Lise Bissonnette, O.Q., journaliste, gestionnaire et auteure (née le 13 décembre 1945 à Rouyn, au Québec). Diplômée en éducation de l’Université de Montréal, Mme Bissonnette a été la première femme à diriger l’un des plus anciens quotidiens publiés au Canada, Le Devoir. Pendant 11 ans, elle a été présidente-directrice-générale de la Grande bibliothèque du Québec, devenue sous sa gouverne Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Auteure d’une dizaine d’ouvrages, elle a reçu neuf doctorats honorifiques et de nombreux prix prestigieux, dont l’Ordre national du Québec, l’Ordre de la Pléiade et la Légion d’honneur du gouvernement français.
Formation et début de carrière
Née en Abitibi, Lise Bissonnette est la fille d’un commerçant de Rouyn, Antonio Bissonnette, et de Victoria Carbonneau. Après avoir obtenu un baccalauréat en pédagogie (1965) et une licence en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal (1968), elle poursuit des études doctorales en France (1968-1969), d’abord à l’Université de Strasbourg puis à l’École des hautes études commerciales de Paris, sur les systèmes d’enseignement supérieur.
Elle interrompt ses études en 1970 afin de participer à la mise sur pied du premier bureau d’études institutionnelles de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), une université créée l’année précédente. À partir de 1972, elle y assure la coordination de la Famille des arts, puis celle de la Famille de la formation des maîtres.
Carrière journalistique
En 1974, elle débute sa carrière en journalisme au quotidien Le Devoir. Elle y occupe successivement les postes de chroniqueuse en éducation (1974-1975), de correspondante parlementaire à Québec (1975-1976) et à Ottawa (1976-1978), d’éditorialiste et rédactrice en chef adjointe (1978-1980), de rédactrice en chef (1981-1985) et d’analyste principale (1985). À la suite d’une mésentente avec la direction, elle quitte Le Devoir en 1986 et devient journaliste indépendante. Elle tient des chroniques hebdomadaires dans divers journaux et magazines, dont Le Soleil et The Globe and Mail. Elle collabore également à L’Actualité, au Montreal Magazine et au magazine Forces, dont elle est rédactrice en chef invitée en 1988.
Direction du journal Le Devoir
En juin 1990, Mme Bissonnette revient au Devoir comme directrice, devenant la première femme à diriger le quotidien. S’étant donné pour objectif de redresser la situation financière du journal, elle le restructure au plan administratif et financier et opère une révision complète de sa mise en marché, de sa présentation et de son contenu éditorial. Elle met l’accent sur la culture et les arts et adopte une orientation nettement nationaliste, mais indépendante des acteurs politiques.
On se souvient, entre autres, de l’éditorial monosyllabique « NON » qu’elle publie en juillet 1992 en réponse à un accord constitutionnel préparatoire à celui de Charlottetown (voir Accord de Charlottetown). Lors du référendum de 1995, elle prend aussi position en faveur du « Oui », faisant du Devoir le seul journal au Canada à appuyer ouvertement le projet de souveraineté du Québec.
Présidence de la Grande bibliothèque du Québec
À partir de 1995, Mme Bissonnette participe aux discussions sur l’avenir de la Bibliothèque centrale de Montréal. En août 1998, elle est nommée présidente-directrice-générale de la Grande bibliothèque du Québec (GBQ), une institution nouvellement créée qu’elle avait appelée de ses vœux dans les pages du Devoir. En 2001, la GBQ est fusionnée à la Bibliothèque nationale du Québec (BNQ) et à partir de 2004, Mme Bissonnette pilote l’intégration de cette institution aux Archives nationales du Québec pour former Bibliothèque et Archives nationales du Québec en 2006. C’est sous sa gouverne que l’édifice de la Grande Bibliothèque ouvre ses portes à Montréal en avril 2005. Après 11 ans à la tête de cette grande institution culturelle, elle quitte ses fonctions en 2009.
Cette année-là, elle reprend à l’Université de Montréal les études doctorales qu’elle avait suspendues en 1970 et entreprend des recherches sur Maurice Sand en vue de la rédaction d’une thèse en littérature. De mai 2011 à décembre 2012, elle préside le Comité-conseil sur l’avenir du Parc olympique de Montréal (voir Jeux olympiques de Montréal). De février à septembre 2013, elle copréside avec John R. Porter le chantier sur une loi-cadre des universités créé à la suite du Sommet sur l’enseignement supérieur organisé par le gouvernement de Pauline Marois (voir Grève étudiante du printemps 2012). Elle préside en outre le conseil d’administration de l’Université du Québec à Montréal depuis mars 2013.
