L’art demande au spectateur d’aller au-delà de ce qui est nécessaire vers ce qui est possible, significatif et spirituel. L’art autochtone le plus ancien trouvé au Canada est constitué de sculptures de pierres complexes datant de plus de 5000 ans. Parmi les milliers d’artisans ayant œuvré depuis la dernière période glaciaire jusqu’à aujourd’hui, on trouve ces remarquables artistes qui ont apporté d’importantes contributions. (Voir aussi Art autochtone au Canada et Art autochtone contemporain.)
1. Bill Reid (né le 12 janvier 1920; décédé le 13 mars 1998; Haïda)
Bill Reid étudie l’art à Toronto et à Londres en Angleterre avant de retourner à Vancouver pour créer de larges sculptures qui célèbrent la culture haïda. Son travail lui vaut un respect international et plusieurs commandes de haut profil. Ses œuvres les plus renommées sont : Raven and the First Humans, une pièce de quatre tonnes créée pour le musée d’anthropologie de l’Université de Colombie-Britannique; une baleine appelée The Chief of the Undersea World, créée pour l’Aquarium de Vancouver; et Spirit of Haida Gwaii, représentant de majestueux canoéistes qui ornent maintenant la grande entrée de l’ambassade canadienne à Washington. Ses sculptures renouvellent l’intérêt pour l’art et la culture autochtones de la côte nord-ouest du Pacifique, et son militantisme politique attire l’attention sur les enjeux autochtones.
2. Daphne Odjig (née le 11 septembre 1919; décédée le 1er octobre 2016; Anichinabée)
À partir des années 1960, les toiles expressives et richement colorées de Daphne Odjig parlent de l’histoire et la spiritualité autochtones, ainsi que de la beauté de la nature. Dans les années 1970, les larges murales de Daphne Odjig deviennent de plus en plus populaires et son collage intitulé Earth Mother est exposé bien en évidence au Pavillon canadien de l’Expo 70 au Japon. En 1974, elle ouvre New Warehouse Gallery, la première galerie d’art appartenant à une Autochtone au Canada. Cette galerie devient un lieu de rencontre pour les artistes autochtones émergents qui, avec Daphne Odjig, sont appelés le « Groupe indien des Sept ». Ces derniers permettent au respect pour l’art autochtone contemporain d’aller de l’avant. Avec le temps, les œuvres ultérieures de Daphne Odjig deviennent de plus en plus expérimentales et distinctes dans leur représentation des histoires et légendes anichinabées.
3. Norval Morrisseau (né le 14 mars 1932; décédé le 4 décembre 2007; Anichinabé)
Norval Morrisseau est l’un des membres du Indian Group Of Seven, et il est créateur du genre artistique Woodlands School. Il utilise des couleurs vives pour exprimer les histoires et la spiritualité autochtones traditionnelles. Son exposition de 1962 à la Pollock Gallery de Toronto fait de lui le premier artiste des Premières Nations à briser la barrière des artistes professionnels blancs canadiens. Norval Morrisseau devient une figure nationale tout en faisant avancer l’intérêt pour l’art autochtone. Ses œuvres rejoignent celles de huit autres artistes autochtones au Pavillon canadien à l’Expo 67. Sa toile de 1968 Windigo and Other Tales of the Ojibways dépeint les légendes anichinabées et fait croître la popularité de son œuvre qui demeure exposée en permanence dans les galeries d’art à travers le Canada.
4. Frieda Diesing (née le 2 juin 1925; décédée en décembre 2002; Haïda)
Frieda Diesing fait honneur à sa culture haïda en s’en inspirant pour sa création de bijoux, de couvertures et de masques. À l’âge de 42 ans, elle sculpte son premier mât totémique qui, en 1974, est érigé à Prince Rupert, où elle est née. Par la suite, elle continue à sculpter d’autres totems tout en enseignant aux autres comment les sculpter. Dans les années 1980, ses totems se dressent dans les lieux publics extérieurs ainsi que dans les galeries et musées à travers le Canada. Sa magnifique exposition Legacy - Tradition and Innovation in Northwest Coast Indian Art fait le tour du monde, enseignant la riche culture et l’histoire des Haïdas à tous ceux qui ont été éblouis par la puissance et la beauté de son art.
5. Kenojuak Ashevak (née le 3 octobre 1927; décédée le 8 janvier 2013; Inuite)
Les premières œuvres de Kenojuak Ashevak représentent des gravures d’animaux et d’oiseaux dans des couleurs et des formes vibrantes qui semblent se mélanger entre eux et se fondre dans la nature. Son travail attire immédiatement l’attention au cours de la fin des années 1950 et accroît l’intérêt pour l’art autochtone et le Nord. Elle est également sculptrice et créatrice de couvertures et de vitraux. Elle crée une large et vibrante fresque qui est exhibée à l’Exposition universelle de 1970 au Japon. Son œuvre Enchanted Owl (1960) est représentée sur un timbre pour célébrer le centenaire des Territoires du Nord-Ouest. Les œuvres ultérieures de Kenojuak Ashevak deviennent plus stylisées et stimulantes, comme le chien-homme-dragon dépeint sur l’œuvre largement respectée Dog Mother Shaman Transformation. Membre fondatrice de la célèbre coopérative de gravure inuite de Cape Dorset, Kenohuak Ashevak a fait l’objet de l’une des Minutes du patrimoine d’Historica Canada en 2016.
