Les lieux historiques nationaux sont des endroits qui sont reconnus pour leur importance dans l’histoire canadienne. Les lieux historiques nationaux sont désignés par le gouvernement fédéral sur la recommandation d’un organisme appelé Commission des lieux et monuments historiques du Canada. En plus des lieux, l’organisme désigne également des personnages et des événements d’importance nationale. Ces personnes et ces événements sont souvent commémorés par une plaque dans un endroit physique. En février 2020, on comptait 999 lieux historiques nationaux au Canada (voir aussi Lieux historiques ; Sites du patrimoine mondial des Nations Unies).
Exemples de lieux historiques nationaux au Canada
On trouve des lieux historiques nationaux dans toutes les provinces et les territoires. En Colombie-Britannique, on trouve le col Kicking Horse et Bakerville, et en Alberta on trouve le site archéologique Writing-on-Stone et le ranch Bar U. La Saskatchewan abrite Batoche, ainsi que Fort Qu’Appelle. Au Manitoba, les lieux historiques nationaux comprennent la Maison Riel, ancienne résidence de Louis Riel et sa famille, et Lower Fort Garry. Les lieux historiques nationaux de l’Ontario incluent le lieu historique national du Canada de la Bataille-des-Hauteurs-de-Queenston et le Maple Leaf Gardens, ancien foyer des Maple Leafs de Toronto. Au Québec, Hochelaga et le Château Frontenac sont tous deux des lieux historiques nationaux. Dans les Maritimes, le Nouveau-Brunswick est le foyer du lieu historique national du Canada du Marché-de-Saint John (voir Saint John) et Frédéricton abrite la vieille Résidence du Gouverneur. En Nouvelle-Écosse, on trouve le lieu historique national du Canada de l’Exploitation-Houillère-de-Springhill (voir Springhill) et, à l’Île-du-Prince-Édouard, on trouve Province House. L’Anse aux Meadows est un lieu historique national réputé de Terre-Neuve-et-Labrador. Dans le centre-ville de Dawson, au Yukon, on trouve un groupe d’édifices appelé le lieu historique national du Complexe-Historique-de-Dawson. Dans les Territoires du Nord-Ouest, le site de deux missions chrétiennes dans la réserve de Hay River est également un lieu historique national (voir aussi Réserves dans les Territoires du Nord-Ouest). Et finalement, les sites archéologiques d’Igloolik font partie des lieux historiques nationaux que l’on trouve au Nunavut.
Histoire
Développement des Programmes commémoratifs de lieux historiques
Vers la fin du 19e siècle, l’intérêt pour la création de lieux historiques devient assez généralisé dans l’est du Canada. Cet intérêt coïncide avec la montée du sentiment nationaliste. Des associations patriotiques et historiques locales décident de préserver et de marquer les endroits importants pour l’identité historique de leurs régions particulières. Certains argumentent que leurs sites aussi sont importants pour l’histoire du Canada. De plus, on réalise que les lieux historiques peuvent devenir des attractions touristiques populaires, et ce, surtout s’ils incluent des ruines pittoresques. À la fin des années 1890, Fort Lennox au Québec devient le premier parc historique commercial au Canada. Il est exploité par un entrepreneur privé.
En 1907, suite à des initiatives d’organisations québécoises, le gouvernement fédéral crée la Commission des champs de bataille québécois (plus tard nationaux). Cette Commission a pour mandat de développer et de préserver le site de la bataille de 1759 sur les plaines d’Abraham. Comme la Commission n’a pas les structures de l’époque pour y travailler, elle prévoit donc un parc paysager avec des monuments commémoratifs.
Commission des lieux et monuments historiques du Canada
Le marché municipal de Saint John est le plus vieux marché construit à cet effet au Canada.
En 1919, le gouvernement fédéral établit un programme pour la commémoration d’endroits, de personnages et d’événements d’importance historique nationale. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) est créée sous l’aile de la direction des parcs nationaux (maintenant Parcs Canada). La Commission est formée d’un groupe d’universitaires et d’experts du patrimoine désignés. Leur rôle consiste, encore de nos jours, à informer et conseiller la direction à propos des lieux, des personnages et des événements dignes d’être commémorés. Par la suite, la plupart des gouvernements établissent des comités semblables afin d’être conseillés sur la création de lieux historiques provinciaux. Ces programmes se concentrent généralement sur la désignation d’endroits historiques, plutôt que sur des événements ou personnages.
