Jean Charest, avocat, politicien, premier ministre du Québec de 2003 à 2012 (né le 24 juin 1958 à Sherbrooke, au Québec). En tant que membre du Parti progressiste-conservateur, Jean Charest est devenu la plus jeune personne à être nommée au Cabinet. De 1993 à 1998, il a dirigé le parti après la démission de Kim Campbell. Jean Charest est ensuite devenu le chef du Parti libéral du Québec et a agi comme premier ministre du Québec de 2003 à 2012. En 2022, il s’est joint au conseil d’administration d’Historica Canada.
Jeunesse
Jean Charest est né à Sherbrooke. Il est le fils de Rita (née Leonard) et de Claude « Red » Charest. Ayant un parent anglophone et un parent francophone, il devient parfaitement bilingue. Jean Charest obtient ses diplômes de premier et de deuxième cycles en droit à l’Université de Sherbrooke.
Début de carrière politique
Jean Charest est élu pour la première fois député fédéral de la circonscription de Sherbrooke en 1984, puis est presque aussitôt nommé vice-président adjoint de la Chambre des communes, poste qu’il occupe de novembre 1984 à juin 1986. Le premier ministre Brian Mulroney le nomme alors ministre d’État à la Jeunesse, faisant de lui le plus jeune politicien à siéger au Cabinet fédéral. Brian Mulroney lui confie la responsabilité de la condition physique et du sport amateur en mars 1988 et le désigne leader adjoint du gouvernement à la Chambre des communes le 30 janvier 1989. Pendant qu’il se trouve en Nouvelle-Zélande lors des Jeux du Commonwealth, en janvier 1990, Charest démissionne du Cabinet pour avoir parlé à un juge d’une cour supérieure durant une affaire concernant l’Association canadienne d’athlétisme (voir Athlétisme).
En 1990, le premier ministre Brian Mulroney nomme Jean Charest en tant que président d’un comité spécial chargé d’étudier une résolution devant accompagner l’accord du lac Meech. Le rapport Charest, avec ses amendements proposés à l’entente de Meech, sert de prétexte à Lucien Bouchard, qui quitte alors le Cabinet Mulroney.
Jean Charest revient au Cabinet en tant que ministre de l’Environnement le 21 avril 1991. Il dirige ainsi la délégation canadienne au Sommet de la Terre, qui a lieu au Brésil. Il siège aussi au Comité du Cabinet chargé des priorités et de la planification, et à celui chargé de l’unité canadienne et des négociations constitutionnelles.
Jean Charest se retrouve dans la course à la direction du Parti progressiste-conservateur fédéral en 1993. Il finit toutefois bon deuxième derrière Kim Campbell lors du congrès d’investiture de juin, à Ottawa. Il est vice‑premier ministre et ministre de l’Industrie, des Sciences et de la Technologie pendant le court règne du gouvernement Campbell. Il est alors l’un des deux seuls Conservateurs élus au Parlement au terme de la campagne de 1993.
Jean Charest devient chef intérimaire du parti le 14 décembre 1993, puis chef officiel en 1995 (le premier Canadien‑français à la tête des Conservateurs). Il passe les deux années suivantes à reconstruire le parti, menant une campagne de souscription et créant le consensus autour d’une nouvelle plateforme qui repose largement sur des thèmes économiques conservateurs. Lors des élections de 1997, les Conservateurs de Charest obtiennent 18 % du vote national et 20 sièges en tout. Le Parti réformiste, qui récolte une même proportion du vote concentrée dans l’Ouest, détient trois fois plus de sièges.
Référendum de 1995 au Québec
Jean Charest joue un rôle important, voire décisif lors du référendum de 1995 au Québec. Sa popularité dans la province grandit par la suite et les sondages effectués au cours de l’été de 1997 le placent devant le premier ministre Lucien Bouchard. Au début de 1998, lorsque Daniel Johnson quitte la direction du Parti libéral du Québec, on persuade Jean Charest de lui succéder. Il démissionne de son poste de chef conservateur le 3 avril et devient chef du Parti libéral du Québec en mai.
