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La Scouine

La Scouine, d'Albert Laberge (1918), série de tableaux discrets qui s'emboîtent les uns dans les autres pour former un roman, est le premier exemple de naturalisme canadien-français.

La Scouine, d'Albert Laberge (1918), série de tableaux discrets qui s'emboîtent les uns dans les autres pour former un roman, est le premier exemple de naturalisme canadien-français. Tout en démythifiant le portrait romantique de la vie des paysans au XIXe siècle, portrait approuvé et encouragé par l'Église, le roman allie les descriptions détaillées, le langage et l'humour de la région à une attitude pessimiste envers la nature humaine. Paulima, la fille d'Urgèle et de Mâço Deschamps, est surnommée « La Scouine » à cause de l'odeur très désagréable qu'elle dégage. Son sobriquet d'ailleurs reflète son caractère de vieille fille avare et bavarde. Des scènes traditionnelles, comme les récoltes, la fête foraine automnale et la visite du pasteur, sont présentées à l'aide d'images chrétiennes, rapidement ébranlées par la bassesse répugnante des paysans. Des extraits publiés en 1903 sont censurés et la seule édition possible par la suite est une édition privée (1918) de 60 exemplaires. L'anthologie de l'oeuvre de Laberge, rédigée par Gérard Bessette, est suivie d'une édition en fac-similé (1968), qui est retirée de la circulation sur l'insistance du fils de Laberge. Finalement publié en 1972, La Scouine, jusque-là classique réduit à la clandestinité, est traduit en anglais par C. Dion sous le titre Bitter Bread (1977).

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