Fin du 19e siècle et début du 20e siècle
À la fin du 19e et début du 20e siècle, les sites sont souvent choisis afin de commémorer d’importantes batailles (p. ex. Batoche, Crysler’s Farm), de grands hommes (p. ex. Pierre de La Vérendrye, Archibald Lampman, Alexander Macdonell), et des événements politiques tels que l’arrivée de l’empire uni des loyalistes au Nouveau-Brunswick, ou la première réunion du Conseil exécutif du Haut-Canada. Les sites reliés à la traite des fourrures (p. ex.Cumberland House, le Fort Prince-de-Galles et le Fort Langley) sont aussi commémorés en grand nombre.
Jusque dans les années 1930, les efforts pour développer les lieux historiques se limitent principalement à des plaques interprétatives. Si des ruines historiques sont présentes, elles sont généralement laissées sans améliorations, et seulement un minimum d’efforts est déployé pour prévenir une plus grande détérioration. Les premières initiatives visant à préserver les bâtiments historiques comprennent le transfert d’un certain nombre de vieux forts contrôlés par l’armée britannique à la direction des parcs nationaux, qui les transforment en parcs historiques nationaux. Certains de ces forts, comme Port-Royal et Fort Anne en Nouvelle-Écosse, sont complètement détériorés et ils sont donc reproduits plus ou moins fidèlement. D’autres forts encore relativement bien préservés, comme le Fort Chambly au Québec, le Fort Prince-de-Galles au Manitoba, et le Fort Henry en Ontario, sont restaurés à leur état d’origine. Au Québec et en Ontario, des groupes locaux réussissent à préserver quelques édifices historiques importants. La Société d’archéologie et de numismatique de Montréal fait l’acquisition du Château de Ramezay en 1895 pour en faire un musée, et des groupes historiques de Toronto luttent avec succès pour sauver le vieux Fort York de la destruction.
Le succès d’importants projets de restauration aux États-Unis et le budget plus élevé alloué aux travaux publics pendant la crise des années 1930 stimulent les projets de restauration au Canada. Durant les années 1930, la Commission des parcs du Niagara, une agence du gouvernement de l’Ontario, entreprend quatre projets historiques d’envergure, dont deux d’entre eux, le Fort George à Niagara-on-the-Lake et le Fort Erie, impliquent la reconstruction de fortifications inexistantes. Par la suite, les gouvernements provincial et fédéral entreprennent la restauration du Fort Henry à Kingston.
Expansion du Programme national de Lieux historiques
Au fur et à mesure qu’ils grandissent en âge et en maturité, les programmes de lieux historiques élargissent leurs horizons et diversifient les désignations. Dans les années 1950, par exemple, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) commence à commémorer les bâtiments en fonction de leur âge ou de leur valeur architecturale. Depuis, le patrimoine bâti, les canaux, les gares ferroviaires, le paysage urbain, les quartiers, les jardins et les paysages ruraux historiques reçoivent de plus en plus d’attention. En 1961, Parcs Canada entreprend un important projet de reconstruction à la forteresse française de Louisbourg, démolie par les Anglais en 1758. Le site est transformé en centre d’interprétation, où des guides costumés expliquent les aspects de la vie du 18e siècle à Louisbourg. À d’autres endroits, des communautés pionnières artificielles (p. ex. Kings Landing et Upper Canada Village) sont créées à l’aide de bâtiments historiques qui ont été déménagés sur le site. Plus récemment, les efforts se sont concentrés sur la préservation des édifices dans leur cadre naturel, en retenant leur fonction originale, ou du moins une certaine fonction pratique. Désormais, on privilégie la rénovation et l’entretien au lieu de la reconstruction et de la restauration.
Également dans les années 1950, la CLMHC commence à commémorer des endroits, des personnages, et des événements reliés à l’économie du pays (p. ex. Alexander Graham Bell, l’édifice de la Moose Factory) et à l’histoire sociale (p. ex. le couvent et l’hôpital des Sœurs grises, et le mouvement d’Antigonish).
Dans les années 1990, Parcs Canada identifie trois thèmes qui sont sous-représentés parmi les lieux historiques nationaux. Ceux-ci sont les autochtones, les femmes et les communautés ethnoculturelles. Depuis, des efforts ont été faits pour corriger ce déséquilibre. La reconnaissance de Nagwichoonjik, dans les Territoires du Nord-Ouest, des Infirmières de l’Ordre de Victoria du Canada, et du Temple sikh d’Abbotsford, en Colombie-Britannique est un exemple de ces efforts (voir Abbotsford ; Sikhisme).