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Leon Bibb

Charles Leon Aurthello Bibb (alias Lee Charles), OBC, acteur, militant des droits civils et guitariste (né le 7 février 1922 à Louisville, au Kentucky; décédé le 23 octobre 2015 à Vancouver, en Colombie-Britannique). Leon Bibb était un acteur sélectionné pour les Tony Awards, un chanteur populaire de folk et un pionnier dans la défense des droits civils. Après avoir emménagé à Vancouver au début des années 1970, il a été l’un des premiers à combiner le théâtre professionnel et la culture afro-américaine au Canada. Il a été intronisé au BC Entertainment Hall of Fame et s’est vu décerné l’Ordre de la Colombie-Britannique.
Leon Bibb
Leon Bibb à Vancouver, 23 octobre 2008.

Premières années

Fils d’un postier, Leon Bibb grandit à Louisville, au Kentucky, pendant l’apogée de la ségrégation. « Je n’ai jamais eu de conversation avec une personne blanche jusqu’à mes 19 ans », témoigne-t-il en 2011. Il commence à chanter à l’église à l’âge de quatre ans et est soliste à la chorale du Louisville Municipal College. Après ses études, il rejoint les Forces aériennes de l’Armée de terre des États-Unis et s’entraîne rapidement avec les fameux Tuskegee Airmen, un groupe de pilotes afro-américains qui combat durant la Deuxième Guerre mondiale. Cependant, il est diagnostiqué d’une maladie cardiaque et est réformé. (Voir aussi Allan Bundy.)

Carrière aux États-Unis

S’inspirant de Paul Robeson, qui deviendra un ami proche et le parrain de ses enfants, Leon Bibb s’entraîne en musique classique en tant que baryton à New York et commence sa carrière à Broadway. Il apparaît, avec Ethel Merman, dans la production originale Annie du Far West en 1946 et joue le rôle de Jim dans Livin’ the Life, une comédie musicale adaptée du roman de Mark Twain, Les Aventures de Huckleberry Finn.Il joue régulièrement au American Negro Theater, à Harlem, où il devient ami avec l’acteur et chanteur Harry Belafonte.

Tout comme Paul Robeson et Harry Belafonte, Leon Bibb est mis sur liste noire pendant la « chasse aux sorcières » de McCarthy, dans les années 1950. Donc, ses performances comme chanteur et acteur se font sous le pseudonyme de Lee Charles. Il s’appuie sur ses connaissances en gospel pour devenir un chanteur folk. À la fin des années 1950 et du début 1960, il devint une figure emblématique dans le retour de la musique folk en jouant régulièrement à Greenwich Village et à San Francisco, et à l’inauguration du festival de folk de Newport, en 1959.

Leon Bibb est un fervent activiste dans la défense des droits civils dans les années 1950-1960. En 1955, il participe au concert en mémoire d’Emmett Till, un jeune garçon de 14 ans venant de Chicago ayant été tué brutalement alors qu’il allait rendre visite à de la famille dans le Mississippi. Il prend part aux campagnes d’inscription des électeurs dans le sud des États-Unis. Il chante aux très célèbres Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté, en 1963, et Marches de Selma à Montgomery, en 1965, ces dernières aux côtés de Mary Travers, de Harry Belafonte, de Joan Baez et d’Oscar Brand.

Entre-temps, il devient un invité populaire des programmes télévisés The Tonight Show, The Merv Griffin Show et Hootenanny. Il chante également en direct au Ed Sullivan Show plusieurs fois de 1959 à 1965. Il enregistre dix albums avec les maisons de disques Vanguard, Columbia, Washington et Liberty, dont cinq de 1959 à 1961. Il reçoit des éloges du magazine Billboard, qui le qualifie « d’interprète sensible et talentueux » chantant « avec beaucoup d’esprit et d’enthousiasme ».

