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Irving Layton

​Irving Peter Layton (né Israel Lazarovitch), O.C., poète, nouvelliste, essayiste, professeur (né le 12 mars 1912 à Tirgu Neamţ en Roumanie; décédé le 4 janvier 2006 à Montréal au Québec).

Layton, Irving
La satire de Layton est généralement dirigée contre la médiocrité de la bourgeoisie (photo de Lawrence Eddy).

Irving Peter Layton (né Israel Lazarovitch), O.C., poète, nouvelliste, essayiste, professeur (né le 12 mars 1912 à Tirgu Neamţ en Roumanie; décédé le 4 janvier 2006 à Montréal au Québec). Officier de l’Ordre du Canada et lauréat du prix du Gouverneur général, Irving Layton est reconnu, aussi bien au Canada qu’à l’étranger, comme un poète controversé, prolifique et révolutionnaire à l’expression protéiforme.

Jeunesse et formation

Irving Layton émigre avec sa famille à Montréal alors qu’il n’a pas encore un an. En 1939, il obtient un baccalauréat ès sciences en agriculture au collège MacDonald de l’Université McGill. Il sert brièvement, entre 1942et 1943, dans l’armée canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale. En 1946, il obtient une maîtrise en économie et sciences politiques à l’Université McGill. Après son diplôme, Irving Layton donne des cours particuliers à des nouveaux immigrants, enseigne au secondaire à l’école Herzliah, un externat juif affilié à l’association United Talmud Torahs of Montréal, où il a comme élève Moses Znaimer, futur visionnaire de la télévision, et enseigne à temps partiel à l’Université Sir George Williams, devenue depuis l’Université Concordia, où il occupe ultérieurement un poste à temps plein.

Évolution d’un poète

Alors qu’il est encore à l’école secondaire, Irving Layton rencontre David Lewis, le futur député et bâtisseur du Nouveau Parti démocratique. (David Lewis est le père de Stephen Lewis, militant en vue de la lutte contre le sida, et le grand-père du producteur, réalisateur et journaliste Avi Lewis.) David Lewis contribue à susciter chez Irving Layton un intérêt pour la politique et les théories sociales, l’incitant à lire Karl Marx et Friedrich Nietzsche. Mais, surtout, c’est lui qui présente l’un à l’autre Irving Layton et le poète Abraham Moses Klein; ce dernier, également professeur de latin, éveille chez Irving Layton le goût pour la poésie.

Au collège, Irving Layton est l’un des nombreux poètes montréalais, au nombre desquels John Sutherland, Raymond Sousteret Louis Dudek, convaincus qu’ils sont en train de réaliser une révolution contre le romantisme insipide ayant inspiré les poètes de la génération précédente. Irving Layton théorise la poésie en indiquant qu’elle doit être « vitale, intense, subtile et dramatique », ses propres œuvres illustrant très largement cette description.

Entre 1942 et 1945, Irving Layton publie ses premiers poèmes dans First Statement, une revue éditée par John Sutherland. Il continue ensuite à faire partie du conseil éditorial de Northern Review, la revue créée par la fusion de First Statement et de Preview en 1945. En 1952, il aide Louis Dudek et Raymond Souster à fonder Contact Press, une coopérative d’édition pour les poètes canadiens.

Parmi les poètes qui émergent à Montréal durant cette période, Irving Layton est certainement le plus libre dans son expression et le plus flamboyant. Ses œuvres satiriques sont généralement dirigées contre la vie sans éclat des bourgeois et ses célèbres poèmes d’amour sont explicitement érotiques.

