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Justin Trudeau

Justin Pierre James Trudeau, C. P., 23e premier ministre du Canada (2015-), enseignant, intervenant en matière de questions d’intérêt public (né le 25 décembre 1971 à Ottawa, en Ontario). Justin Trudeau, fils de l’ancien premier ministre Pierre Trudeau, déjoue les attentes à maintes reprises. En 2007, il remporte contre deux politiciens chevronnés la course à l’investiture du Parti libéral du Canada dans la circonscription montréalaise de Papineau. Un an plus tard, il est élu à la Chambre des communes, à la confusion des commentateurs ayant insisté sur le fait que les électeurs francophones considéraient son nom comme synonyme de politique empoisonnée. Il devient chef du Parti libéral en 2013. Il mène celui-ci de la troisième à la première place à la Chambre, et devient ainsi premier ministre d’un gouvernement majoritaire en 2015. Au cours des élections en 2019, le Parti libéral de Justin Trudeau perd des voix, mais obtient un nombre suffisant de sièges pour former un gouvernement minoritaire.

Enfance et formation

Justin Trudeau, fils aîné de Pierre et Margaret Trudeau, naît à Ottawa le jour de Noël 1971. La politique lui coule dans les veines : son père a été premier ministre du Canada et son grand-père maternel, Jimmy Sinclair, a été membre du Cabinet fédéral dans les années 1950. Après la séparation de ses parents quand il a six ans, Justin et ses deux frères cadets, Alexandre et Michel, habitent avec leur père. Les garçons vivent à la résidence officielle du premier ministre, le 24, promenade Sussex, où ils sont fréquemment vus en public.

Pierre Trudeau
Trudeau, vainqueur de l'élection de 1980, est déterminé de rapatrier la Constitution au Canada (avec la permission de Canapress)

Quand Justin a 12 ans, Pierre se retire de la politique. Le père et ses fils déménagent à Montréal où Justin fait ses études secondaires au Collège Jean-de-Brébeuf, l’alma mater de son père.

Justin Trudeau fréquente l’Université McGill où il devient membre de l’équipe de débats et bénévole au centre d’agression sexuelle mis sur pied par les étudiants. Après avoir obtenu son B.A. en littérature anglaise en 1994, il voyage durant un an à l’étranger. Il revient à McGill où il étudie pour devenir enseignant. Avant d’avoir obtenu son diplôme, Justin Trudeau déménage à Whistler, en Colombie-Britannique, où il devient instructeur de planche à neige et travaille comme portier dans une boîte de nuit. Après plusieurs mois, il reprend ses études, cette fois-ci à l’Université de la Colombie-Britannique où il décroche un baccalauréat en enseignement en 1998.

Après avoir occupé le poste d’enseignant suppléant à Coquitlam, en Colombie-Britannique, il décroche un poste permanent à la West Point Grey Academy, une école privée située à Vancouver, où il enseigne le français et les mathématiques. Il passe éventuellement au système d’écoles publiques et enseigne à l’École secondaire Sir Winston Churchill à Vancouver.

Changement personnel

Deux tragédies contribuent à modifier la trajectoire de vie de Justin Trudeau. En 1998, son frère Michel meurt dans une avalanche tout près de Kokanee Lake, en Colombie-Britannique. Puis, en 2000, son père succombe à un cancer de la prostate. L’éloge funèbre qu’il livre lors des obsèques publiques télévisées ramène Justin Trudeau sous les projecteurs et suscite des spéculations voulant qu’il entre en politique fédérale.

Entre 2002 et 2007, Justin Trudeau revient à Montréal où il étudie d’abord l’ingénierie à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal, puis la géographie environnementale à McGill. Il ne complète aucun des deux programmes, se tournant plutôt vers le travail de représentation.

Justin Trudeau et Sophie Grégoire commencent à se fréquenter en 2003. C’est une amie d’enfance de son plus jeune frère Michel. Elle travaille comme animatrice à la télévision et à la radio pour différentes chaînes françaises et anglaises du Québec. Ils s’unissent le 28 mai 2005 et ont trois enfants : Xavier, Ella-Grace et Hadrien.

Justin Trudeau et sa famille (2013)

Travail de représentation

Justin Trudeau s’implique dans diverses questions d’intérêt public, d’abord à Vancouver. Après le décès de son frère, il travaille à sensibiliser les gens aux avalanches, devenant un directeur de la Fondation canadienne des avalanches et contribuant à mettre sur pied le Canadian Avalanche Centre. Il sert à titre de directeur de Katimavik, le programme de service volontaire destiné aux jeunes, puis de président du conseil d’administration. Il parle de questions environnementales, dirigeant la campagne Nahanni Forever qui vise à protéger et à agrandir la réserve de parc national Nahanni des Territoires du Nord-Ouest menacée par un projet de mine.

