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Guy Rocher

Guy Rocher, C.O., C.Q., sociologue, professeur et haut fonctionnaire (né le 20 avril 1924 à Berthierville, Québec). Acteur de la Révolution tranquille, homme d’engagement, il est considéré comme un pionnier de la sociologie au Québec.

Guy Rocher, C.O., C.Q., sociologue, professeur et haut fonctionnaire (né le 20 avril 1924 à Berthierville, Québec). Acteur de la Révolution tranquille, homme d’engagement, il est considéré comme un pionnier de la sociologie au Québec. Tant par ses recherches universitaires que par ses prises de parole et son action au sein de l’État québécois, il a joué un rôle de premier plan dans la démocratisation de l’accès à l’éducation au Québec.

Formation et carrière universitaire

Après des études classiques au Collège de l’Assomption de 1935 à 1943, Guy Rocher milite au sein de la Jeunesse étudiante catholique (JEC) à partir de 1943; y ayant développé un intérêt pour l’engagement, il préside la JEC canadienne de 1946 à 1948. Après une maîtrise à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval – alors dirigée par le père Georges-Henri Lévesque, qui l’encourage à mener une carrière universitaire –, il obtient en 1958 un doctorat en sociologie de l’Université Harvard.

Professeur à l’Université Laval dès 1952, il dirige le Département de sociologie de l’Université de Montréal de 1960 à 1965 et y occupe le poste de vice-doyen de la Faculté des sciences sociales de 1962 à 1967. Au cours de l’année 1968-1969, il séjourne comme associé de recherche à l’Université de Californie à Berkeley, où il termine la rédaction des trois tomes de son Introduction à la sociologie générale, un ouvrage incontournable qui initiera à cette discipline des générations d’étudiants.

De nouveau à Montréal en 1969, il retourne enseigner au Département de sociologie de l’Université de Montréal et il est nommé vice-président du Conseil des arts du Canada, une fonction qu’il occupe jusqu’en 1974. À compter de 1979, il est professeur associé au Centre de recherche en droit public de la Faculté de droit de l’Université de Montréal, où il poursuit des recherches en sociologie du droit et en sociologie de l’éthique et s’intéresse aux autres modes de régulation sociale.

Commission Parent

À la fois intellectuel et homme d’action, Guy Rocher est nommé en 1961 membre de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (mieux connue sous le nom de Commission Parent). La Commission, qui est chargée de planifier la réforme du système d’enseignement du Québec (voir Organisation de l’éducation), conduira à la création du ministère de l’Éducation du Québec en 1964 et à celle des collèges d’enseignement général et professionnel (CEGEP) en 1967. À la même époque, Guy Rocher est président du Comité d’étude pour la création de l’Université du Québec à Montréal (1965-1966) et membre du Groupe de travail MacDonald sur la recherche universitaire au Canada (1967-1974).

Haut fonctionnariat

Poursuivant au début des années 1970 des recherches en sociologie de l’éducation, Guy Rocher accepte d’ouvrir deux parenthèses dans sa vie académique pour œuvrer au sein du gouvernement du Québec comme secrétaire général associé au Conseil exécutif, puis comme sous-ministre au Développement culturel (1977-1979) et au Développement social (1981-1982). À ce titre, il participe à l’élaboration de la politique linguistique (Livre blanc et Charte de la langue française en 1977), de la politique culturelle (Livre blanc en 1978) et de la politique en matière de recherche scientifique du Québec (Livre vert en 1979, suivi du Livre blanc en 1980).

Publications

Auteur de plus de 20 livres et 200 articles, chapitres d’ouvrages collectifs, études et documents de travail (dont Le Rapport Parent, 1963-1966), Guy Rocher est très présent dans les médias et prononce de nombreuses conférences au Canada comme à l’étranger. Parmi ses publications les plus marquantes, on compte l’Introduction à la sociologie générale (1969), traduite en six langues et primée par la Fédération canadienne des sciences sociales, l’ouvrage synthèse Talcott Parsons et la sociologie américaine (1972), plusieurs essais sur la modernisation du Québec regroupés dans Le Québec en mutation (1973) ainsi qu’un ouvrage colligeant ses Études de sociologie du droit et de l’éthique (1996).

Engagement social et héritage

Sociologue engagé, Guy Rocher n’hésite pas à descendre dans l’arène politique lorsqu’une question lui tient à cœur. À la retraite depuis 2010, le professeur émérite de l’Université de Montréal appuie publiquement le mouvement étudiant dans sa grève du printemps 2012, rappelant que l’abolition des droits de scolarité est une position qu’avait adoptée la Commission Parent. En 2014, il se prononce en faveur du projet de Charte des valeurs québécoises, estimant que la laïcisation de l’État est la suite logique de la Révolution tranquille. En outre, il s’exprime régulièrement sur l’éducation dans les pages du quotidien Le Devoir.

En 2013, à l’occasion des célébrations entourant le 50e anniversaire du dépôt du Rapport Parent, le ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Québec a voulu souligner sa contribution et celle de Paul Gérin-Lajoie, premier titulaire du ministère de l’Éducation du Québec, au développement du système québécois d’enseignement supérieur. Le gouvernement du Québec a donc créé les prix Paul-Gérin-Lajoie et Guy-Rocher, qui récompensent la qualité de l’enseignement collégial et universitaire. Ces prix ont été attribués pour la première fois en 2014.

Prix et distinctions

Compagnon de l’Ordre du Canada (1971)

Foreign Honorary Member (membre honoraire étranger), American Academy of Arts and Sciences (1973)

Prix pour « contributions exceptionnelles », Société canadienne de sociologie et d’anthropologie (1989)

Prix Marcel-Vincent, Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (1989)

Chevalier de l’Ordre national du Québec (1991)

Médaille Pierre-Chauveau, Société royale du Canada (1991)

Prix Léon-Gérin, Les Prix du Québec (1995)

Doctorat honoris causa (droit), Université Laval (1996)

Doctorat honoris causa (sociologie), Université de Moncton (1997)

Prix Molson, Conseil des arts du Canada (1997)

Prix Esdras-Minville, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (1998)

Médaille Sir John William Dawson (pour une œuvre interdisciplinaire), Société royale du Canada (1999)

Doctorat honoris causa (sciences humaines), Université du Québec à Montréal (2002)

Prix Condorcet-Dessaulles, Mouvement laïque québécois (2009)

Prix pour services émérites, Association canadienne des professeures et professeurs d’université (2009)

Prix Jacques-Parizeau, Intellectuels pour la souveraineté (2011)

Prix Hommage, Fédération autonome de l’enseignement (2012)

Voir également Histoire de l’éducation.