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Jacques Francoeur

Jacques Gervais Francoeur, C.M., journaliste, homme d’affaires et philanthrope (né le 15 mai 1925 à Montréal, au Québec; décédé le 24 juillet 2005 à Montréal). Jacques Francoeur est reconnu comme figure marquante des univers médiatiques québécois et canadien. Magnat de la presse, Jacques Francoeur est le cofondateur de la chaîne de journaux UniMédia. (Voir aussi Les journaux au Canada : de 1900 aux années 1990.)

Jacques Francoeur

Enfance et formation

Jacques Francoeur est le fils du grand journaliste Louis Francoeur, directeur fondateur et rédacteur en chef du journal conservateur Le Journal de Québec (1930-1934). (Voir aussi Journaux.) Il étudie au Collège Notre-Dame, au Collège Saint-Laurent, au Catholic High School et au Sir George Williams College (aujourd’hui Université Concordia). Au cours de ses études, âgé de 16 ans, il fait ses premières armes en journalisme au quotidien La Patrie.

Il se perfectionne en journalisme à l'hebdomadaire Le Petit Journal, ainsi qu’aux quotidiens Ottawa Journal, Montreal Daily Star et The Gazette.

Carrière

Jacques Francoeur est attaché de presse du premier ministre Maurice Duplessis de 1947 à 1950. Puis, il fait un court stage à l'Office national du Film dont il devient ultérieurement directeur d'une équipe de cinéastes.

Imprimerie Montréal-Granby

Journaliste à l’hebdomadaire Le Petit Journal en 1950, Jacques Francoeur se lance en affaires et achète l’hebdomadaire du quartier Montréal-Nord, Le Guide du Nord. (Voir aussi Journaux.) Apprenant qu'une imprimerie de Granby connaît des difficultés financières, il s’associe à Robert Allard et ils acquièrent en juillet 1953 la compagnie Granby Printing and Publishing qu’ils baptisent Imprimerie Montréal-Granby. Le travail de l’imprimerie augmente de 700 % à 800 % en une semaine. Ils la mettent à jour pour publier le Guide du Nord, et le Guide Mont-Royal de Robert Allard, ainsi que Le Dimanche-Matin qu’ils viennent tous deux de créer. Ce dernier journal sort en 1954, traitant de l’actualité, de la vie artistique et du sport. La publicité couvre au moins la moitié de ce journal. En 1958, le chiffre d’affaires de l’entreprise dépasse les 20 millions de dollars. Ils achètent aussi l’Imprimerie Saguenay Ltée.

Trente et un ans plus tard, ne pouvant concurrencer La Presse et Le Journal de Montréal qui commencent aussi à publier le dimanche, la dernière édition du Dimanche-Matin est le 17 novembre 1985.

Au fil du temps, l’imprimerie Montréal-Granby publie Allo-Police, un hebdomadaire traitant de l’actualité criminelle et le tabloïd The Star de New York, créé par Rupert Murdoch, qui imprime 3 500 000 exemplaires par semaine à Granby, rapportant aux propriétaires 12 millions de dollars par année et représentant plus de la moitié de son chiffre d’affaires.

Parmi les clients réguliers, se retrouvent aussi des magasins et supermarchés, comme Sears, La Baie, Simpsons, Horizon, Steinberg, Sports Experts, les pharmacies Jean Coutu, Mayrand, Cumberland, les magasins Paquet et Laliberté, de même que des centres commerciaux : Promenades Saint-Bruno, Galeries d'Anjou et le Carrefour Laval.

Le 24 janvier 1954, Jacques Francoeur et Robert Allard mettent sur pied la Société générale de publications qui continue ses acquisitions de journaux. Elle est en activité pendant dix ans, puis Jacques Francoeur achète les actions de Robert Allard en 1964.

Les Journaux Trans-Canada

Le 10 avril 1967, Paul Desmarais, Gelco et Jacques Francoeur, constituant le Groupe Desmarais, créent un nouveau regroupement de presse, les Journaux Trans-Canada Ltée. Ils contrôlent ainsi Le Dimanche-Matin, La Tribune, Le Nouvelliste, le Granby Leader-Mail, les journaux de porte à porte et Les Publications associées. (Voir aussi Les journaux au Canada : de 1900 aux années 1990.)

En 1968, avec entre autres, le principal journal de langue française La Presse de Montréal, le quotidien Le Nouvelliste et La Voix de l'Est, les associés ont la haute main, ensemble ou séparément, sur quatre des dix quotidiens francophones et sur cinq des plus importants hebdomadaires québécois

Le mardi 26 novembre 1968, les Journaux Trans-Canada, en achetant les intérêts de Jacques Brillant dans Communica, se retrouvent alors gestionnaires de : Le Petit Journal, Dernière Heure, Photo Journal, le poste CHEF de Granby, le quotidien La Voix de l'Est et le poste de télévision CJBR-TV, ainsi que le poste de radio de Rimouski. Ils en sont propriétaires jusqu’en 1975.

