Situé dans le parc provincial Writing-on-Stone du sud de l’Aberta, Áísínai’pi est l’emplacement de milliers de figures d’art rupestre. Dans la langue des Pieds-Noirs, Áísínai’pi signifie « il est illustré » ou « il est écrit ». Peintes et sculptées sur des falaises de grès, la plupart des œuvres ont été créées par la Siksikaitsitapi (Nation des Pieds-Noirs) aux alentours de 1050 ans avant notre ère. Vues dans leur ensemble, ces images représentent la plus importante concentration d’art rupestre autochtone des plaines d’Amérique du Nord. En 2004, Áísínai’pi a été classé site historique national, ainsi que site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2019.
Géographie et géologie
Située dans la région physiographique des plaines intérieures du Canada, la rivière Milk traverse le nord du parc provincial Writing-on-Stone. Cette région est caractérisée par des prairies, des forêts de peupliers bordant des rivières, et des cheminées de fée.
L’action érosive de la rivière Milk a sculpté un réseau élaboré de falaises de grès. C’est sur ces surfaces rocheuses que les peuples autochtones ont inscrit des milliers d’images distinctes.
Qui a créé l’art rupestre?
Alors que les chercheurs croient que la majorité des œuvres ont été créées par la Siksikaitsitapi (Nation des Pieds-Noirs), il est possible que d’autres groupes ayant traversé la région, notamment les Cris, les A’aninin (Gros Ventres), les Assiniboines, les Apsáalooke (Crow), les Ktunaxa (Kootenays) et les Shoshones, aient réalisé certaines des images.
Comment l’art rupestre a-t-il été créé?
Bien que les peuples autochtones des Plaines du Canada n’aient pas de langue écrite, ils ont développé une forme sophistiquée d’art rupestre ou d’écriture pictographique. Les anciennes images de Áísínai’pi ont été créées à l’aide de deux méthodes. Dans les cas utilisant la première méthode, le soubassement rocheux meuble était sculpté ou gravé. Ces figures ciselées sont appelées pétroglyphes. La seconde méthode consistait à peindre sur la surface de la roche avec de l’hématite ferrugineuse, également appelée ocre rouge. Ces images sont nommées pictogrammes. Dans le cas des pictogrammes, la peinture était appliquée directement sur la roche avec les doigts, ou à l’aide d’un pinceau fabriqué des extrémités douces et poreuses de certains os de buffle (voir Pictogrammes et Pétroglyphes).
Quel âge ont les images?
La plupart des œuvres d’art ont été créées il y a plus de 3 000 ans, environ 1050 ans avant notre ère. Les représentations de chevaux et d’autres éléments présentés aux peuples autochtones par les Européens indiquent que cet art a continué à être créé après cette rencontre.
Que représente l’art rupestre?
Dans le parc provincial Writing-on-Stone on trouve des milliers de pictogrammes et pétroglyphes incisés sur les falaises de grès.
Les humains sont couramment dépeints dans l’art rupestre de Áísínai’pi. Certaines figures sont de forme arrondie et l’on croit qu’elles représentent des guerriers se tenant derrière de grands boucliers. D’autres humains ont une forme carrée ou une forme de sablier et représentent les lignes du cœur et les organes sexuels. On retrouve parmi les animaux couramment représentés des chevreuils, des wapitis, des moutons, des moufettes, des ours, des antilopes, des chiens, des serpents et des bisons. Les animaux sont dépeints seuls, en groupe avec d’autres animaux ainsi qu’avec des humains. Dans certains cas, il semble évident qu’un événement particulier, tel que la mise à mort d’un bison ou une scène de bataille, y soit représenté. Les chevaux sont souvent dépeints; les artistes utilisent de superbes lignes fluides pour transmettre leur puissance et leur vitesse.
Essentiellement, l’art rupestre peut être décrit comme étant de nature biographique ou cérémoniale. L’art biographique semble raconter une histoire spécifique, telle qu’une bataille ou un acte grandiose accompli par un individu. Certaines histoires mettent en scène des dizaines d’individus, dont des personnages, des chevaux, des tipis, des chiens et ainsi de suite. Il est possible que les artistes de ces tableaux aient en fait participé aux événements décrits. L’art rupestre cérémonial ne raconte pas une histoire en particulier, mais présente plutôt des portraits de personnages puissants et des relations spirituelles. En grande partie, l’art rupestre cérémonial est composé d’un ou de quelques personnages. Ce style semble symboliser une tentative de communication avec le monde des esprits.
La signification de Áísínai’pi
Áísínai’pi est un lieu sacré pour la Siksikaitsitapi (Nation des Pieds-Noirs). En ce lieu, ses membres aspiraient à se faire guider par les esprits vivants parmi les falaises et les cheminées de fée. De nombreuses images d’art rupestre décrivent le pouvoir du monde des esprits ainsi que les messages transmis par des êtres spirituels. Les jeunes guerriers en quête de vision, quête lors de laquelle ils passaient leurs journées à jeûner et à prier dans un lieu sacré, ont possiblement répertorié les rêves qu’ils ont faits au cours de ces périples.