Triton vert

Description

Le triton vert à points rouges est une salamandre relativement petite dont la longueur totale peut atteindre 14 cm. Son cycle de vie comporte habituellement quatre phases : l’œuf; la larve aquatique aux branchies; le juvénile (ou elfe rouge), qui développe des poumons et adopte une vie terrestre et l’adulte aquatique possédant des poumons. Dans certaines populations, il arrive que les individus sautent l’étape du juvénile. Ils ne développent pas de poumons à l’âge adulte, mais conservent plutôt des branchies.

L’adulte possède un dos vert olive à brun jaunâtre et un ventre jaune clair. Tout son corps, ses membres et sa queue sont couverts de mouchetures noires. Chaque œil est traversé par une ligne sombre. Le triton vert à points rouges présente deux rangées de taches rondes rouge orangé bordées de noir le long du dos. Ces caractéristiques sont moins marquées, voire absentes, chez le triton central. L’adulte a une queue en forme de pagaie, aplatie sur les côtés, avec une petite carène (une crête surélevée) sur les surfaces supérieure et inférieure. Chez certaines populations, les adultes peuvent demeurer sur la terre ferme après avoir atteint leur maturité. Ces individus ont alors un aspect plus proche de celui d’un elfe rouge que celui d’un adulte aquatique.

La larve possède des branchies externes plumeuses, une grande nageoire caudale et quatre pattes qui se développent graduellement. Sa teinte varie entre le brun clair, le brun jaunâtre et le brun verdâtre, avec des marbrures et des taches sombres. Une ligne sombre s’étend du museau jusqu’à travers chaque œil, et certains individus présentent même une ligne sombre sur le dos. À l’éclosion, la larve mesure en moyenne de 7 à 9 mm de long; elle atteint plus de 4 cm avant de se métamorphoser.

Le juvénile, ou l’elfe rouge, présente une teinte orange rougeâtre vif à brun verdâtre, et son ventre est plus pâle. Comme l’adulte, il est recouvert de mouchetures noires, et une ligne sombre traverse chacun de ses yeux. La sous-espèce à points rouges arbore généralement deux rangées de taches rouge orangé bordées de noir le long de son dos. Sa peau est plus granuleuse que celle de l’adulte et sa queue est moins aplatie.

Répartition et habitat

Au Canada, on retrouve le triton vert à points rouges de l’Île-du-Prince-Édouard à l’ouest, en passant par le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, le sud du Québec et le sud et le centre de l’Ontario, jusqu’à la rive nord-est du lac Supérieur. Quant au triton central, son aire de répartition canadienne se limite au nord-ouest de l’Ontario, à l’ouest de Thunder Bay. Au sud de la frontière, l’aire de répartition du triton vert à points rouges s’étend du Maine au sud jusqu’à la Floride et à l’ouest jusqu’au Minnesota au nord et au Texas au sud.

Le triton vert à points rouges se reproduit dans une variété d’habitats aquatiques, notamment les zones humides, les lacs, les cours d’eau à écoulement lent, les étangs, ainsi que des habitats modifiés par l’homme, comme les fossés et les canaux. Les habitats de reproduction idéaux se trouvent généralement à l’intérieur ou à proximité de zones boisées et présentent une végétation aquatique abondante. La plupart des adultes vivent dans ces habitats aquatiques tout au long de l’année. Cependant, dans certaines populations, les adultes peuvent se disperser dans la forêt environnante et adopter un mode de vie terrestre. L’elfe rouge vit dans les sous-bois forestiers et peut parcourir de longues distances sur terre. On a observé dans une population que les elfes rouges s’éloignaient en moyenne de 800 m de leur habitat aquatique. Les individus terrestres dépendent de la litière feuillue, des bûches, des souches et d’autres couvertures du parterre forestier pour créer un environnement frais et humide et une protection contre les prédateurs. Les adultes aquatiques passent généralement l’hiver sous l’eau, tandis que les elfes rouges et les adultes terrestres hibernent dans des terriers de mammifères, sous des racines et dans d’autres espaces souterrains en dessous de la ligne de gel.