En 2006, Justin Trudeau est maître de cérémonie d’un important rassemblement à Toronto visant à exhorter les Nations Unies à déployer plus d’efforts pour mettre fin à l’épuration ethnique qui fait rage au Darfour, en Afrique. En 2008, lors d’un discours donné au rassemblement de la Journée UNIS à Toronto, un événement organisé par l’œuvre de bienfaisance Free the Children (voir aussiCraig Kielburger), Justin Trudeau encourage les jeunes à s’impliquer en politique. Durant cette période, il est largement présent dans les médias : il est maître de cérémonie du gala du prix littéraire Giller, il interprète Talbot Papineau, un soldat de la Première Guerre mondiale, dans une minisérie de CBC, et il anime un segment hebdomadaire sur les actualités pour une station radio de langue française basée à Montréal.

Le saut en politique

Durant sa jeunesse, Justin Trudeau ne fait pas de politique partisane, mais après la défaite des libéraux aux élections fédérales de 2006, il offre son aide à Tom Axworthy, ancien secrétaire principal de Pierre Trudeau et directeur de la Commission du renouveau du Parti libéral. Tom Axworthy nomme Justin à la tête du groupe de travail de la commission qui se concentre sur les problèmes concernant les jeunes.

À la course au leadership du Parti libéral en 2006, Justin Trudeau fait campagne pour l’ancien membre du Cabinet de l’Ontario Gerard Kennedy, transférant son appui à l’éventuel vainqueur Stéphane Dion après l’abandon de Kennedy. Justin Trudeau se découvre un talent pour les campagnes électorales. En 2007, il remporte contre deux politiciens chevronnés la course à l’investiture du Parti libéral du Canada dans la circonscription montréalaise de Papineau. Les francophones comptent pour presque la moitié de la population de Papineau. Plusieurs sont des nationalistes québécois qui, aux élections de 2006, élisent un député du Bloc québécois qui clame que Justin Trudeau – à l’instar de son père – est hostile envers le Québec. Aux élections de 2008, Justin Trudeau remporte la circonscription, mais son parti perd les élections générales; les conservateurs demeurent au pouvoir avec un gouvernement minoritaire.

Député

Après la nomination de Michael Ignatieff au poste de leader du Parti libéral en 2009, Justin Trudeau est nommé porte-parole des jeunes et du multiculturalisme, et plus tard, des jeunes, de la citoyenneté et de l’immigration.

Justin Trudeau est réélu dans Papineau en 2011, mais les élections fédérales sont un désastre pour son parti qui termine au troisième rang dans la Chambre des communes. Les conservateurs remportent une majorité de sièges, et en deuxième place, les néo-démocrates supplantent les libéraux à titre d’opposition officielle. Le résultat est le pire de toute l’histoire du Parti libéral, poussant certains analystes à prédire la mort imminente du parti. Après la démission de Michael Ignatieff, on souhaite que Justin Trudeau se présente à la direction du parti, mais plusieurs critiques refusent de le prendre au sérieux, remettant en question son expérience et ses capacités intellectuelles.

Justin Trudeau veut faire ses preuves publiquement. Il invite le sénateur conservateur Patrick Brazeau à l’affronter dans le ring afin d’amasser des fonds pour la recherche sur le cancer. « On me sous-estime souvent », dit Justin Trudeau. « On me voit comme un poids plume. Si je gagne ce match, peut-être qu’on me prendra plus au sérieux. »

Des amis déconseillent à Justin Trudeau d’affronter Patrick Brazeau – plus jeune et plus lourd – un ancien soldat qui a une ceinture noire en karaté. Les experts prévoient la défaite de Justin Trudeau : on se demande seulement s’il sera blessé dans le ring. On oublie de prendre en compte l’expérience de Justin Trudeau en tant que boxeur amateur et le régime d’entraînement qu’il s’impose avant le combat. Justin Trudeau calcule que Patrick Brazeau, un fumeur, ne tiendra pas longtemps dans le ring. En mars 2012, Justin Trudeau est déclaré vainqueur après trois rondes quand l’arbitre interrompt le combat.

Leadership libéral

Le 2 octobre 2012, Justin Trudeau lance sa campagne pour la direction de son parti. Il émerge rapidement comme le meneur devant ses adversaires moins connus. Sa candidature déclenche un intérêt public généralisé, et le parti gagne en popularité dans les sondages d’opinion en prévision d’une victoire de Justin Trudeau. Le 14 avril 2013, il devient le chef du Parti libéral avec près de 80 % des votes.

