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Joseph E. Atkinson

Joseph Atkinson, éditeur, journaliste et philanthrope (né le 23 décembre 1865 près de Newcastle, en Ontario; décédé le 8 mai 1948 à Toronto, en Ontario). Joseph Atkinson a été rédacteur en chef, puis éditeur et propriétaire du journal Toronto Star de 1899 à 1948. Sous sa direction, le Star est devenu l’un des journaux les plus influents du Canada et une plateforme pour discuter de la législation sociale au Canada.

Joseph Atkinson

Premières années

Joseph Atkinson est le plus jeune de huit enfants. Sa mère, Hannah Atkinson, devient veuve lorsqu’il a six mois. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle tient une pension de famille, où le jeune Atkinson est exposé aux effets de la pauvreté. Il adopte l’initiale « E » après son prénom pendant son adolescence, alors qu’il travaille dans un bureau de poste.

Début de carrière dans le journalisme

À 18 ans, Joseph Atkinson accepte un emploi au Port Hope Times, où il collecte les dettes impayées. L’éditeur J. B. Trayes étant de plus en plus préoccupé par sa carrière politique, les responsabilités de Joseph Atkinson s’étendent à la gestion du bureau, au reportage et à la rédaction. Lorsqu’il atteint l’âge de 20 ans, les créanciers du Times proposent à Joseph Atkinson de racheter le journal, mais il refuse. Après s’être vu refuser une augmentation de salaire, Joseph Atkinson quitte le Times pour travailler comme reporter au Toronto World en 1888.

Joseph Atkinson passe au Toronto Globe en 1889, où il couvre l’Assemblée législative de l’Ontario pendant deux ans avant de se tourner vers l’activité parlementaire fédérale. Ses opinions politiques se rapprochent alors de celles du Parti libéral, si bien qu’il ferme avec lui une alliance qui durera le reste de sa carrière. En 1892, il épouse l’écrivaine Elmina Elliott, qui travaille pour la rubrique féminine du Globe sous le pseudonyme de Madge Merton. (Voir aussi Journaux au Canada : de 1800 aux années 1900; Globe and Mail.)

Entrée au Star

Joseph Atkinson devient rédacteur en chef du Montreal Herald en 1897, mais subit des interférences éditoriales. Alors qu’il envisage de rejoindre le Montreal Star en 1899, un journal à tendance conservatrice, il consulte son ancien rédacteur en chef du Globe, John Willison. Celui-ci lui suggère plutôt de rejoindre le Toronto Evening Star, en difficulté, qui est sur le point d’être vendu à un groupe d’éminents libéraux de Toronto (voir Toronto Star). Joseph Atkinson impose une série de conditions, notamment un salaire et des options d’achat d’actions qui lui permettraient d’assumer un contrôle majoritaire à l’avenir et l’absence d’ingérence politique de la part des responsables du Parti libéral. Dans une série de lettres échangées avec le premier ministre Wilfrid Laurier en 1899, Joseph Atkinson défend l’indépendance éditoriale, observant qu’« un journal est un bon allié, mais devient vite inutile en tant qu’organe servile d’un parti ». Les conditions d’Atkinson sont acceptées et, une fois la vente finalisée, il est officiellement engagé comme rédacteur en chef et directeur en décembre 1899.

Remise sur pied du Star

Lorsque Joseph Atkinson prend ses fonctions, le Star a le plus faible tirage parmi les six quotidiens de Toronto, oscillant autour de 7000 exemplaires par jour. À partir de 1903, le journal devance le Daily Mail and Empire, News and World. (Voir aussi Journaux au Canada : de 1900 aux années 1990.) En 1909, il a le plus fort tirage à Toronto et n’est dépassé au niveau national que par La Presse et le Montreal Star.

Selon Ross Harkness, biographe d’Atkinson, le secret de l’ascension rapide du Star réside dans la relation développée avec son lectorat. Dans la biographie de Joseph Atkinson de 1963, Harkness suppose que « [le Star] reflétait les espoirs, les désirs et les aspirations de l’homme ordinaire. Il rapportait les événements qui affectaient sa vie dans une langue qu’il comprenait ». Alors que la plupart des journaux de la ville courtisent la culture protestante conservatrice dominante, Joseph Atkinson fait du Star la voix des minorités de Toronto. Dans un discours prononcé à l’Université de Toronto en 1901, Joseph Atkinson déclare que « le journal le plus humain finira par avoir le plus d’influence ».

