Hamel, Théophile
Théophile Hamel, peintre (Sainte-Foy, Qc, 8 nov. 1817 -- 23 déc. 1870). Nommé portraitiste officiel du gouvernement en 1853, Hamel est considéré comme peintre national par les journalistes de l'époque, et est, tout au long de sa carrière, l'un des peintres les plus populaires auprès des politiciens, des notables et du clergé.Son apprentissage chez le peintre Antoine Plamondon, à Québec, de 16 à 22 ans, lui donne l'habileté nécessaire pour brosser des portraits de haute qualité. Ses oeuvres de jeunesse (Autoportrait dans un paysage, Célina et Rosalvina Pelletier) montrent qu'il peut, tout comme son maître, maîtriser les audaces chromatiques, les reflets et le rendu des beaux tissus. Il semble que sa nature paisible l'oriente cependant vers un art plus sobre, que son séjour en Italie (de 26 à 29 ans) lui permet d'atteindre par l'observation des oeuvres de celui qu'il admire le plus, le Titien. Parti pour l'Europe en 1843, il étudie à Rome, visite ensuite la France et la Belgique avant de revenir à Québec (1846) et d'y ouvrir un atelier. En 1847, il s'installe à Montréal pour deux ans et demi après quoi il fixe définitivement sa résidence à Québec.
Étant donné le peu de moyens de communication disponibles au XIXe siècle, les membres des classes supérieures font appel aux talents des artistes pour se faire connaître et étendre leur influence auprès de leur ouailles (membres du clergé), de l'électorat (politiciens) et de leur collègues ou clients (professionnels). Inspiré par l'art du Titien, Hamel développe un style qui convient parfaitement aux aspirations des membres des professions libérales. La dignité des personnages du Titien lui fournira, en fait, l'ultime composante de son style. Ses portraits empreints d'austérité et à l'occasion d'une touche luxueuse ont en quelque sorte adapté la manière du Titien au contexte canadien. Hamel crée une intéressante galerie de personnages historiques dont font partie notamment Jacques Cartier, Champlain et le général James Murray. Il réalise, en outre, une imposante série de portraits d'hommes politiques de la Province du Canada, dont plusieurs étaient déjà décédés à l'époque, série maintenant exposée dans l'édifice central du Parlement canadien, à Ottawa. Plusieurs hommes politiques de Québec, de Kingston, de Montréal et de Toronto font par ailleurs appel à ses talents. De nombreux évêques catholiques et protestants, des grands vicaires, des fondateurs de communautés religieuses et des prêtres posent également pour Hamel. Plusieurs avocats, notaires, médecins ainsi que des commerçants lui commandent un portrait seul ou avec leur femme et leurs enfants sur des toiles distinctes. Si l'on fait exception des enfants, Hamel ne peint jamais plus d'un personnage sur une même toile.
Sur le plan social, Hamel s'élève en quelques années du milieu rural agricole au plus haut niveau des professions libérales alors que ses frères n'ont pas dépassé le monde du commerce. À l'aise sur le plan financier, capitaine de milice, membre de l'Institut canadien, il fréquente les personnages les plus importants de l'époque comme F.X. Garneau, P.J.O. Chauveau et Octave Crémazie.
Hamel a inspiré d'autres artistes, notamment son élève Napoléon Bourassa, l'un des plus importants artistes du XIXe siècle.
En plus de leur valeur artistique, les tableaux de Hamel possèdent une valeur documentaire inestimable pour mieux connaître la société canadienne du milieu du XIXe siècle, puisque plusieurs de ses modèles n'ont laissé aucune photographie d'eux-mêmes et de leur famille. Chaque portrait nous montre ce qu'un membre des classes dirigeantes pense de lui-même et comment il souhaite être perçu par la population.