Le groupe Desmarais, de par ses intérêts dans Gelco, la Corporation des valeurs Trans-Canada et les Journaux Trans-Canada, est à cette époque le maître incontesté de la presse au Québec.

UniMédia

Le 23 août 1973, Jacques Francoeur et le comptable Jean-Guy Faucher fondent la compagnie UniMédia, un conglomérat d'édition et de publication avec quatre imprimeries et un personnel à plein temps de 2 000 employés. Ils créent aussi le réseau de Distribution Éclair. Leur association durera plus de 23 ans.

Le 20 novembre 1973, Jacques Francoeur met fin, en tant que président et directeur général du conseil des Journaux Trans-Canada, à son association avec Paul Desmarais.

En 1974, UniMédia est propriétaire des journaux Le Droit à Ottawa, Le Soleil à Québec et Le Quotidien à Chicoutimi, ainsi que d’une trentaine d'hebdomadaires dont : Le Dimanche-Matin, Dernière Heure, le Progrès Dimanche de Chicoutimi, Courrier Laval, Courrier Ahuntsic, Courrier Laurentides, Le Flambeau, Avenir de l'Est, Journal de Rosemont, Progrès de Saint-Léonard, La Parole et Le Voltigeur de Drummondville ainsi que le nouvel hebdo de télévision TV Plus.

Cette compagnie publie aussi des revues et des livres de poche. Elle gère également les Éditions Novalis des Oblats spécialisées dans les publications religieuses et sociales, de même que des compagnies de distribution dont Distributions Éclair Ltée, plus importante maison du genre au Québec, et Telésol Inc. UniMédia a de plus des intérêts dans Les Éditions Héritage Inc. et Ademco Location Ltée, une entreprise de location d'automobiles.

En 1979, Jacques Francoeur (UniMédia) achète l’imprimerie Litho Prestige de Drummondville. Cette imprimerie deviendra l’une des trois ou quatre meilleures imprimeries de magazines au Québec. En 1982, elle est championne de l’impression des livres de poche. Comme exemple, elle peut fabriquer en entier 20 000 exemplaires à l’heure. En une semaine, elle sort un million de livres Harlequin.

En 1982, le chiffre d’affaires d’UniMédia est de 150 millions de dollars. En plus de gérer cette compagnie, Jacques Francoeur signe encore sa chronique « fourré partout même si ça vous choque » dans Le Dimanche-Matin, tout en couvrant certains faits divers ou politiques, « question de se garder en forme », dit-il.

Côté politique, il refuse les offres de John Diefenbaker du Parti des progressistes conservateurs, de Daniel Johnson de L’Union nationale et du maire Jean Drapeau du Parti civique.

Associations professionnelles

Pendant sa carrière, Jacques Francoeur s’engage dans plusieurs organismes. Il est président de l‘Association des journaux du Canada, de l'Association des quotidiens du Québec, du Comité d’enquête fédéral-provincial-municipal sur la protection civile au Québec et du Service administratif canadien outre-mer (SACO). Il est aussi membre : de la Commission de la sécurité publique de la ville de Montréal; de la Commission d’initiative et de développement économiques de Montréal (CIDEM); de l'Exécutif de la Presse canadienne; de l'Exécutif de l'Institut international de la presse à Londres; du Club des Entrepreneurs du Conseil du Patronat du Québec et du Conseil consultatif sur l’administration de la justice au Québec.

Philanthropie

En 1987, Jacques Francoeur se départit de tous ses intérêts dans UniMédia Inc. pour s'occuper d'une société d'investissement et de la mise en marche de la Fondation Jacques Francoeur, qui commence ses activités le 13 janvier 1988. (Voir aussi Fondations canadiennes.) Les membres de sa famille souscrivent un capital de 10 millions de dollars au profit d'œuvres charitables. Cette fondation crée aussi Les Bourses d’études Jacques Francoeur pour que ses récipiendaires obtiennent une maîtrise en administration des affaires.

Vie personnelle

Jacques Francoeur est l’époux de Catherine Thompson. Ils ont quatre filles : Lyne, Anne, Josée et Louise.

Prix et distinctions

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Lecture supplémentaire

  • Mark Pearson, « Jacques Francoeur, l’empereur de la presse », (avril 1984) : 6.

  • Michel Lord, « L’Homme du mois : Jacques Francoeur », Commerce, n° 6 (juin 1983) : 32-40.

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