Premier ministre du Québec
Jean Charest, nationaliste québécois dont le programme écarte la souveraineté ou l’indépendance pour revendiquer les intérêts du Québec à l’intérieur du Canada, défait le Parti Québécois dirigé par Bernard Landry le 14 avril 2003. Durant sa première administration, il cherche à instaurer une réforme radicale de la prestation des services par la privatisation de quelques domaines.
Lors des élections générales du 21 février 2007, les Libéraux, qui font de la santé, de la réforme scolaire et de la réduction des impôts les enjeux principaux de leur plateforme, sont réélus minoritairement. Charest est élu de justesse dans sa propre circonscription de Sherbrooke, contre son adversaire péquiste. En novembre 2008, Charest déclenche une élection éclair, en soutenant qu’il doit obtenir une majorité pour réagir à la crise économique. Le 8 décembre 2008, les nouvelles élections donnent lieu au retour des Libéraux en position majoritaire. Leur slogan, « L’économie d’abord, oui », résume bien la plateforme du parti, qui fait de la stabilité économique sa priorité pour le Québec. Il interpelle les électeurs durant une période économique plus que turbulente de l’histoire récente. (Voir Récession de 2008-2009 au Canada.) Grâce à cette victoire remportée en 2008, Jean Charest devient, depuis Maurice Duplessis, le premier des premiers ministres à cumuler trois mandats consécutifs dans cette province. Le 2 février 2009, il est fait commandeur de la Légion d’honneur par le président français Nicolas Sarkozy.
Lors du déclenchement des élections générales québécoises de 2012, Charest et le Parti libéral ne bénéficient plus de l’appui du public. Plusieurs politiques gouvernementales sont tombées dans l’impopularité, dont la proposition de hausse des droits de scolarité au niveau postsecondaire. Le plan du gouvernement, qui consiste à augmenter ces frais de plus de 300 dollars sur une période de cinq ans, provoque de grandes manifestations étudiantes et le boycottage des cours. Des centaines de milliers d’étudiants se mettent en grève; des membres des syndicats et des partis politiques de l’opposition, entre autres, leur offrent leur soutien. En mai 2012, le gouvernement Charest adopte le projet de loi 78, une mesure d’urgence ayant l’objectif d’assurer l’accès des étudiants à leur établissement d’enseignement. Cette loi impose des restrictions considérables à l’égard des manifestations. Alors que certains la louangent, bon nombre d’organisations la critiquent, dont la Commission des droits de la personne du Québec. (Voir Grève étudiante québécoise de 2012.)
Dans le cadre des élections générales de 2012, Charest perd sa circonscription et le Parti libéral du Québec est relégué au deuxième rang. Pauline Marois, chef du Parti Québécois, devient la première femme première ministre du Québec, à la tête d’un gouvernement minoritaire. Peu après les élections, Charest quitte ses fonctions de dirigeant du parti, mettant fin à 28 ans de carrière politique. En janvier 2013, il reprend l’exercice du droit et devient associé à part entière du cabinet McCarthy Tétrault s.r.l.
En 2022, il devient membre du conseil d’administration d’Historica Canada, producteur des Minutes du patrimoine et éditeur de l’Encyclopédie canadienne.
Course à la direction du Parti conservateur
En mars 2022, Jean Charest annonce officiellement qu’il se présente à la direction du Parti conservateur. Au cours de la course à la direction, il s’oppose fréquemment à Pierre Poilievre. Pour beaucoup, Jean Charest représente une vision modérée et traditionnelle du Parti conservateur, tandis que Poilievre défend une approche populiste plus à droite. En septembre 2022, les membres conservateurs élisent Poilievre à la tête du parti. Il reçoit 70 % de tous les votes, tandis que Jean Charest arrive en deuxième position avec 11,65 % des votes. Après sa défaite, Charest annonce qu’il retournera travailler dans le secteur privé.