6. Allen Sapp (né le 2 janvier 1929; décédé le 29 décembre 2015; Cri)
Après des années de lutte pour promouvoir son art, son exposition de 1969 à la Mendel Art Gallery de Saskatoon suscite une appréciation d’abord nationale, et ensuite internationale, pour la manière dont ses toiles à l’huile et à l’acrylique reflètent un respect pour la spiritualité, les traditions et la terre autochtones. Les œuvres de Allen Sapp parlent de la famille, de la communauté, de la fierté, et de la tristesse de la perte. Allen Sapp et son art deviennent le sujet de livres et de films. Il est élu membre de l’Académie royale des arts, il reçoit le prix d’excellence de la Saskatchewan et est membre de l’Ordre du Canada; tous ces honneurs reflètent la place importante qu’il tient dans la popularisation des histoires autochtones pour un auditoire vaste et enthousiaste.
7. Kent Monkman (né le 13 novembre 1965; Cri)
Le travail de Kent Monkman dépeint des problèmes graves, comme le contact des colons avec les peuples autochtones, les attaques contre les traditions autochtones et la représentation de l’homosexualité, mais toujours de manière ironique et satirique. Ses grandes toiles révèlent des couleurs saisissantes et de multiples personnages dans un style rappelant l’art romantique occidental du 19e siècle. Par exemple, Kent Monkman présente une exposition en 2017 qui comprend l’œuvre The Daddies. Celle-ci rappelle le portrait des Pères de la Confédération de Robert Harris, mais illustrant des hommes en cercle qui entourent et reluquent une femme autochtone nue. Les œuvres de Kent Monkman sont exposées dans les galeries canadiennes et à l’échelle internationale. Il a remporté de nombreux prix et est reconnu comme étant l’un des plus importants artistes de sa génération.
8. Christi Belcourt (née en septembre 1966; Métis)
Bien qu’elle soit principalement peintre, Christi Belcourt travaille avec le cuivre, l’argile, l’écorce de bouleau, et d’autres matériaux naturels pour créer un art qui parle des traditions, de la spiritualité, des connaissances et du respect de la terre. Ses œuvres sont exposées dans les galeries à travers le Canada. Sa pièce Giniigaaniimenaaning (Looking Ahead), un magnifique vitrail qui commémore les survivants des pensionnats indiens est installée en permanence à l’entrée principale de l’Édifice du Centre du Parlement. Le public est témoin de son amalgame d’art et d’activisme politique en 2012 lorsqu’elle commence Walking With Our Sisters, qui implique 1500 artistes dans une exposition qui fait le tour du monde pendant une période de plus de sept ans, et qui contribue à attirer l’attention sur le sujet des vies des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.
9. Jane Ash Poitras (née le 11 octobre 1951; Crie)
Jane Ash Poitras obtient son baccalauréat en sciences, mais elle consacre sa vie et se dévoue à l’art et à l’étude de la gravure, de la peinture et de la sculpture à l’Université de Columbia. Son travail combine l’histoire et les cultures autochtones avec les styles artistiques occidentaux comme le mélange de la photographie avec du texte. A Sacred Prayer for a Sacred Island (1991) par exemple, présente une plume d’aigle avec un billet de cinq dollars, mélangeant le symbole sacré autochtone avec les annuités annuelles prévues dans les traités par le gouvernement canadien. Elle remarque que « je n’ai pas eu l’intention de faire de la politique. Mais quelqu’un doit agir en tant que provocateur et ça peut aussi bien être moi. » Ses œuvres sont appréciées dans les galeries à travers le Canada et partout dans le monde.
10. Alan Syliboy (né le 8 septembre 1952; Micmac)
L’art, la musique, les livres et les films d’Alan Syliboy, respectés à l’échelle nationale et internationale, expriment sa quête d’appartenance et d’identité dans le cadre de la célébration des traditions et de la spiritualité micmaque. En 2018, Syliboy présente une exposition multimédia inspirée de la légende micmaque de Tonnerre enseignant à son fils, Petit Tonnerre, qu’il doit accepter ses responsabilités. Développant l’exposition, il illustre et écrit le livre, The Thundermaker, en anglais et en micmac. Ce livre à succès est sélectionné pour le concours First Nations Reads. En 2002, Allan Syliboy reçoit la médaille du jubilé d’or de la Reine.