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Incendies ravageurs au Canada

Les incendies catastrophiques peuvent être dus à des incendies criminels, à des accidents ou à des feux de forêt hors de contrôle. Leur impact peut se traduire par des pertes de vies humaines, par l’évacuation de gens et par des dommages matériels. Chaque année au Canada, de nombreux incendies surviennent, en particulier des feux de forêt; cet article présente les pires incendies survenus au cours de l’histoire du pays.

L'incendie de St. John's

Incendies dans les villes

De nombreuses villes connaissent des incendies catastrophiques, en particulier au 19e siècle qui est une époque où les immeubles surpeuplés et facilement inflammables sont très nombreux, et avant l’avènement des conduites d’eau modernes, des pompes et des brigades de pompiers professionnels. Dans la ville de St. John’s à Terre -Neuve, trois incendies (le 12 février 1816 et les 7 et 21 novembre 1817) forcent 2600 personnes (sur une population totale de 10 000 habitants) à quitter leur domicile. Un autre incendie, le 9 juin 1846, rase la plus grande partie de la ville qui n’est encore qu’une poudrière. La ville est reconstruite avec davantage de pierres et de coupe-feu. Néanmoins, un incendie balayé par le vent détruit la ville à nouveau les 8 et 9 juillet 1892.

La ville de Québec connait deux incendies, le 28 mai et le 28 juin 1845, qui tuent au moins 23 personnes et laissent de 15 000 à 18 000 personnes sans domicile. La vieille ville fortifiée et la Basse-Ville sont épargnées, mais la ville qui survit à l’incendie est plus petite que lorsque James Wolfe l’a conquise 86 ans auparavant. La ville est rebâtie avec plus de pierres et des rues plus larges. Cependant, par souci d’économie, la ville lésine sur l’équipement de lutte contre les incendies et, en 1866, elle réduit la taille de la brigade de pompiers. Le 14 octobre 1866, un incendie poussé par des vents violents détruit complètement plus de 2000 foyers, fait 5 morts et laisse de 18 000 à 20 000 personnes sans domicile. Une fois de plus, la vieille ville fortifiée et la Basse-Ville sont épargnées.

La ville de Saint John au Nouveau-Brunswick connait des incendies majeurs en 1837 et en 1839. Malgré des normes de construction plus sévères, un incendie détruit les deux tiers de la ville le 20 juin 1877, laissant 15 000 personnes sans domicile.

Un incendie détruit Saint-Jean

Feux de forêt

En moyenne, environ 6000 feux de forêt surviennent au Canada chaque année. Bien que les feux de forêt soient un élément naturel et important de l’écosystème forestier, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses lorsqu’ils empiètent sur les habitations humaines. Au cours de l’histoire du Canada, plusieurs feux de forêt détruisent de grandes quantités de bois d’œuvre et de propriétés, et font de nombreuses victimes. L’incendie de Miramichi, qui commence le 5 octobre 1825 après un été sec, dévaste quelque 15 500 km2 de territoire au nord de la rivière Miramichi au Nouveau-Brunswick, détruisant les villes de Douglastown et de Newcastle. Le nombre de morts est estimé entre 200 à 500 personnes. Le commerce du bois d’œuvre de la région est perturbé pendant de nombreuses années, mais l’incendie stimule le développement forestier dans d’autres régions de l’Amérique du Nord britannique.

Minute du patrimoine : Le feu du Saguenay
Le 18 mai 1870, un brûlage contrôlé dans la région du SaguenayLac Saint-Jean se transforme en un violent feu de forêt lorsque le vent se lève. Le feu se propage rapidement dans toute la région et détruit les communautés sur son passage. Sept personnes meurent, de nombreuses autres sont blessées et des milliers de familles se retrouvent complètement démunies.
Plusieurs feux de forêt désastreux ravagent le nord de l’Ontario. En juillet 1911, par exemple, un feu de forêt frappe la ville de Cochrane et ses environs, tuant au moins 73 personnes. Quelques années plus tard, le 29 juillet 1916, cette région est de nouveau touchée par un feu de forêt qui prend des proportions encore plus désastreuses; l’incendie de Matheson est le résultat de nombreux petits brasiers provoqués par la foudre et par les étincelles des roues de locomotives qui, combinées, se transforment en une tempête de feu. Un mur de flammes frappe Cochrane, Matheson et les régions environnantes, brûlant les deux villes et tuant au moins 228 personnes.



Bien que les techniques modernes de détection et de lutte contre les incendies et les évacuations par voie aérienne signifient que les feux de forêt ne font en général plus un nombre aussi considérable de morts, ils continuent de dévaster les propriétés et les paysages urbains. Durant l’été 1989, par exemple, des feux de forêt ravagent le nord du Manitoba, forçant l’évacuation d’environ 25 000 personnes issues de 25 communautés. De plus, les feux de forêt de 1989 ne se limitent pas au Manitoba, ce qui en fait l’une des pires saisons de feux de forêt dans l’histoire du Canada.

L’été 2003 est également particulièrement catastrophique en termes de feux de forêt, avec plus de 50 000 personnes évacuées de différentes communautés dans le sud-est de la Colombie-Britannique et dans le sud-ouest de l’Alberta. En 2009, à Kelowna, Kamloops et Cariboo, des régions de la Colombie-Britannique, une combinaison de conditions sèches et d’orages électriques mène à de multiples incendies, à l’évacuation d’environ 20 000 personnes et à la mort d’un pilote d’hélicoptère.

