Laurence George Decore (né Lavrentiy Dikur), C.M., avocat, entrepreneur, activiste communautaire, conseiller municipal et maire d’Edmonton, député de l’assemblée législative de l’Alberta, chef du Parti libéral de l’Alberta et chef de l’opposition en Alberta (né le 18 juin 1940 à Vegreville, en Alberta; décédé le 6 novembre 1999 à Edmonton, en Alberta). Laurence Decore était un activiste communautaire et un politicien canadien d’origine ukrainienne. Conseiller municipal d’Edmonton de 1974 à 1977, puis maire de la même ville de 1983 à 1988, il est aussi connu pour avoir présidé le Conseil consultatif canadien du multiculturalisme. À ce poste, il a été responsable de la rédaction de l’article 27 de la Charte des droits et libertés, qui a mené à l’intégration du multiculturalisme dans la Constitution du Canada. Laurence Decore a également été député de l’Assemblée législative de l’Alberta de 1989 à 1997. Chef du Parti libéral de 1988 à 1994, il a été chef de l’opposition de 1993 à 1994.
Jeunesse
Laurence Decore naît et grandit à Vegreville, en Alberta, une ville où vivent bon nombre de personnes d’origine ukrainienne, comme lui. À sa naissance, il porte le nom de Lavrentiy Dikur. Comme le veut la coutume de l’époque, ses parents, Myrosia et John, anglicisent leur nom de famille.
Le père de Laurence Decore est enseignant, puis avocat. De 1949 à 1956, il est le député libéral de Vegreville. Après sa carrière politique, il devient juge.
Laurence Decore commence son éducation dans des écoles publiques de Vegreville et d’Ottawa, puis fréquente une école secondaire à Edmonton. Il étudie ensuite à l’Université de l’Alberta, d’où il décroche un baccalauréat en histoire et en sciences économiques en 1961. Trois ans plus tard, il obtient un diplôme en droit du même établissement. Il intègre ensuite le cabinet d’avocats de son père, Decore & Company, où il devient associé principal. Laurence Decore épouse Anne Marie Fedoruk, professeure de la faculté de politique éducative de l’Université de l’Alberta. Ils auront ensemble deux enfants.
En plus de travailler pour le cabinet de son père, Laurence Decore dirige plusieurs entreprises et se lance dans le développement immobilier. Il est notamment responsable de superviser la construction d’un hôtel, de centres commerciaux, d’immeubles d’appartements et de lotissements résidentiels. Il est aussi cofondateur de QCTV Ltd., qui amène la télévision par câble à Edmonton et aux communautés des environs.
Politique municipale
En octobre 1971, Laurence Decore se porte candidat comme conseiller municipal de la section électorale no 2 d’Edmonton, mais ses 7 899 votes lui valent seulement une quatrième place (sur onze). Il se présente à nouveau en octobre 1974 et remporte l’élection avec 13 213 voix. Au terme de son mandat de trois ans, il se lance dans la course à la mairie en octobre 1977, mais arrive en deuxième place, derrière Cec Purves.
Engagement communautaire
De 1973 à 1975, Laurence Decore est président de l’Alberta Cultural Heritage Council, dont il est le cofondateur. Il préside également le Conseil de santé d’Edmonton (de 1975 à 1977), la Fédération canadienne-ukrainienne des professions libérales et commerciales (de 1979 à 1981) et le Conseil consultatif canadien du multiculturalisme (de 1980 à 1983). Au Conseil, il devient responsable de la rédaction de l’article 27 de la Charte des droits et libertés, qui inscrit « l’objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens » dans la Constitution.
Maire d’Edmonton
Un an avant l’élection municipale d’Edmonton de 1983, Laurence Decore se lance à nouveau dans la course à la mairie, cette fois-ci entouré d’une équipe de huit personnes. Orientant ses efforts pour conquérir les groupes ethniques de la classe ouvrière du nord-est de la ville, il cherche aussi à obtenir le soutien des organisations professionnelles. Il promet notamment une gestion fiscale améliorée, la fin de la politique conflictuelle et le renouveau du centre-ville. Le lundi 17 octobre 1983, Laurence Decore obtient 95 981 votes. Ses cinq opposants, y compris le maire sortant Cec Purves, récoltent 60 630 voix au total.