Reproduction et développement

Le triton vert à points rouges se reproduit à l’automne et au printemps. Après avoir courtisé la femelle, le mâle dépose un spermatophore (un sac rempli de spermatozoïdes) que la femelle ramasse avec son cloaque (l’orifice commun des voies intestinale, urinaire et génitale). Au printemps, la femelle pond entre 80 et 450 œufs, qu’elle fixe ensuite, un par un, sur des plantes aquatiques ou d’autres structures immergées. Les œufs éclosent après trois à cinq semaines. Les larves vivent dans un milieu aquatique et respirent grâce à des branchies. Elles se métamorphosent généralement en juvéniles après deux à cinq mois. Les elfes rouges, dotés de poumons et pouvant respirer l’air, se dispersent dans la forêt environnante. Au bout d’un à sept ans, ils atteignent leur maturité et migrent à nouveau vers les habitats aquatiques pour s’y reproduire en tant qu’adultes. Cependant, chez certaines populations, les individus ne se métamorphosent pas en juvéniles, mais passent directement au stade adulte en conservant leurs branchies. Ces individus peuvent atteindre leur maturité sexuelle en moins d’un an. Le triton vert à points rouges a une espérance de vie relativement longue; certains individus peuvent vivre jusqu’à 15 ans dans certaines populations.

Le saviez-vous?
Le triton vert à points rouges a un comportement de parade nuptiale élaboré. Lorsqu’il courtise une femelle, le mâle exécute une courte danse appelée le « hula ». Si la femelle le suit et lui donne un coup de museau sur la queue, le mâle dépose un spermatophore qu’elle peut ramasser. Le mâle peut également adopter un comportement de parade nuptiale plus complexe. Dans ce cas, le mâle saisit la femelle par-derrière la tête avec ses pattes arrière. Il frotte son museau avec son visage et ses pattes avant, puis projette vers elle des sécrétions cloacales avec sa queue. Après une longue période pouvant durer plus d’une heure, le mâle commence à nager rapidement, puis il plonge et se déplace devant la femelle. Il espère qu’elle le suivra et qu’elle lui demandera un spermatophore en poussant sa queue.

Régime alimentaire et prédation

Le triton vert à points rouges est carnivore à tous les stades de son développement. L’adulte aquatique se nourrit d’une variété d’animaux, notamment d’insectes et de leurs larves, de vers, de sangsues, de mollusques, de crustacés, de petits poissons et d’autres amphibiens, y compris des œufs et des têtards. L’elfe rouge et l’adulte terrestre se nourrissent d’invertébrés trouvés sur le parterre forestier, tels que des insectes, des araignées et des mites. La larve se nourrit d’invertébrés aquatiques, tels que des insectes et leurs larves, des protozoaires (organismes unicellulaires), de petits crustacés (comme les puces d’eau) et des mollusques.

Le triton vert à points rouges produit des sécrétions toxiques immangeables pour la plupart des espèces. Ces toxines peuvent entraîner des maladies graves, voire la mort, chez les animaux qui le mangent. La coloration vive de cette espèce, aposématique, prévient les éventuels prédateurs de sa toxicité. Pour avertir un prédateur, le triton vert à points rouges adopte une posture défensive en relevant la tête et en recourbant la queue, ce qui fait ressortir les couleurs vives de son ventre. Bien qu’il soit toxique, il constitue une proie pour certaines espèces, notamment la tortue serpentine, la tortue peinte, le ouaouaron ainsi que certains insectes.

Statut et menaces

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, le triton vert à points rouges est une espèce de préoccupation mineure à l’échelle mondiale. Cette espèce est répandue et abondante au Canada, et le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada ne l’a pas évaluée. Le triton vert à points rouges peut être présent en forte densité dans certaines régions et l’elfe rouge peut parfois être observé par milliers lors de ses migrations printanières et automnales. Les menaces qui pèsent sur cette espèce incluent la perte d’habitat, la mortalité sur les routes, les pratiques forestières intensives (les coupes à blanc) et la pollution chimique (les pesticides, les engrais, les produits chimiques industriels et le sel de voirie).