Harold Adams Innis, M.S.R.C., économiste politique, pionnier des études en communications et président de la Société Royale du Canada (SRC) en 1946-7 (né le 5 novembre 1894 à Otterville, en Ontario; décédé le 8 novembre 1952 à Toronto, en Ontario). Les premiers écrits de Harold Innis sur l'économie et l'histoire de l'économie font naître une approche proprement canadienne de ces sujets. Ses dernières tentatives d'analyse de la crise dans la civilisation occidentale amènent une nouvelle prise de conscience de l'importance des différents modes de communication pour la compréhension de la nature d'une société et de son développement.

Éducation
Vétéran de la Première Guerre mondiale, Innis étudie à l'Université McMaster et à l'Université de Chicago. Le choix d'un sujet de thèse canadien, une histoire du Canadien Pacifique (CP), est la première étape d'une réorientation de plusieurs domaines d'étude se rapportant au Canada, particulièrement en sciences sociales.
Carrière
En 1920, Harold Innis entre au département d'économie politique de l'Université de Toronto, où il restera jusqu'à sa mort. Pendant les années 1920, il est de plus en plus déçu, parce qu'il croit que les chercheurs formés en Angleterre et aux États-Unis, qui sont les plus influents dans les universités canadiennes, appliquent des modèles inadéquats à leur analyse de l'économie canadienne.
La première œuvre importante de Harold Innis, The Fur Trade in Canada (1930), établit sa réputation et introduit la théorie des principales ressources en matière de développement économique. Harold Innis s'oppose aussi à l'école continentaliste et, contrairement aux principes du continentalisme, affirme que les frontières politiques du Canada sont l'aboutissement logique de l'histoire économique du Canada.
Nommé directeur du Département d'économie politique de l'Université de Toronto en 1937, Harold Innis continue à travailler à sa deuxième étude importante, The Cod Fisheries (1940). Bien qu'il ait de la difficulté à trouver un éditeur compétent à cause de son style lourd, cet ouvrage le place au premier rang des historiens de l'économie dans le monde. Alors que The Fur Trade a marqué l'écart entre le Canada et les États-Unis, The Cod Fisheries souligne les racines européennes du Canada.
Durant les années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale, Harold Innis relève le défi de défendre l'intégrité des universités et des bourses, qu'il voit menacées par l'atmosphère générale de crise. Il participe à la création d'associations telles que l'Association canadienne de science politique et l'American Economic History Association. Il utilise ses relations et son prestige pour assurer le financement de la recherche canadienne.
De façon plus controversée, Harold Innis s'oppose vigoureusement aux efforts de ses collègues enseignants, comme F. H. Underhill, qui sont impliqués dans la League for Social Reconstruction (LSR). Par son attitude et ses efforts à ce sujet, il est dans une large mesure responsable du désintéressement et de l'absence d'implication politique de la communauté enseignante canadienne contemporaine.
La réputation d'érudit de Harold Innis lui vaut une invitation en Union soviétique en 1945. Sa publication posthume, Russian Diary, montre sa profonde inquiétude au sujet des problèmes de la civilisation occidentale. En attirant l'attention sur l'impact des médias de communication sur l'étendue et la durée d'une civilisation, les recherches de Harold Innis sur les communications couronnent toute une vie passée à essayer d'expliquer la pénétration mutuelle du Canada et de la civilisation occidentale.
Harold Innis exprime ses inquiétudes en 1947, dans son message présidentiel à la Société royale du Canada (SRC), intitulé « La chouette de Minerve », bien que ses arguments soient peu compris à cette époque. Il constate que l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord sont en crise profonde. Cette crise est aggravée, car les médias de communication les plus importants encouragent une fixation obsessionnelle sur le présent, qui empêche les politiciens et les chercheurs de comprendre les circonstances de la crise et de trouver un remède approprié aux problèmes qui s'ensuivent.
Harold Innis continue ses recherches au milieu de responsabilités administratives de plus en plus lourdes. En 1947, il devient doyen des études supérieures de l'Université de Toronto et visite en 1948 l'Angleterre pour donner des conférences (les Beit Lectures) dont le contenu fera plus tard partie de l'ouvrage Empire and Communications (1950). Cette étude synoptique de l'Égypte ancienne jusqu'au temps présent explore le thème de la relation entre la vitalité et la stabilité des pays et des empires et leurs modes de communication dominants. Ce thème l'occupait encore au moment de sa mort.
Héritage
Harold Innis a eu peu d'adeptes durant sa vie, mais depuis sa mort, nombreux sont ses admirateurs venus de différentes disciplines, depuis Marshall McLuhan en communications jusqu'aux marxistes canadiens intéressés à son étude de l'interdépendance entre l'économie, la politique et la société. Toutefois, peu de ses disciples ont eu le courage et la capacité de le suivre dans le vaste champ de ses lectures et de ses théories.
(Voir aussi Mary Innis; Anne Innis Dagg.)