En 1964, Leon Bibb réalise une tournée européenne de dix semaines et une douzaine de concerts en Union soviétique. En 1967, il est sélectionné pour un Tony Award en tant que meilleur acteur dans une comédie musicale, A Hand Is on the Gate, devant Cicely Tyson et James Earl Jones. En 1968, il anime le programme de variétés Someone New, qu’il avait proposé à la filiale de NBC de New York. Le jeune Barry Manilow et l’adolescent Yo-Yo Ma ont été de ses invités. Leon Bibb fait ses débuts sur le grand écran auprès de son ancien camarade de classe du American Negro Theater, Sidney Poitier, dans Mon homme (1968). Il fait une apparition de nouveau avec Sidney Poitier dans L’Homme perdu (1970).

Carrière au Canada

En 1968, Leon Bibb visite Vancouver lors d’un numéro d’ouverture pour le comédien Bill Cosby. Il tombe amoureux de la ville et y déménage deux ans plus tard, après la fin de son premier mariage. Il raconte ceci au radiodiffuseur Holger Petersen : « J’ai conduit à travers le pays depuis New York avec mes meubles dans une camionnette jusqu’à la frontière en pensant que je pouvais juste aller au Canada… Alors, me voilà! »

Leon Bibb joue un rôle important dans le développement du théâtre à Vancouver. En 1972-1973, il coproduit avec Ann Mortifee (et y apparaît) Jacques Brel is Alive and Well and Living in Paris au Arts Club Theatre. Plus de 40 000 personnes viennent applaudir le spectacle, qui est décrit comme « un événement marquant dans le théâtre vivant à Vancouver » par le Globe and Mail en 2015. Leon Bibb joue dans The Wayne & Shuster Comedy Special en 1971. Il va en tournée au Canada de 1967 à 1978 pour le spectacle We Three, avec la chanteuse Gail Nelson et le pianiste Stan Keen. Durant cette période, il donne ses premiers concerts pop avec l’Orchestre symphonique de Vancouver.

Le premier spectacle solo de Leon Bibb à Vancouver, le mettant en scène dans une histoire de blues, est présenté au Orpheum Theatre en 1977 et est adapté par la CBC pour une émission spéciale, The Candyman, l’année suivante. Une deuxième émission spéciale suit en 1979 : Gospel and Mister Candyman. Sa comédie musicale gospel One more step on the freedom train, à propos du chemin de fer clandestin, donne sa première à Toronto en 1984 au Black Theatre Canada et est en tournée en Ontario en 1985. La pièce est jouée plus tard à Vancouver à l’Expo 86 et au Firehall Theatre.

Leon Bibb joue de nouveau dans Jacques Brel en 1986-1987 et fait une tournée en 1987 au Canada dans la pièce I’m Not Rappaport. Il met en scène la comédie musicale Lady Day at Emerson’s Bar and Grill au Arts Club Theatre en 1989 et chante régulièrement au Festival de musique folk de Vancouver. En 1992, il crée A Step Ahead, un programme théâtral antiraciste et antiharcèlement pour les élèves des écoles primaires et secondaires de Colombie-Britannique et du Canada. Il enregistre deux nouveaux albums : A Family Affair (2002), et Praising Peace: A tribune to Paul Robeson (2006) avec son fils, Eric Bibb, chanteur de blues sélectionné aux Grammy Awards.

Leon Bibb réalise sa dernière performance à la Government House, à Victoria (en Colombie-Britannique), à l’occasion du mois de l’histoire des Noirs en février 2014. Il meurt à Vancouver à l’âge de 93 ans à la suite de plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Les places pour le concert au Arts Club Theatre le 10 janvier 2016 en sa mémoire, Leon Bibb: A Celebration of Life, sont comblées.

Prix

  • BC Entertainment Hall of Fame
  • Médaille du jubilé d’or de la reine, gouvernement du Canada (2002)
  • Prix de l’harmonie culturelle, Ville de Vancouver (2002)
  • Prix Harry Jerome pour l’accomplissement d’une vie, Black Business and Professional Association (2003)
  • Membre, Ordre de la Colombie-Britannique (2009)
  • Doctorat honorifique en lettres, Université de la Colombie-Britannique (2011)
  • Médaille du jubilé de diamant de la reine, gouvernement of Canada (2012)