Jean Chamberlain Froese, C.M., M.D., M.Éd., FRCSC, obstétricienne, professeure associée, experte mondiale en santé reproductive des femmes (née le 27 mars 1965 à St. Thomas, en Ontario). Jean Chamberlain Froese est la fondatrice et codirectrice de Save the Mothers et du Programme international pour la santé des femmes de l’Université McMaster.
Éducation et début de carrière
Jean Chamberlain Froese reçoit un baccalauréat ès sciences en biochimie et, en 1991, son doctorat de médecine de l’Université de Toronto, suivi d’un internat par rotation au Toronto East General Hospital en 1992. Elle obtient ensuite son titre d’associée du Collège royal en obstétrique et gynécologie à l’Université Western Ontario (à London, en Ontario) en 1996.
En 1997, avec la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, Jean Chamberlain Froese participe à un projet consacré à la sécurité des mères en Ouganda, où elle réside dans le village rural de Kigoba et collabore avec l’Association des obstétriciens et gynécologues de l’Ouganda.
Jean Chamberlain Froese travaillera ensuite comme obstétricienne au Yémen, au Zimbabwe, en Zambie et au Pakistan, se dévouant entièrement dans le cadre de chacune de ses expériences. Ayant travaillé au Yémen pendant cinq ans, elle apprend à parler l’arabe, enseigne à l’hôpital universitaire de Sana’a, participe aux projets de l’UNICEF et organise un don d’équipement médical de la part du St. Joseph’s Hospital (à Hamilton, en Ontario).
Mortalité liée à la maternité dans les pays en voie de développement
Jean Chamberlain Froese observe des taux tristement élevés de mortalité maternelle en travaillant dans des pays en voie de développement, et ce, dès son voyage en Ouganda en 1997. Ces taux étaient (et demeurent) particulièrement importants en Afrique subsaharienne. Ce constat-choc la pousse à faire des avancées novatrices dans le domaine de la santé des mères à l’échelle mondiale.
En 2015, le ratio de mortalité pendant l’accouchement en Ouganda s’élève à 343 morts pour 100 000 naissances vivantes, par rapport à seulement 7 morts pour 100 000 naissances vivantes au Canada. Notons aussi que 99 % des décès liés à l’accouchement sont recensés dans des pays en voie de développement, dont la majorité en Afrique subsaharienne. La plupart de ces décès sont évitables; ils sont causés par des complications telles que des infections, des hémorragies ou des avortements non sécuritaires. De nombreux facteurs contribuent à ce taux élevé de mortalité, parmi lesquels le manque de fonds et de ressources médicales ou la difficulté du transport, ainsi que l’autorisation à obtenir de la part du mari avant de pouvoir pratiquer une chirurgie.
L’un des objectifs du Millénaire pour le développement de l’Organisation des Nations Unies, définis en septembre 2000, est de réduire le taux mondial de mortalité maternelle de 75 % entre 1990 et 2015. En 2015, l’Organisation mondiale de la santé annonce que le taux mondial a baissé de 44 %, et de 50 % en Ouganda. Seuls neuf pays ont atteint l’objectif de 75 %, et le taux de mortalité maternelle en Afrique subsaharienne demeure le plus élevé au monde.
(Voir aussi Méthodes d’accouchement.)
Save the Mothers
Jean Chamberlain Froese se rend compte que les efforts médicaux sont insuffisants pour améliorer la santé des mères dans les pays en voie de développement. En effet, seuls des changements sur les plans social, politique et culturel auraient le pouvoir de résoudre le problème de la mortalité maternelle. Elle remarque en particulier, dans ces pays, une grande différence entre la qualité des soins de santé prodigués à l’homme et ceux prodigués à la femme.