Feu de forêt à Slave Lake

En mai 2011, des conditions sèches et de forts vents causent la propagation rapide d’un feu de forêt près de Slave Lake en Alberta. La ville de 7000 habitants est évacuée; à leur retour, les résidents découvrent que le tiers de leurs demeures et de leurs entreprises a été incinéré. Avec des dommages assurables qui s’élèvent à 700 millions de dollars, cet événement est l’une des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l’histoire canadienne. Un pilote d’hélicoptère de lutte contre les incendies perd la vie à la suite d’un écrasement dans le Petit lac des Esclaves.

Cinq ans plus tard, en mai 2016, un autre feu de forêt menace une région très peuplée de l’Alberta, cette fois autour de la municipalité régionale de Wood Buffalo, dont Fort McMurray est la plus grande communauté. À cette époque, les températures dans la région atteignent parfois 30 °C, tandis que le degré d’humidité descend jusqu’à 15 %. Ces conditions sèches alimentent l’incendie qui se déclenche au sud-ouest de la ville et qui franchit ensuite la rivière Athabasca pour menacer les communautés de la rive nord-ouest de la rivière. L’incendie couvre finalement 500 000 hectares et il force plus de 80 000 résidents à quitter leur domicile, détruisant 2400 structures, soit environ 10 % de Fort McMurray. L’incendie oblige également les producteurs de sables bitumineux à réduire temporairement ou cesser leurs opérations. Les compagnies d’assurance estiment que les dommages causés par le feu s’élèvent à 3,7 milliards de dollars en pertes assurées, ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus coûteuse pour les assureurs dans l’histoire canadienne. Une étude de 2017 réalisée à l’Université MacEwan estime que les coûts directs et indirects de l’incendie atteignent un total de 9 milliards de dollars ou plus.

Feu de forêt à Fort McMurray, 2016

À ce jour, la saison des feux de forêt de 2023 est la plus destructrice au Canada. Plus de 6000 feux de forêt brûlent au moins 15 millions d’hectares de terres en 2023, ce qui entraine une zone de destruction dont l’étendue est plus grande que l’Angleterre. À la mi-juillet, 29 méga-incendies font rage, chacun couvrant une bande de terre de plus de 100 000 hectares. La fumée de ces feux de forêt atteint une grande partie de la côte est américaine, y compris la ville de New York, et elle traverse même l’Atlantique et peut être observée en Europe. Les experts affirment que cette saison record de feux de forêt est attribuable aux conditions météorologiques extrêmes, aux températures élevées et aux conditions sèches causées par le changement climatique.

L’année suivante, un incendie dévastateur consume environ un tiers de la ville de Jasper. Signalés pour la première fois le 22 juillet 2024, trois feux de forêt plus petits fusionnent en raison de vents violents et deviennent difficiles à contrôler. On estime que 358 des 1113 structures de la ville sont détruites. Ce n’est que le 7 septembre 2024 que le complexe de feux de forêt de Jasper est déclaré officiellement maitrisé. Les températures élevées liées au changement climatique, les vents violents et les changements du paysage causés par l’invasion du dendroctone du pin ponderosa sont les principales causes de cette catastrophe (voir aussi Quatre insectes nuisibles majeurs des forêts canadiennes).

Feu de forêt à Fort McMurray, 2016

Autres incendies désastreux

L’incendie de bâtiment le plus meurtrier survenu dans ce qui est aujourd’hui le Canada ravage l’auberge des Chevaliers de Colomb de St. John’s à Terre-Neuve, le 12 décembre 1942. Un pyromane met le feu au bâtiment alors qu’il est bondé de militaires et de leurs compagnons. Cette auberge est un nid à feu; les portes s’ouvrent vers l’intérieur, les sorties sont restreintes et il n’y a pas de système d’éclairage de secours. En l’espace de 5 minutes, 99 personnes sont brûlées vives et 100 personnes sont gravement blessées. La principale caserne de pompiers n’est qu’à 180 m de l’auberge, mais l’immeuble brûle avant l’arrivée des pompiers.

L’incendie du paquebot de croisière Noronic dans le port de Toronto, durant la nuit du 17 septembre 1949, coûte la vie à 118 personnes. Le feu, qui est apparemment dû à une combustion spontanée dans un placard, se déclare à 2 h 30 du matin alors que les passagers sont endormis et que moins de 20 membres de l’équipage se trouvent à bord; le feu est déjà bien avancé avant qu’il ne soit découvert. Parmi les facteurs qui contribuent à l’incendie, on compte l’absence d’alarmes automatiques, un manque de directives de la part des officiers et la panique des passagers.

Le 9 janvier 1927, un incendie mineur éclate au Laurier Palace Theatre à Montréal. Les pompiers arrivent sur les lieux en moins de deux minutes et le feu est éteint en dix minutes, mais dans la panique pour s’échapper de l’immeuble surchargé, de nombreux enfants s’entassent au pied des escaliers; 12 d’entre eux sont écrasés à mort et 64 meurent d’asphyxie. De plus, un incendie meurtrier se produit à Chapais au Québec, le 31 décembre 1979, lorsqu’un homme qui joue avec un briquet dans un club social déclenche un incendie qui fait 44 victimes.

Toujours au Québec, le 23 janvier 2014, un incendie éclate dans une résidence pour personnes âgées à L’Isle-Verte, une ville d’environ 1500 habitants située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Les premiers rapports suggèrent que le feu a commencé après qu’un résident se soit vu refuser le droit de sortir dehors pour fumer une cigarette. Sur les 52 personnes âgées vivant dans la résidence, 32 meurent. Cet incendie est considéré comme l’un des pires à s’être produit dans une résidence pour personnes âgées dans l’histoire canadienne. En 1969, à Notre-Dame-du-Lac, un autre incendie dans une résidence pour personnes âgées a fait 54 morts.

Feu de forêt à Fort McMurray, 2016

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