Alex Simeon Janvier, C.M., A.O.E., ARC, peintre (né le 28 février 1935, sur la réserve Le Goff de la Première Nation de Cold Lake, près de Bonnyville en Alberta; décédé le 10 juillet 2024). Alex Janvier a été récipiendaire du prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques et il était membre de l’Ordre du Canada. Il est souvent désigné comme le premier artiste moderniste autochtone au Canada. Il était également un des membres fondateurs de la Professional Native Indian Artists Inc., aussi connue sous l’appellation de Groupe indien des Sept. Ses œuvres sont exposées dans les collections des principaux musées canadiens, notamment le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée canadien de l’histoire, le Musée des beaux‑arts de Montréal et le Musée des beaux-arts de Winnipeg.

Jeunesse et formation
Alex Janvier est d’origine dénésuline et saulteaux, et il naît sur le territoire du Traité no 6. Il vit sous le système de laissez‑passer, une politique gouvernementale qui limite les déplacements des Autochtones en dehors des réserves. À l’âge de huit ans, Alex Janvier est envoyé au pensionnat indien Blue Quills près de St. Paul en Alberta.
C’est à Blue Quills qu’il réalise ses premières peintures. Il obtient son diplôme au Alberta College of Art and Design à Calgary en 1960, et il devient immédiatement professeur à l’Université de l’Alberta.
Débuts de carrière et style
Le style d’Alex Janvier est abstrait et résolument moderniste. Sa palette flamboyante et ses formes rayonnantes sont le reflet des traditions spirituelles de ses ancêtres. Sa peinture linéaire et abstraite se caractérise par des flaques de couleurs fouettées sur un fond négatif.
Alex Janvier contribue à rassembler des artistes autochtones comme Norval Morrisseau et Bill Reid pour le pavillon des Indiens du Canada à l’Expo 67, pour lequel il réalise une murale. Il retourne en Alberta en 1968 pour enseigner des cours pour adultes à la Saddle Lake Indian School près de St. Paul, et à la Alberta Newstart Inc. à Fort Chipewyan. Vers la fin de 1971, il décide de se consacrer à la peinture à temps plein.
En 1973, Alex Janvier est l’un des membres fondateurs de la Professional Native Indian Artists Inc., un groupe de sept artistes des Premières Nations qui cherchent à commercialiser leurs propres œuvres. On les nomme souvent le Groupe indien des Sept.
Le saviez‑vous?
En 1966, le ministère des Affaires indiennes a demandé à Alex Janvier de produire 80 peintures. Il a fait pression sur lui pour qu’il travaille rapidement. Après l’exposition de ses œuvres à Ottawa, le gouvernement a vendu 38 de ses tableaux et s’est approprié le reste. Afin de protester contre les agissements du gouvernement fédéral, Alex Janvier a signé la plupart de ses œuvres de 1966 à 1977 avec son numéro de traité, le 287.

Œuvres de maturité
En 1976, Alex Janvier réalise une murale pour le Muttart Conservatory d’Edmonton et pour l’édifice du comté de Strathcona à Sherwood Park, en Alberta. Il est invité en Suède en 1977 pour peindre et exposer ses œuvres. De 1978 à 1981, il peint The Seasons pour le Musée national de l’homme (devenu le Musée canadien de l’histoire), puis il réalise une murale pour les Jeux mondiaux universitaires à Edmonton en 1983. En 1987, ses œuvres sont incluses dans deux importantes expositions en Californie. Il fait partie des artistes d’une exposition collective au Musée des beaux‑arts du Canada en 1992 intitulée Terre, esprit, pouvoir. En 1993, il fait également l’objet d’une exposition solo itinérante, The Art of Alex Janvier: His First Thirty Years (1960–1990), organisée par la Thunder Bay Art Gallery.
Toujours en 1993, Alex Janvier achève sa plus grande fresque, intitulée Étoile du matin, et peinte au plafond du dôme de la Grande Galerie du Musée canadien des civilisations (devenu le Musée canadien de l’histoire) à Gatineau au Québec. L’immense fresque murale s’étend sur 418 m², et son titre fait référence à l’étoile du matin qui est utilisée pour s’orienter. La peinture est organisée autour de deux cercles concentriques à l’intérieur desquels une étoile se déploie dans quatre espaces dans une explosion de couleurs; jaune, bleu, rouge, et blanc. Remplis de formes organiques à la dérive, ces espaces sont symboliques des différentes phases de l’histoire des peuples autochtones. Le quadrant jaune se réfère à l’harmonie avec la nature et le Grand esprit d’avant le contact avec les Européens. Le bleu représente une période où la culture autochtone a été submergée par la culture européenne. Le rouge symbolise la renaissance. Le blanc revient au centre de l’étoile du matin et il signifie un retour à un état d’harmonie.

En 2012, la Art Gallery of Alberta met sur pied une exposition des œuvres d’Alex Janvier. L’exposition présente plus de 90 peintures réalisées entre les années 1960 et 2012. Alex Janvier considère que l’une de ses plus grandes réalisations est l’exposition solo itinérante Alex Janvier: Modern Indigenous Master (2016‑18). Organisée par le Musée des beaux‑arts du Canada, l’exposition célèbre la carrière artistique d’Alex Janvier. Elle expose plus de 150 œuvres, notamment des toiles célèbres comme Untitled (1986) et Lubicon (1988), ainsi que des dessins datant de son temps vécu au pensionnat indien. En 2016, il crée une mosaïque circulaire de 149 m2 intitulée Tsa Tsa Ke Kʼe (Iron Foot Place) pour le Winter Garden de l’aréna Rogers Place, à Edmonton.
Alex Janvier et sa famille ouvre une galerie à Cold Lake en Alberta, en 2003.
Prix et distinctions
- Membre, Académie royale des arts du Canada (1992)
- Prix pour l’ensemble de son œuvre, prix nationaux d'excellence autochtone (maintenant Indspire) (2002)
- Médaille du jubilé d’or de la reine Elizabeth II (2002)
- Membre, Ordre du Canada (2007)
- Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques (2008)
- Membre, Ordre d’excellence de l’Alberta (2010)
- Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2013)
- Prix Distinguished Artist, lieutenant‑gouverneur de l’Alberta (2017)
- Intronisé, Cold Lake Hall of Fame (2017)
Diplômes honorifiques
- Doctorat en droit, Université de l’Alberta (2008)
- Doctorat en droit, Université de Calgary (2008)
- Doctorat, Indigenous Artists, Blue Quills First Nations College (2012)
- Doctorat, Université de l’École d’art et de design de l’Ontario (2016)
- Doctorat en lettres, Université de la Colombie-Britannique (2017)
- Diplôme, Collège NorQuest (2017)
- Maîtrise en beaux-arts, Université de l’Alberta (2019)
(Voir aussi Art autochtone contemporain.)