Ceci encourage Jean Chamberlain Froese à fonder en 2005 l’organisme à but non lucratif Save the Mothers, qui a pour but premier de prévenir la mortalité maternelle. Ayant son siège à l’Université chrétienne d’Ouganda, Save the Mothers offre un programme de maîtrise d’initiative en santé publique. Le programme enseigne à des meneurs de communautés, tels que des politiciens, des journalistes, des membres du clergé ou des dirigeants militaires, les causes de la mortalité maternelle pour qu’ils puissent à leur tour mettre en branle des changements positifs au sein de leur communauté. Le programme vise notamment à promouvoir la valeur sociale des mères et de la maternité; en outre, Save the Mothers gère l’initiative Mother Baby Friendly Hospital, qui vise à améliorer les salles d’accouchement, l’équipement et la qualité des soins médicaux.
Le programme a bénéficié du soutien des plus hauts paliers de la politique ougandaise. En 2008, Janet Museveni, la Première Dame d’Ouganda, loue publiquement le travail mené par Save the Mothers. Trois ans plus tard, soit en octobre 2011, le président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, déclare que la santé des mères et des enfants serait désormais une priorité gouvernementale.
Jean Chamberlain Froese est directrice exécutive de Save the Mothers jusqu’en janvier 2018. Sous sa gouverne, le programme s’est étendu progressivement en Tanzanie, au Kenya, au Rwanda, au Burundi, à l’Afghanistan, au Pakistan, à l’Inde, au Yémen, à Oman et en Somalie.
En 2012, Jean Chamberlain Froese se joint à Serving In Mission Canada, un organisme chrétien, en tant que médecin missionnaire.
Travail clinique et universitaire
Éminente spécialiste en santé reproductive de la femme et en pratiques d’accouchement sécuritaires, Jean Chamberlain Froese a été consultante pour le Cabinet du premier ministre en sa qualité d’experte en santé maternelle (voir aussi Femmes et santé). Elle est professeure associée d’obstétrique et de gynécologie à l’Université McMaster (à Hamilton, en Ontario) et a été professeure associée adjointe à l’École de la santé publique à l’Université de Waterloo. Jean Chamberlain Froese est fondatrice et codirectrice du Programme international en santé des femmes de l’Université McMaster, en plus d’occuper le poste d’obstétricienne au St. Joseph’s Healthcare à Hamilton.
Jean Chamberlain Froese est conférencière au Sommet de la jeunesse pendant le sommet du G8 en 2010, et est également invitée à prendre la parole lors des réunions générales annuelles de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada et de l’American College of Obstetricians and Gynecologists. Elle est aussi panéliste invitée au Sommet du gouvernement canadien sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants en 2014 (à Toronto, en Ontario).
Vie personnelle
Jean Chamberlain Froese est mariée au journaliste Thomas Froese. Ils ont trois enfants : Elizabeth, Jonathan et Hannah (une Ougandaise adoptée en 2009). De 2005 à 2017, Jean Chamberlain Froese et sa famille partagent leur temps entre l’Ouganda et le Canada, vivant dans le district de Kampala, la capitale ougandaise, pendant huit mois de l’année, et à Ancaster, en Ontario, les quatre mois restants. En 2017, ils s’installent au Canada de façon permanente.
« J’ai toujours cru que le principe de leadership local était le meilleur leadership possible, et je savais qu’un jour je passerais mon rôle de superviseure du programme Save the Mothers à des mains compétentes de la région. »
– Dre Jean Chamberlain Froese, à propos de son départ d’Ouganda en 2017
Publications
Auteure, Where Have All the Mothers Gone? (2008)
Co-éditrice, Women’s Health in the Majority World: Issues and Initiatives (2006)
Coauteure (avec Patricia Paddey), The Game Changers: True Stories About Saving Mothers & Babies in East Africa (2016).
Prix et distinctions
- International Community Service Award, Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (2006)
- Teasdale-Corti Humanitarian Award pour son travail d’amélioration de la santé maternelle, Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (2009)
- Prix d’Excellence pour avoir surpassé ses obligations, Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (2012)
- Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012)
- Introduction au Hamilton Gallery of Distinction (2013)
- Mission Legacy Award, Sisters of St. Joseph d’Hamilton (2013)
- Doctorat honorifique en droit, Université de Waterloo (2013)
- Membre, Ordre du Canada (2014)
- Leader canadienne en santé mondiale, Société canadienne pour la santé internationale (2018)