Justin Trudeau

Justin Trudeau s’emploie immédiatement à redynamiser un Parti libéral en difficulté, déchiré par la guerre intestine entre les anciens premiers ministres Jean Chrétien et Paul Martin, et éprouvé par le leadership inefficace de Michael Ignatieff. Justin Trudeau s’avère un leader énergique et un excellent collecteur de fonds. Ses adversaires le perçoivent comme un dilettante. Les conservateurs du premier ministre Stephen Harper calculent que Justin Trudeau se plantera en campagne électorale, si on lui donne assez de temps.

Élections de 2015

Stephen Harper déclenche des élections plus de deux mois avant le jour du scrutin. C’est la campagne la plus longue depuis les années 1870. Dans les campagnes récentes, il y a habituellement deux débats télévisés : un en anglais et un en français. Cette fois-ci, les néo-démocrates et les conservateurs font pression pour qu’il y ait davantage de débats, convaincus que Justin Trudeau craquera sous les projecteurs. Les trois partis se mettent d’accord pour cinq débats, du jamais vu.

Dépassant les attentes, les libéraux mènent une solide campagne et Justin Trudeau s’en sort bien durant les débats. Les libéraux promettent du changement après neuf ans de règne conservateur, s’engageant à légaliser la marijuana, à accueillir des dizaines de milliers de réfugiés syriens, et à enregistrer de légers déficits pour financer des améliorations aux infrastructures. Le 19 octobre 2015, jour du scrutin, les libéraux passent de la troisième à la première place, obtenant un gouvernement majoritaire avec 184 sièges sur 338 à la Chambre des communes – 150 de plus qu’en 2011.

Justin Trudeau

Premier ministre

Justin Trudeau fait immédiatement les manchettes en formant un Cabinet qui respecte la parité entre hommes et femmes, une première au Canada.

Durant ses deux premières années, le gouvernement de Justin Trudeau accueille 40 000 réfugiés syriens au pays. Il allège l’impôt des particuliers de la classe moyenne et l’augmente pour les plus nantis. Les modifications apportées au Régime de pensions du Canada se traduisent par une hausse des taux de cotisation et une réduction des économies fiscales globales pour de nombreux citoyens. Toutefois, elles représentent aussi des avantages accrus pour les retraités.

Le gouvernement ouvre également une enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada, laquelle s’englue rapidement dans des conflits internes et souffre de désorganisation. Les membres démissionnent, et le gouvernement désigne de nouveaux commissaires. Le rapport, rendu public en 2019, conclut que la police et les poursuivants ont souvent fait preuve d’indifférence face au meurtre de femmes autochtones. Il emploie à plusieurs reprises le mot « génocide » pour qualifier le traitement subit par les peuples autochtones au Canada. « Nous acceptons les conclusions des commissaires de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles disparues et assassinées [ENFFADA], notamment en ce qui a trait au génocide », déclare Justin Trudeau. « Il y a plusieurs débats entourant les mots [...]. Notre objectif, comme pays, comme leader et comme citoyens doit être de se concentrer sur les étapes à entreprendre pour mettre fin à cette situation », ajoute-t-il.

Dans son combat contre le changement climatique, le gouvernement de Justin Trudeau encourage les provinces à adopter des mesures réduisant les émissions de gaz à effet de serre. En 2019, l’imposition de la taxe fédérale sur les émissions carboniques entre en vigueur dans les provinces dont le gouvernement n’a pas mis en place un plan de tarification du carbone, notamment en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et au Nouveau-Brunswick.

Le gouvernement Trudeau légalise l’aide à mourir dans certaines circonstances et le cannabis, met en œuvre une Stratégie nationale sur le logement décennale dont le budget s’élève à 55 milliards de dollars et crée la prestation fiscale canadienne pour enfants destinée aux familles à revenu faible et moyen.

Le premier ministre présente ses excuses pour sept injustices historiques : la décision d’Ottawa en 1914 de refuser l’entrée au pays de passagers indiens qui se trouvent sur le SS Komagata Maru; la maltraitance de jeunes pensionnaires à Terre-Neuve; la condamnation injustifiée et la pendaison de chefs chilcotins durant la guerre des Chilcotins de 1864; le rejet de la demande d’asile de 900 juifs allemands fuyant la persécution en 1939 (voirPaquebot Saint Louis); la gestion gouvernementale de l’épidémie de tuberculose parmi les Inuits des années 1940 aux années 1960; la discrimination du gouvernement fédéral fondée sur l’orientation sexuelle des fonctionnaires (voirPurges dans le service public canadien pendant la guerre froide : le cas des personnes LGBTQ); et la condamnation de Pitikwahanapiwiyin (chef Poundmaker) pour trahison durant la Rébellion du Nord-Ouest de 1885. Lors de cette exonération, Justin Trudeau prononce un discours et présente des excuses formelles au nom du gouvernement du Canada.

