Le Groupe indien des Sept, pour Professional Native Indian Artists Incorporation (PNIAI), est l’un des premiers collectifs d’artistes autochtones et groupes de défense culturels organisés et autogérés de façon indépendante au Canada. Il est créé au début des années 1970 à Winnipeg, au Manitoba. Le Groupe indien des Sept, ou PNIAI, est composé de sept peintres autochtones indépendants, soit Jackson Beardy, Eddy Cobiness, Alex Janvier, Norval Morrisseau, Daphne Odjig, Carl Ray, et Joseph Sanchez.
Bien qu’ils soient différents dans leurs styles de peinture et dans leurs origines culturelles, les fondateurs du PNIAI sont unis par leur détermination à défendre l’inclusion, la reconnaissance et l’égalité d’accès au financement de l’art. Le PNIAI a une influence formatrice et durable sur la pratique de l’ art autochtone contemporain, sur son acceptation critique, et sur l’appréciation du public. Le Groupe instaure une ère croissante d’activisme et d’autonomisation pour les artistes et les travailleurs culturels de descendance autochtone à travers le pays. Les efforts de PNIAI ouvrent la voie à des organisations artistiques ultérieures, comme la Society of Canadian Artists of Native Ancestry et le Collectif des commissaires autochtones. Il contribue également à élargir la sensibilisation nationale à l’art autochtone contemporain au Canada.
Débuts
Le groupe est à l’origine constitué d’un petit cercle d’artistes insatisfaits et frustrés par le manque de possibilités d’exposition de l’art autochtone au sein du réseau des galeries d’art contemporain. Les intérêts du groupe se transforment rapidement en critique des présomptions dominantes, qui sont à l’époque courantes au Canada, au sujet des peuples autochtones et de leur art. L’attitude générale au Canada à ce moment-là envers l’art autochtone semble être que, si l’art autochtone a déjà existé, il est maintenant chose du passé. L’art autochtone est considéré, à tort, comme étant principalement composé d’artefacts artisanaux et ethnographiques qui n’ont pas leur place dans une galerie contemporaine des beaux-arts, et qui seraient exposés de manière plus appropriée dans un musée d’histoire naturelle. (Voir aussi Art autochtone au Canada.)
Les trois membres fondateurs du PNIAI, Jackson Beardy, Eddy Cobiness et Joseph Sanchez, vivent à Winnipeg ou à proximité, en 1971. Ils rencontrent souvent Daphne Odjig de manière informelle à sa galerie et imprimerie, Odjig Indian Prints of Canada, au 331 Donald Street. Cet endroit devient un lieu de rencontre accueillant pour discuter d’art et de politique. Le groupe parle de ses aspirations professionnelles et esthétiques. Les membres comparent leurs expériences en tant qu’exclus de l’establishment des galeries d’art canadiennes, et ils racontent leurs diverses rencontres avec les barrières institutionnelles. Les artistes parlent des stratégies pour provoquer des changements. Ils décident qu’ils seraient plus efficaces en tant que collectif qu’en tant qu’individus. Ils écrivent donc à d’autres artistes autochtones à travers les pays afin de les inviter à se joindre à leur lutte pour l’autodétermination et l’avancement professionnel. Trois artistes répondent et se joignent au groupe : Alex Janvier, originaire de l’Alberta, et Carl Ray et Norval Morrisseau, originaires de l’Ontario.
Les sept membres officialisent leur association en 1972 et la nomment Professional Native Indian Artists Inc. Peu après, à la suite d’un certain nombre d’expositions collectives à succès de leurs œuvres, le journaliste Gary Scherbain les surnomme le Groupe indien des Sept, dans un article paru dans le quotidien Winnipeg Free Press. Le nom reste.
Aspirations
Le Groupe indien des Sept a des objectifs ambitieux. Les documents d’incorporation datant de 1973 soulignent l’importance d’obtenir une accréditation professionnelle pour le groupe, et pour chaque artiste individuellement. Les membres espèrent atteindre une reconnaissance à l’échelle nationale et internationale grâce à des expositions publiques dans de grands centres d’art. Le groupe prévoit utiliser une partie de l’argent recueilli par la vente de leurs œuvres pour financer des opportunités de mentorat et d’autres projets incitatifs pour les artistes autochtones jeunes ou émergents à travers le Canada. Ils espèrent créer des bourses, des prix, des fonds de bourses d’études, et d’autres programmes éducatifs pour soutenir le développement des artistes autochtones amateurs.
Le PNIAI est conscient que les expositions d’art nationales et internationales, les cours, les ateliers et les conférences sur l’art et la culture autochtones sont essentiels pour établir le type de changement culturel qu’il recherche. En conséquence, le groupe s’engage à développer des activités et des établissements éducatifs voués à l’étude de l’art et de la culture autochtones.
Beaucoup de ces objectifs se révèlent inatteignables. Toutefois, le groupe demeure déterminé à offrir un soutien moral et financier aux artistes de façon individuelle. Le PNIAI fait simultanément du lobbying pour l’art autochtone contemporain. Le soutien et les plaidoyers du groupe servent de modèle stratégique important pour les organismes artistiques autochtones créés par la suite.
Accomplissements et legs
Les artistes du Groupe indien des Sept ont exprimé leurs inquiétudes à propos de la survie des philosophies, de l’esthétisme, et du statut de nation autochtones. Ils ont fait cela à une époque où de telles idées n’étaient pas courantes ou soutenues par les principales institutions culturelles et politiques de l’époque. Le groupe a attiré l’attention du public sur le travail des artistes autochtones contemporains en utilisant des stratégies qui ont remis en question les catégorisations restrictives du monde de l’art populaire.
Bien que ses progrès aient été limités, le PNIAI, dissous en 1975, a créé un modèle de structure organisationnelle et une vision collective qui continue d’offrir du soutien et de l’inspiration aux nouvelles générations de travailleurs culturels autochtones.