Le premier recueil d’Irving Layton, Here and Now, est publié en 1945. Par la suite, il publie plusieurs volumes de poèmes d’une diversité de thèmes et d’une richesse d’expression inhabituelles et quelques volumes en prose. Ces œuvres comprennent : Now Is the Place, en 1948; The Black Huntsman, en 1951; Cerberus, avec Louis Dudek et Raymond Souster, en 1952; Love the Conqueror Worm en 1953; In the Midst of My Fever, en 1954; A Laughter in the Mind, en 1958; A Red Carpet for the Sun, en 1959; Balls for a One-Armed Juggler, en 1963; The Laughing Rooster, en 1964; Periods of the Moon, en 1967; The Shattered Plinths, en 1968; Engagements: The Prose of Irving Layton, en 1972; Lovers and Lesser Men, en 1973; The Pole-Vaulter, en 1974; Seventy-five Greek Poems, en 1974; For My Brother Jesus, en 1976; The Covenant et Taking Sides: The Collected Social and Political Writings, en 1977; Droppings from Heaven, en 1979; The Gucci Bag, en 1983; Una Nuova Glaciazione, en 1985; Dance with Desire, en 1986; et un recueil, Final Reckoning: Poems 1982–86, en 1987. Fortunate Exile, son 47e livre, paru en 1987, contient des poèmes déjà publiés à propos des juifs.

Le premier volume des mémoires d’Irving Layton, Waiting for the Messiah, est publié en 1985.

Succès

A Red Carpet for the Sun, publié en 1959, marque le début d’une longue association entre Irving Layton et l’éditeur McClelland and Stewart. Il s’agit également de l’une des œuvres d’Irving Layton qui remporte un prix du Gouverneur général. L’ouvrage comprend des poèmes repris parmi douze des précédents recueils du poète et contient plusieurs de ses œuvres les plus marquantes : The Birth of Tragedy, The Cold Green Element, et Berry Picking. Il inclut également un avant-propos, dans le plus pur style de l’auteur qui ne fait pas dans la demi-mesure, dans lequel il fustige les autres poètes, les traitant de « bavards insupportables » et se décrivant lui-même comme ayant une « oreille impeccable pour le rythme ».

Au faîte de sa gloire, Irving Layton est le poète le plus célébré au Canada. Avec Al Purdy, Margaret Avison et Michael Ondaatje, il est l’un des rares poètes canadiens à s’attirer une réputation internationale. En 1967, Irving Layton reçoit un prix du Conseil des arts du Canada grâce auquel il voyage en Israël, en Grèce, en Inde et au Népal. Il est poète en résidence dans plusieurs universités canadiennes et professeur d’anglais à l’Université York de 1969 à 1978. Irving Layton est sélectionné par l’Italie et par la Corée pour le prix Nobel en 1981. Tout au long de sa carrière, il excelle dans des lectures mémorables de ses propres vers dont un certain nombre ont d’ailleurs été enregistrées.

Irving Layton reste un auteur prolifique jusque dans les années 1990 au cours desquelles on diagnostique chez lui une maladie d’Alzheimer dont il décédera. En 1989, il publie A Wild Peculiar Joy: Selected Poems 1945–89, une version augmentée de A Wild Peculiar Joy: Selected Poems 1945–82.

Même durant la dernière décennie de sa vie, sa poésie continue d’inspirer aussi bien les louanges que l’indignation et les critiques. En 1993, Henry Beissel et Joy Bennett compilent une importante étude critique intitulée Raging Like a Fire: A Celebration of Irving Layton. En 1995, Francis Mansbridge, qui a dirigé la publication des lettres d’Irving Layton, publie une biographie du poète intitulée Irving Layton: God's Recording Angel. En 2004, Sam Solecki dirige une nouvelle édition de A Wild Peculiar Joy: Selected Poems.

Héritage

Célèbre pour la générosité avec laquelle il accorde son temps à de jeunes poètes, Irving Layton a exercé une influence majeure sur Leonard Cohen, Eli Mandel et Al Purdy. En 1999, David, le fils d’Irving Layton, suscite un regain d’intérêt et de nouvelles controverses à propos de son père avec le regard peu flatteur qu’il porte sur le poète dans Motion Sickness: A Memoir. Sa narration révèle les sentiments conflictuels envers un père célèbre et Irving Layton y est présenté sous un angle inédit, lui qui est connu pour son égoïsme et sa façon méprisante de traiter les femmes, notamment ses cinq épouses. L’Histoire dira si ces révélations sur la biographie et la personnalité d’Irving Layton éclipseront son héritage poétique.

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