconte le voyage des enfants. Elle évoque qu’à leur arrivée :
Le premier aperçu de la terre a suscité des cris de joie. En entrant dans le port d’Halifax, nous avons vu des centaines de personnes qui attendaient le navire. Les organisations municipales et les citoyens étaient prêts. Récupérant leurs bagages à main, les enfants s’attroupaient, certains pleurant encore, mais la plupart regardant autour d’eux avec des yeux brillants et empreints de curiosité. En les regardant partir, je me suis demandé combien de temps il leur faudrait pour retrouver leurs parents et leur pays d’origine, si jamais c’était le cas.
Service d’information de la France libre
Au Canada, Gladys Arnold travaille avec la PC, animant des causeries d’un océan à l’autre au sein de diverses organisations. Nombreux sont ceux qui veulent savoir pourquoi la France est tombée aux mains des nazis. Sur les conseils du général Charles de Gaulle, elle contacte Élisabeth de Miribel et quitte peu après son poste au sein de la PC. Le 1er octobre 1942, elle commence à travailler pour le Service d’information de la France libre (SIFL) basé à Montréal.
Des comités de la France libre sont mis en place dans des villes partout au Canada et Gladys Arnold travaille sans relâche pendant toute la durée de la guerre. Elle rencontre les membres de ces comités et sensibilise les gens à la cause du général de Gaulle et de la France libre qu’elle soutient. Elle apprend notamment par le comité d’Halifax que plusieurs équipages de la marine française servent avec les Canadiens dans le cadre d’escorte de convois depuis cette ville et depuis St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador.
Le 25 août 1944, les armées alliées entrent dans Paris. En octobre, Gladys Arnold est invitée à retourner en France pour rendre compte de la situation et des besoins de la population civile. Elle arrive à Paris à la fin de janvier 1945. Au premier coup d’œil, elle constate : « tout en haut de la tour Eiffel, flottait librement le drapeau tricolore sur le ciel pâle. J’en avais la gorge serrée ».
Gladys Arnold visite également le camp de concentration de Natzweiler-Struthof dans la région de Gau Baden-Alsace, le seul camp de concentration établi par les nazis sur le territoire de la France d’avant-guerre. C’est là qu’un de ses amis, Frank Pickersgill, trouve la mort, avec plus de 22 000 autres personnes. Le camp est libéré en novembre 1944. À Paris, elle assiste également au retour des survivants des camps de concentration. « Le souvenir de ces têtes basses et grimaçantes me remplit encore d’une rage impuissante », écrit-elle plus tard. (Voir aussi Le Canada et l’Holocauste.)