Pendant son mandat de maire, Laurence Decore abolit le Conseil des commissaires et crée le Comité exécutif, formé du maire et de plusieurs conseillers, pour permettre aux élus d’avoir plus d’influence dans la gestion de la ville. Il déploie également des efforts pour stimuler la viabilité économique du centre-ville et améliorer la situation financière d’Edmonton.
En tant que maire, Laurence Decore critique ouvertement le premier ministre de l’Alberta, Don Getty, affirmant que le gouvernement provincial n’en fait pas assez pour enrayer le chômage et les autres problèmes d’Edmonton. De l’avis de bon nombre d’observateurs, toutefois, cette querelle tiendrait plutôt aux divergences politiques des deux hommes : Laurence Decore adopte une position libérale, tandis que Don Getty est un progressiste-conservateur.
Politique provinciale
En octobre 1988, après avoir quitté son poste à la mairie d’Edmonton, Laurence Decore remporte la course à la chefferie du Parti libéral de l’Alberta. À l’élection précédente, le parti avait seulement remporté 4 des 83 sièges, surtout en raison du manque de popularité du Parti libéral fédéral dans cette province. À l’élection provinciale du 20 mars 1989, Laurence Decore remporte haut la main le siège d’Edmonton-Glengarry. Cela n’empêche pas les progressistes-conservateurs de former un gouvernement majoritaire. De leur côté, les Libéraux améliorent leurs résultats, passant de 12,2 % à 28,7 % du vote populaire et de quatre à huit sièges. Ils finissent malgré tout en troisième place.
Au début de la campagne provinciale de 1993, les Libéraux, avec Laurence Decore à leur tête, connaissent à nouveau la popularité. Leur promesse d’équilibrer le budget et de réduire la dette de la province séduit la population. Cependant, le chef libéral dit ne pas appuyer la liberté de choix des femmes, tandis que le nouveau chef des progressistes-conservateurs, Ralph Klein, affirme que l’avortement est une question de choix entre une femme, son dieu et son médecin. L’enjeu fait basculer le résultat de l’élection, que les progressistes-conservateurs remportent avec 51 sièges. Laurence Decore conserve tout de même son comté avec 66 % du vote. Voyant le Parti libéral obtenir sa plus grande quantité de sièges depuis 1917, soit 32, Laurence Decore devient chef de l’opposition de l’Alberta.
Pour équilibrer le budget provincial, le gouvernement de Ralph Klein réalise des coupures dans l’offre de services publics et les dépenses, privatise certains programmes et réduit les effectifs du gouvernement. Pendant la campagne électorale, Laurence Decore avait utilisé une fausse horloge pour illustrer la dette croissante de l’Alberta et s’était engagé à s’attaquer au problème, mais en tant que chef de l’opposition, il critique les méthodes du premier ministre pour atteindre cet objectif.
Problèmes de santé et décès
Laurence Decore subit une chirurgie pour un cancer du côlon en 1990, suivie d’une autre pour un cancer du foie deux ans plus tard. Il quitte son poste de chef des Libéraux de l’Alberta en juillet 1994 et est remplacé par Grant Mitchell. En 1997, Laurence Decore ne cherche pas à être réélu en raison de son état de santé.
Laurence Decore s’éteint le 6 novembre 1999. Au lendemain de son décès, le premier ministre de l’Alberta, Ralph Klein, déclare que « Laurence Decore était un vrai chef, un homme qui a su gagner à la fois l’estime de ses collègues et le respect de ses adversaires ».
Distinctions
En décembre 1983, Laurence Decore est nommé Membre de l’Ordre du Canada pour s’être « donné sans compter pour la communauté ukrainienne et pour la cause du multiculturalisme ». Depuis 1981, 100 étudiants postsecondaires de l’Alberta reçoivent chaque année le prix Laurence-Decore en raison de leur leadership remarquable dans leur communauté. Dans le cadre de ce programme, l’Alberta Heritage Scholarship Fund a remis plus de 185 millions de dollars à plus de 134 000 étudiants albertains. Laurence Decore reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université de l’Alberta en 1999. En 2003, une aire d’observation publique d’Edmonton, surplombant la rivière Saskatchewan Nord, est nommée en son honneur.