FADA
Justin Trudeau prononce un discours sur les femmes autochtones disparues et assassinées devant le Parlement à Ottawa (octobre 2016).
Justin Trudeau et Perry Bellegarde
Prime Minister Justin Trudeau and national chief of the Assembly of First Nations (AFN) Perry Bellegarde talk before the beginning of the AFN Special Chiefs Assembly in Québec, 2015.

Réforme du Sénat

Justin Trudeau effectue la première réforme importante au Sénat depuis l’imposition de l’âge de la retraite à 75 ans en 1965. Alors dans l’opposition, il promet de travailler à un Sénat non partisan et, en 2014, à titre de première étape, il évince des sénateurs libéraux du caucus parlementaire du parti.

À titre de premier ministre, il nomme un conseil consultatif chargé de recommander des personnes nommées au Sénat sur la base du mérite, et un chef indépendant de tout caucus sénatorial. De nouveaux sénateurs siègent désormais en tant qu’indépendants, et non à titre de membres de caucus partisans. En deux ans, le nombre de sénateurs indépendants dépasse le nombre de sénateurs conservateurs qui ont formé le plus important caucus dans la chambre.

Relations avec Donald Trump

À la suite de l’élection du président américain Donald Trump en 2016, l’attention du gouvernement Trudeau se tourne principalement vers les relations canado-américaines. Le défi vient à la fois de la menace du président d’annuler l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) et de l’imprévisibilité générale de Donald Trump. Justin Trudeau noue une relation amicale avec Donald Trump, évitant toute critique publique de ses politiques. Justin Trudeau demande de l’aide à l’extérieur du Parti libéral, consultant l’ancien premier ministre Brian Mulroney, l’ancienne chef conservatrice par intérim Rona Ambrose et d’autres honorables Canadiens qui ont des liens étroits avec les États-Unis.

Au début de 2018, quand la menace des États-Unis de se retirer de l’accord semble être plus qu’un stratagème de négociation, le gouvernement Trudeau adopte une ligne plus dure, contestant les pratiques commerciales américaines sous la forme d’une plainte formulée auprès de l’organisation mondiale du commerce. En novembre 2018, les trois partis membres de l’ALÉNA annoncent avoir conclu un nouvel accord commercial : l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACÉUM). Les différences entre ces deux accords sont mineures. L’ALÉNA demeure en vigueur en attendant que tous les partis ratifient le nouveau pacte.

Justin Trudeau
Premier ministre Justin Trudeau et le président américain Donald Trump lors d'une réunion à la Maison Blanche le 13 février 2017.

Controverses et défis

Le gouvernement de Justin Trudeau creuse un déficit plus lourd que prévu et ne parvient pas à respecter son engagement d’équilibrer le budget fédéral avant les élections de 2019. Il subit aussi un échec quant à la réparation de Phoenix, le nouveau système de rémunération des fonctionnaires fédéraux embourbé dans des problèmes depuis son lancement en 2016. Tout comme les gouvernements précédents, le gouvernement de Justin Trudeau reporte à maintes reprises l’approvisionnement en nouveaux avions de combat à réaction et navires militaires. Par ailleurs, le premier ministre attire aussi les critiques pour sa renonciation à la réforme du système électoral, soit une importante promesse formulée aux citoyens lors de sa campagne de 2015.

Des activistes de l’écologie et le gouvernement de la Colombie-Britannique s’opposent à Justin Trudeau et à son gouvernement pour leur décision d’approuver le projet d’expansion de la société Trans Mountain, lequel augmenterait l’exportation du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta. Il s’agit d’une perpétuelle source de tension politique au cours de la deuxième moitié de son mandat.

En 2017, Justin Trudeau est impliqué dans un scandale d’éthique – et reconnu coupable d’avoir enfreint la Loi fédérale sur les conflits d’intérêts – après avoir pris des vacances avec sa famille sur l’île privée des Bahamas de l’Aga Khan, milliardaire et leader spirituel, dont la fondation canadienne a, par le passé, fait du lobbying auprès du cabinet du premier ministre (CPM) et reçu des fonds fédéraux.

