Lady Elizabeth Louise Mary Monck, vicomtesse Monck de Ballytrammon, consort vice-royale de l’Amérique du Nord britannique de 1861 à 1867 et du Dominion du Canada de 1867 à 1868 (née le 1ermars 1814; décédée le 16 juin 1892 à Charleville, Enniskerry, comté de Wicklow, en Irlande). Lady Monck a été la première consort vice-royale du Dominion du Canada et la première à résider à Rideau Hall.
Lady Monck (née Elizabeth Louise Monck), épouse
de Charles Stanley Monck, 4e vicomte Monck de Ballytrammon, gouverneur
général du Canada de 1867 à 1868.
(photo par William James Topley, avec la permission de Topley Studio/Bibliothèque
et Archives Canada/PA-027932)
Jeunesse et famille
Elizabeth Monck est la quatrième des 11 filles des aristocrates anglo-irlandais Henry Stanley Monck, 1ercomte de Rathdowne et 2evicomte Monck, et Frances Trench, fille de William Trench, 1ercomte de Clancarty. Héritières de la fortune de leur père, Elizabeth et ses sœurs n’hériteront cependant pas de ses titres. Le titre de comte s’éteint au décès de ce dernier et le titre de vicomte passe à leur oncle (et futur beau-père d’Elizabeth) Charles Monck. L’arrière-petite-fille d’Elizabeth, Elisabeth Batt, écrira plus tard: « Jeune fille, Elizabeth était un peu trop audacieuse au goût de certaines de ses sœurs, hardie et pleine de vie. »
Le vicomte Monck est le premier gouverneur général du Canada. Photo prise à Montréal, au Québec, en 1868.
Le 22 juillet 1844, Elizabeth épouse Charles Stanley Monck, son cousin germain, qui succède à son père à titre de 4evicomte du nom en 1849. Le couple met au monde sept enfants, dont quatre survivent jusqu’à l’âge adulte : Frances, Henry, Elizabeth et Richard. Les Monck forment une famille unie et les quatre enfants suivront leurs parents au Canada.
Frances devient sourde après avoir contracté la scarlatine à l’âge de trois ans. Avant de devenir consort vice-royale, lady Monck passe une partie de chaque année avec sa fille à Paris afin qu’elle puisse fréquenter l’École des sourds (aujourd’hui l’Institut national des jeunes sourds de Paris), alors considérée comme un établissement modèle au Royaume-Uni et en Amérique du Nord.
Le vicomte Monck
et sa famille à Rideau Hall. Photo prise à Ottawa, en Ontario, en 1866.
Consort vice-royale du Canada
Le vicomte Monck est nommé gouverneur de l’Amérique du Nord britannique en 1861. Il débarque à Québec avec sa famille en octobre de la même année. Les premiers mois sont difficiles pour lady Monck, qui s’ennuie de l’Irlande. Comme il n’y a pas de résidence convenable à leur arrivée, les Monck sont temporairement logés à l’étroit à l’hôtel du Parlement, puis sur la rue Saint-Louis, avant de déménager à l’extérieur de la ville, à Spencer Wood, la résidence fraîchement restaurée après un incendie. Lady Monck aime la compagnie des Canadiens français et visite le couvent des Ursulines et l’Université Laval, ce qui fera dire à des journalistes canadiens-anglais que les Monck prêtent flanc à « l’influence indue des papistes et des Français ».
Lady Monck fait des apparitions publiques au Canada-Est (Québec) et au Canada-Ouest (Ontario), visitant des écoles et des orphelinats et invitant des enfants à Spencer Wood. Elle ne voyage pas à l’extérieur de ces provinces, cependant, car les moyens de transport sont limités. Les futures visites vice-royales profiteront des chemins de fer Intercolonial et Canadien Pacifique, construits plus tard au 19esiècle.
En 1864, lady Monck et ses enfants rentrent en Europe pour administrer les domaines irlandais de la famille et présenter Frances à la reine Victoria. Lady Monck n’assiste donc pas à la Conférence de Québec, que son mari accueille en octobre. C’est sa nièce, Frances « Feo » Monck, qui la remplace comme hôtesse. Revenue au Canada, lady Monck donne une réception en l’honneur de l’ouverture de la première législature du Dominion du Canada. Comme son mari, elle critique le choix d’Ottawa comme nouvelle capitale du Canada, mais elle porte beaucoup d’attention à l’aménagement paysager et aux jardins de Rideau Hall.
Relations politiques
Lady Elizabeth Monck s’intéresse à la politique canadienne et correspond avec des politiciens en vue, dont Hector-Louis Langevin, George-Étienne Cartier et Thomas D’Arcy McGee. Ce dernier s’adresse à elle en écrivant « my Governess General » et la compte parmi « ses meilleurs amis ». Lady Monck est plus critique à l’endroit du premier ministre John A. Macdonald, à qui elle reproche de trop boire à ses réceptions.
Durant son séjour en Europe, lady Monck continue de suivre la politique canadienne. En mars 1865, par exemple, elle écrit à son fils Henry, qui fréquente alors le collège d’Eton en Angleterre: « Le projet de fédération a été adopté au Parlement canadien à une large majorité […] Les craintes sont grandes qu’il soit rejeté au Nouveau-Brunswick, en raison des résultats des élections. » Durant toutes les années qu’elle passe comme consort vice-royale, lady Monck tient un journal, malheureusement disparu aujourd’hui.
Réputation
Lady Elizabeth Monck a la réputation de tenir au respect des convenances. En 1903, dans un livre consacré aux Canadiennes célèbres, HenryJ. Morgan dit qu’elle devient « très impopulaire auprès des dames du Canada, à cause de ses méthodes strictes concernant la tenue d’apparat, et pour d’autres raisons ». Plus tard, des livres d’histoire du Canada feront ressortir ce trait qui la défavorise par rapport aux consorts vice-royales qui lui ont succédé au 19esiècle, en particulier l’avenante lady Dufferin. Selon Elisabeth Batt, lady Monck se plaint du relâchement des convenances dans les réunions mondaines, mais ses amis et voisins au Canada livrent des « témoignages affectueux de sa cordialité et de sa spontanéité ».
Dernières années
Lady Elizabeth Monck rentre en Irlande lorsque le mandat de gouverneur général de son mari prend fin en 1868. Comme elle est de santé fragile, le vicomte refuse d’autres nominations à l’étranger, dont celle de gouverneur de Madras, en Inde, de crainte que le climat chaud n’aggrave l’état de son épouse. Lady Monck rend l’âme en 1892, deux ans avant son mari.