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Laura Secord

Laura Secord, née Ingersoll, loyaliste, personnage historique mythifiée (née le 13 septembre 1775 à Great Barrington, au Massachusetts; décédée le 17 octobre 1868 à Chippawa [ Niagara Falls], en Ontario). Pendant la guerre de 1812, Laura Secord a parcouru 30 kilomètres à pied, de Queenston à Beaver Dams, près de Thorold en Ontario, pour avertir le lieutenant britannique James FitzGibbon que les Américains prévoyaient attaquer son poste. L’histoire de son périple est devenue légendaire, et Laura Secord elle-même est maintenant un personnage mythique de l’histoire du Canada.

Laura Secord, résidence de

Jeunesse

Laura Ingersoll est la fille de Thomas Ingersoll, un Américain qui s’est rangé du côté des Patriots lors de la Révolution américaine (de 1775 à 1783). En 1795, Thomas Ingersoll déménage sa famille dans la péninsule de Niagara, et ouvre une taverne à Queenston. L’emplacement de sa ferme à l’époque est maintenant la ville actuelle d’Ingersoll. En 1797, Laura épouse James Secord, un marchand de Queenston.

Le périple de Laura Secord

Au début de la guerre de 1812, James Secord est sergent de la 1re milice de Lincoln. Il est blessé lors de la bataille des Hauteurs-de-Queenston; Laura lui porte secours sur le champ de bataille et le ramène à la maison pour le soigner pendant sa convalescence. En juin 1813, Queenston étant occupée par des troupes américaines et James Secord étant toujours en convalescence, les Secord se voient obligés d’héberger des officiers américains dans leur maison.

D’une façon ou d’une autre, Laura Secord apprend que les Américains prévoient attaquer les forces britanniques à Beaver Dams. Comme James Secord est incapable de faire le voyage pour aller avertir le lieutenant britannique James FitzGibbon, Laura Secord part seule, empruntant un chemin difficile à travers un terrain inhospitalier pour éviter les sentinelles américaines. Elle reçoit également l’aide d’un groupe d’hommes des Premières Nations qu’elle rencontre en cours de route. Laura Secord atteint la maison de John De Cou, où James FitzGibbon a installé son quartier général, probablement le 22 ou le 23 juin.

Le 24 juin 1813, les troupes américaines du colonel Charles Boerstler sont prises en embuscade près de Beaver Dams par 300 guerriers Kanyen’kehà:ka (Mohawk) de Kahnawake, auxquels se joignent ensuite 100 autres guerriers Kanyen’kehà:ka dirigés par le capitaine William Kerr. James FitzGibbon arrive avec 50 soldats du 49e Régiment et persuade Charles Boerstler de se rendre. Les rapports officiels sur cette victoire ne font aucune mention de Laura Secord. (Voir Bataille de Beaver Dams.)

Rencontre entre Laura Secord et le lieutenant britannique James FitzGibbon en juin 1813.

Laura Secord demande à être reconnue

Laura Secord n’a jamais révélé de quelle façon elle avait pris connaissance du plan américain et, bien qu’elle ait transmis un message à James FitzGibbon, il n’est pas certain qu’elle soit arrivée avant les éclaireurs autochtones qui apportaient la même nouvelle. Dans son rapport sur la bataille, James FitzGibbon écrit : « Chez [John] De Cou ce matin, vers 7 heures, j’ai reçu des informations selon lesquelles […] l’ennemi […] s’avance sur nous ».

Cependant, James FitzGibbon fournit plus tard un témoignage écrit afin de soutenir la demande ultérieure de Laura Secord au gouvernement pour obtenir une pension, en 1820 et en 1827. Dans ce dernier témoignage, il écrit que Laura Secord est venue le voir « le 22e jour de juin 1813 » et « qu’en conséquence de cette information », il a positionné les guerriers autochtones pour intercepter les Américains. En 1837, il témoigne que Laura Secord l’a averti d’une attaque américaine, mais il ne donne aucune date précise, et il affirme avoir écrit son témoignage « de mémoire et dans un moment de grande hâte. »

La requête de Laura Secord pour obtenir une pension militaire est refusée. La seule reconnaissance qu’elle obtient de son vivant pour ce périple ardu lui est accordée vers la fin de sa vie. En 1860, Albert Edward, prince de Galles (futur roi Édouard VII), entend parler de sa longue marche alors qu’il visite le Canada. Laura Secord a préparé un mémorial décrivant le service qu’elle a rendu, et elle a apposé sa signature parmi celles des anciens combattants de la guerre de 1812, qui ont préparé une adresse au prince. À son retour en Angleterre, le prince Albert lui envoie une récompense de 100 £. Laura Secord meurt en 1868 à l’âge de 93 ans.

Laura Secord

Mythification de l’héroïne

Bien que les détails exacts des efforts de Laura Secord pour avertir James FitzGibbon et sonner l’alarme demeurent incertains, ils sont intégrés à la mythologie canadienne et sont utilisés pour susciter un sentiment de nationalisme canadien. Laura Secord est immortalisée dans des livres, dans des pièces de théâtre, dans la musique, et même sur un timbre-poste. L’historien Pierre Berton a affirmé que son histoire serait utilisée pour souligner le mythe croissant que la guerre de 1812 a été gagnée par de fidèles Canadiens. L’histoire de Laura Secord a été racontée de plusieurs façons, elle a parfois été embellie de manière dramatique, elle a parfois même raconté qu’elle aurait emmené une vache avec elle et l’aurait trait devant des sentinelles américaines avant de la relâcher dans la forêt, ou encore qu’elle aurait fait son périple pieds nus dans les épais sous-bois.


Personnage immortalisé dans du chocolat

La plupart des Canadiens connaissent bien la compagnie de bonbons Laura Secord. En 1913, Frank P. O’Connor, le fondateur d’une petite compagnie de bonbons de Toronto qui vendait des chocolats faits à la main, a choisi de nommer son entreprise Laura Secord, parce qu’elle « était une icône de courage, de dévouement et de loyauté. » Depuis février 2010, la compagnie Laura Secord appartient aux hommes d’affaires québécois Jean et Jacques Leclerc. La compagnie compte plus de 100 magasins à travers le Canada, ce qui en fait la chocolaterie la plus importante et la plus reconnue du pays. (Voir aussi Industrie de la confiserie.)

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