Justin Trudeau et le gouvernement libéral sont accusés d’interférence politique dans un procès contre le vice-amiral Mark Norman. On accuse ce dernier d’abus de confiance pour avoir prétendument divulgué des informations confidentielles en 2014-15 à propos d’un contrat de défense pour un navire ravitailleur militaire. L’accusation est suspendue en mai 2019, lorsque la défense présente des preuves que Mark Norman collaborait étroitement avec le bureau de l’ancien premier ministre Stephen Harper sur l’accord et qu’il avait été autorisé à fournir des informations à Davie Shipyard, le chantier naval à qui on a confié le contrat. L’équipe juridique du vice-amiral accuse alors le gouvernement libéral d’avoir retenu délibérément des documents pertinents à l’enquête originale et de s’être immiscé dans la poursuite contre Mark Norman. Bien que le gouvernement de Justin Trudeau nie toute interférence politique, il annonce qu’il remboursera les coûts de la défense de Mark Norman. La Chambre des communes présente aussi des excuses formelles à ce dernier. En juin 2019, le ministère de la Défense nationale annonce la négociation d’un accord avec le vice-amiral qui prendra sa retraite des Forces canadiennes.

En février 2019, un autre scandale éclate au sein du gouvernement Trudeau lorsque Jody Wilson-Raybould démissionne du cabinet et allègue publiquement que le CPM a indûment fait pression sur elle alors qu’elle défend le mandat de procureure générale. L’annonce de sa démission suit des révélations au Globe and Mail que le cabinet a tenté d’influencer ses actions dans l’affaire fédérale entourant la firme d’ingénierie SNC-Lavalin. Le témoignage de Jody Wilson-Raybould donne lieu à des demandes de démission du premier ministre de la part de l’opposition, ainsi qu’à des demandes d’enquête publique ou criminelle sur les actions du gouvernement. Gerald Butts, secrétaire principal du premier ministre, démissionne. La présidente du Conseil du TrésorJane Philpott, fait de même, citant comme motif sa « perte de confiance » envers le gouvernement. Plus tard, Justin Trudeau expulse Jane Philpott et Jody Wilson-Raybould du caucus libéral. En août 2019, un rapport du commissaire à l’éthique Mario Dion conclut que Justin Trudeau a exercé des pressions indues sur la procureure générale et a ainsi violé la Loi sur les conflits d’intérêts. En réponse au rapport, Justin Trudeau déclare qu’il accepte la responsabilité des erreurs qu’il a commises, mais qu’il n’est pas d’accord avec certaines des conclusions tirées par Mario Dion. Selon d’autres libéraux, ce dernier aurait mal interprété la Loi sur les conflits d’intérêts. Les sondages d’opinion publique révèlent une forte chute dans le soutien du Parti libéral à la suite de la démission de Jody Wilson-Raybould en février, mais celui-ci commence sa remontée au début de l’été 2019.

Au début de la campagne électorale 2019 de Justin Trudeau, des photos et des vidéos montrant le premier ministre en « blackface » (visage maquillé en noir) font surface à trois occasions différentes. Ces images proviennent d’une soirée costumée à thématique « Les mille et une nuits » lorsqu’il enseignait à l’Académie West Point Grey en 2001 et de deux moments lorsque Justin Trudeau était étudiant à l’école secondaire. Le premier ministre s’excuse rapidement en s’adressant « directement aux personnes racisées qui font face à la discrimination quasiment tous les jours, même dans un pays tel que le Canada ».

Ce que j’ai fait les a blessés – a blessé des gens qui ne devraient pas faire face à l’intolérance et à la discrimination en raison de leur identité. Je le regrette profondément, profondément. Foncer sa peau, quel que soit le contexte, quelles que soient les circonstances, est toujours inacceptable à cause du passé raciste du « blackface ». J’aurais dû comprendre cela à l’époque, et je n’aurais jamais dû le faire.

Les organes de presse internationale, notamment la BBC, la CNN, le New York Times et Al Jazeera accordent également une grande attention à cet incident.

Élections fédérales de 2019

Malgré la polémique, Justin Trudeau remporte sa circonscription au cours des élections fédérales du 21 octobre 2019. Le Parti libéral obtient 157 sièges au total, formant ainsi un gouvernement minoritaire relativement fort. Cependant, par rapport aux élections de 2015, le Parti perd des votes dans toutes les provinces, et particulièrement dans les Prairies, où l’Alberta et la Saskatchewan n’élisent pas un seul député libéral. Les libéraux perdent aussi les suffrages exprimés : ils en obtiennent 33 %, contre plus de 34 % recueillis par le Parti conservateur.

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