La grenouille du Nord (Lithobates septentrionalis) est un anoure de taille moyenne originaire de l’est de l’Amérique du Nord. Son aire de répartition couvre une vaste étendue dans l’est du Canada. Elle s’étend du sud-ouest du Manitoba jusqu’à la Nouvelle-Écosse à l’est, et autour de la baie James jusqu’au sud du Labrador au nord. Cette grenouille est très aquatique et se trouve généralement dans de grands plans d’eau permanents.

Description
La grenouille du Nord peut atteindre une longueur de 7,6 cm, mais la plupart des individus sont plus petits. Les femelles sont plus grandes que les mâles. Elle est brunâtre, olivâtre ou verte, avec de grandes taches ou des marbrures brun noirâtre. Les individus présentent des niveaux variables de réticulation jaune verdâtre, et certains sont très foncés, avec une réticulation bien visible. La lèvre supérieure arbore généralement une teinte allant du jaune au vert clair. Le ventre est blanc, et certains individus ont une teinte jaune pâle au menton, à la gorge et aux parties inférieures. Il peut y avoir des plis dorsolatéraux (crêtes de peau surélevées qui s’étendent le long du dos), mais ils sont souvent subtils, incomplets ou inexistants. Les pattes postérieures sont pourvues de grandes palmures qui s’étendent jusqu’à la dernière articulation du quatrième orteil (le plus long) et jusqu’à l’extrémité des autres orteils.
Les œufs de la grenouille du Nord sont de couleur brune à noire sur le dessus et jaune crème en dessous. Ils sont enveloppés de deux membranes gélatineuses. Les larves, également appelées têtards, sont brunes, brun clair, olive ou vertes, avec des taches et des marbrures foncées. Le ventre est jaune paille opaque. Le têtard de la grenouille du Nord peut atteindre une longueur de 10 cm avant de subir une métamorphose (transformation d’un têtard en grenouille juvénile).
Répartition et habitat
La grenouille du Nord est largement répandue dans l’est du Canada. Elle est présente dans le sud-ouest du Manitoba, en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans le sud du Labrador. On a répertorié des populations à Terre-Neuve, mais on croit qu’elles y ont été introduites. Aux États-Unis, son aire de répartition est relativement restreinte. Elle s’étend du nord du Maine à la partie supérieure de l’État de New York, et de la péninsule du Michigan au nord-est du Minnesota.
La grenouille du Nord vit et se reproduit dans des habitats permanents en eau froide, tels que de grandes terres humides, des étangs de castors, des baies peu profondes de lacs et des cours d’eau à débit lent. Elle a une prédilection pour les zones peu profondes, caractérisées par une végétation abondante et un sol meuble et vaseux. C’est une espèce très aquatique qui s’aventure rarement loin de l’eau. Elle passe l’hiver dans la vase au fond de plans d’eau permanents.
Le saviez-vous?
La grenouille du Nord est une espèce adaptée au froid qui prospère dans le climat frais du Canada. Contrairement à la plupart des autres amphibiens d’Amérique du Nord, elle se trouve principalement au Canada, et seule une petite partie de son aire de répartition s’étend vers le sud, jusqu’aux États-Unis.
Reproduction et développement
Au Canada, la grenouille du Nord se reproduit habituellement de juin à début août, bien que la plupart des accouplements aient lieu en juin et juillet. Le mâle lance un cri d’appel pour attirer les femelles. Ce cri consiste en une série rapide de croassements, souvent suivis d’une série de « grondements ». Il est comparable au bruit d’un marteau frappant rapidement sur du bois. La femelle dépose habituellement entre 500 et 2000 œufs, regroupés en un amas gélatineux accroché à la végétation immergée. Comme pour la plupart des espèces de grenouilles, le mâle féconde les œufs à mesure que la femelle les pond. Les œufs se développent rapidement et éclosent en larves aquatiques (têtards) environ deux semaines plus tard. La plupart des têtards subissent leur métamorphose au bout d’un an, mais certains individus peuvent passer deux hivers dans cet état. Les individus atteignent la maturité 1 à 2 ans après leur métamorphose. La durée de vie adulte de la grenouille du Nord est plutôt brève. On l’estime à 5 ou 6 ans au plus.
Le saviez-vous?
Pendant la saison de reproduction, les mâles chanteurs se montrent agressifs entre eux et se dispersent dans l’habitat. Lorsque deux mâles se rapprochent trop (c.-à-d. à moins d’un mètre), ils s’attaquent mutuellement. Ces conflits peuvent prendre la forme de poursuites, de brèves luttes, de sauts et de coups de tête.
Alimentation et prédation
La grenouille du Nord est carnivore au stade juvénile et adulte. Elle se nourrit de tout ce qu’elle peut attraper et avaler. Son régime alimentaire est très diversifié : il comprend des insectes (comme des coléoptères, des libellules, des mouches), des araignées, des gastéropodes et des limaces. C’est une prédatrice qui chasse à l’affût, c’est-à-dire qu’elle reste immobile et attend que sa proie s’approche d’elle. Quant au têtard, il est herbivore et se nourrit principalement d’algues.
La grenouille du Nord, qu’elle soit juvénile ou adulte, compte de nombreux prédateurs : des mammifères (comme le raton laveur et la moufette), des serpents, des oiseaux et d’autres anoures. Le triton vert s’attaque aux œufs de la grenouille du Nord, et les poissons, les insectes aquatiques et les sangsues mangent les têtards. La grenouille du Nord se camoufle et il est difficile de la voir lorsqu’elle flotte au milieu de la végétation aquatique. Elle se méfie des prédateurs potentiels et plonge rapidement sous l’eau au premier signe de danger. Elle produit également une sécrétion cutanée irritante, qui contribue probablement à repousser les prédateurs. Elle dégage une odeur particulière ressemblant à celle de l’oignon pourri ou du vison d’Amérique, d’où son nom anglais Mink Frog, qui signifie « grenouille vison ».

Statut et menaces
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, la grenouille du Nord est classée comme « préoccupation mineure » à l’échelle mondiale. Cette espèce est répandue et abondante dans l’est du Canada, et le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) n’a pas encore évalué son statut. La grenouille du Nord est toutefois confrontée à diverses menaces, en particulier dans la partie sud de son aire de répartition, où les densités de population humaine sont parmi les plus élevées. Ces menaces incluent la disparition de son habitat, la pollution et l’introduction ou la propagation de pathogènes, comme les ranavirus (des virus pouvant provoquer une mortalité massive chez les anoures). La peau poreuse des amphibiens et les étapes aquatiques de leur cycle de vie les rendent particulièrement vulnérables aux polluants environnementaux, tels que les pesticides, les engrais, les produits chimiques industriels et le sel de voirie. On a établi que ces produits chimiques ont un large éventail d’effets néfastes sur les grenouilles, y compris une réduction de la croissance et de la survie et des anomalies de développement.