La foi méthodiste de Joseph Atkinson influence ses convictions, allant du soutien à la censure d’œuvres culturelles moralement douteuses à la promotion de la tempérance. Ces convictions, et l’ardeur avec laquelle il les défend dans les pages du Star, valent à Atkinson le surnom de « Holy Joe ».

Parmi les réalisations les plus durables de Joseph Atkinson au cours de sa première décennie au Star figure la création de deux fonds de bienfaisance pour venir en aide aux enfants dans la pauvreté, des initiatives inspirées des difficultés financières vécues par sa famille. Le Toronto Star Fresh Air Fund (fonds air frais du Toronto Star), créé en 1901, permet aux enfants de s’éloigner des conditions estivales oppressantes de Toronto en passant du temps dans des camps, des fermes et d’autres endroits où l’air, la nourriture et l’eau sont plus sains. Cinq ans plus tard, Joseph Atkinson crée le Toronto Star Santa Claus Fund (fonds du père Noël du Toronto Star) pour offrir des cadeaux de Noël aux personnes démunies.

Joseph Atkinson s’efforce de façonner la politique du Parti libéral pour l’aligner à ses convictions personnelles et aux causes qu’il défend dans les pages du Star. En janvier 1916, il préside un comité consultatif du parti chargé d’étudier la législation sur la santé et la réforme sociale, recommandant des mesures telles que le salaire minimum, les pensions de vieillesse, l’assurance-chômage et l’indemnisation des travailleurs, qui influencent le programme du parti lors de son congrès de direction de 1919 (voir Politique sur la santé; Assurance-chômage). Il rompt brièvement avec les libéraux en 1917 au sujet de la conscription et appuie le gouvernement unioniste de Robert Borden lors des élections fédérales cette année-là.

Après la Première Guerre mondiale

Dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale, Joseph Atkinson oriente le journal plus vers la gauche, soutenant la grève générale de Winnipeg et s’engageant moins dans les stratégies anticommunistes (le « red-baiting ») que ses rivaux. Il soutient également la création d’institutions telles qu’une compagnie d’hydroélectricité provinciale, la Commission des transports de Toronto et l’Église unie du Canada. Les réformes sociales sont mises en avant dans tout le journal, reflétant la conviction d’Atkinson que chaque page doit refléter la philosophie du Star, qui consiste à soutenir les opprimés et les défavorisés.

Avec l’aide de son gendre, Harry C. Hindmarsh, Joseph Atkinson investit massivement dans les reportages, utilisant tous les moyens possibles pour obtenir des articles exclusifs. (Voir Journalisme.) Le Toronto Star Weekly s’impose comme une publication indépendante du week-end. Parmi les rares échecs financiers de Jospeh Atkinson, on compte une brève possession du London Advertiser au milieu des années 1920, qui ne réussit pas à damer le pion au London Free Press, de tendance conservatrice.

Au fil du temps, les philosophies qui guident le Star finissent par être appelées « les principes Atkinson ». Ces philosophies se résument habituellement au soutien d’un Canada fort, uni et indépendant, à la justice sociale, aux libertés individuelles et civiles, à l’engagement communautaire et civique, aux droits des travailleurs et au rôle nécessaire du gouvernement. (Voir aussi Histoire de la classe ouvrière.)

Au cours des années 1930, Joseph Atkinson partage les préoccupations du chef libéral fédéral William Lyon Mackenzie King au sujet du premier ministre ontarien Mitchell Hepburn et de son opposition à l’État providence. Joseph Atkinson intervient pour aider à dicter les conditions qui règlent la grève chez General Motors à Oshawa en 1937. (Voir Grève d’Oshawa.) Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Joseph Atkinson convainc Lyon Mackenzie King d’introduire les allocations familiales, ce qui aboutit à leur introduction lors du discours du Trône de 1944. Pendant la guerre, les querelles entre Joseph Atkinson, le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, George Drew, et l’éditeur du Globe and Mail, George McCullagh, s’aggravent, menant même à un procès en diffamation contre le journal rival en 1941, qui n’aboutit toutefois pas. (Voir Parti conservateur.)

Décès

Joseph Atkinson décède chez lui à Forest Hill (fusionnée à Toronto en 1967) le 8 mai 1948. Il lègue le Star à sa fondation philanthropique, l’Atkinson Charitable Foundation, dont il a l’intention de distribuer les bénéfices sous forme de dons à des organisations qui encouragent les réformes économiques et sociales. Le testament est toutefois contesté par ses ennemis politiques et professionnels pour forcer la vente du Star, ce qui conduit finalement à l’achat du journal par ses administrateurs une décennie plus tard.