Engagement social
Au cours de sa carrière, Lise Bissonnette siège comme administratrice au sein du Conseil de presse du Québec (1978), du Musée des beaux-arts de Montréal (1979-1980), de la revue Vie des Arts (1986-1990) et du Théâtre du Nouveau Monde (1986-1990).
Son engagement dans le milieu de l’éducation et des études supérieures se traduit également par sa présence au sein du Conseil consultatif de l’Institut des relations intergouvernementales de l’Université Queen’s (1979), du Comité de Montréal de l’Organisation canadienne pour l’éducation au service du développement (jusqu’en 1985), du comité consultatif du Centre for Constitutional Studies de l’Université de l’Alberta (1987-1989) et du conseil de direction de l’Institut de recherches en politiques publiques (1988-1990).
Elle est également directrice de programmes et conseillère aux Affaires québécoises et canadiennes pour la Fondation CRB (1986-1990), qui produit à l’époque les Minutes du patrimoine, de même vice-présidente de l’Institut canadien pour la paix et la sécurité internationales (1986-1990), membre du comité canadien pour la Décennie mondiale du développement culturel (1989-1990) et du Conseil national de la statistique (1990-1991) et coprésidente-fondatrice de la Fondation pour le journalisme canadien (1990).
Femme cultivée et amateure d’art, Mme Bissonnette est présidente d’honneur de nombreux événements culturels et artistiques : les expositions-encans À l’ombre du génie (au profit de la Fondation des maladies mentales, 1989-1990) et Les Femmeuses (Pratt & Whitney Canada, 1989-1995), l’exposition Dans dix ans l’an 2000 (Maison de la culture de Montréal, 1990), l’exposition-foire Entrée libre à l’art contemporain (Montréal, 1991), la 4e Biennale des arts visuels de la Côte-Nord (1992), le concours La bibliothèque idéale (Association des bibliothèques publiques du Québec, 1997), l’événement Artefact 2004 – Sculptures urbaines ainsi que les expositions Œuvre de femme (2006) et Vincent et moi (2008). Elle a également signé le texte de présentation du catalogue Présence de l’artiste Suzelle Levasseur en 1996.
Elle siège régulièrement comme membre ou présidente de divers jurys, notamment pour l’attribution du prix Paul-Émile Borduas (Les Prix du Québec), des prix littéraires du Gouverneur général, du Prix des cinq continents de la Francophonie et du prix Gilles-Corbeil (Fondation Émile-Nelligan).
Héritage
En plus d’avoir contribué à l’épanouissement de différentes institutions culturelles et universitaires, Lise Bissonnette est l’auteure ou la co-auteure de 11 ouvrages : deux recueils d’articles, deux essais, trois nouvelles et quatre romans. Elle a été finaliste pour le prix littéraire du Gouverneur général du Canada à trois reprises, soit pour La passion du présent (1987), Marie suivait l’été (1992) et Quittes et doubles (1997).
Le Fonds Lise Bissonnette (CLG66) est conservé au centre d’archives du Vieux-Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Prix et distinctions
Lise Bissonnette détient neuf doctorats honorifiques de différentes universités canadiennes et américaines : State University of New York (1986), Université Concordia (1986), Université Laurentienne (1988), Université de Sherbrooke (1992), Université Laval (1996), Université du Québec à Montréal (2003), Université de Montréal (2006), Université McGill (2007), Université d’Ottawa (2011).
Sa carrière fructueuse de journaliste, écrivaine et administratrice a été soulignée par de nombreux prix et distinctions :
Tableau d’honneur, Association mondiale des femmes journalistes et écrivaines (1988)
Femme de l’année (prix spécial du jury), Salon de la femme (1991)
Prix de journalisme, Société des musées québécois (1991)
Membre de l’Ordre des francophones d’Amérique (1991)
Mérite du français dans la culture, Union des artistes (1993)
Diplômée à l’honneur, 25e anniversaire de la promotion 1968, Université de Montréal (1994)
Membre de l’Académie des lettres et des sciences humaines, Société royale du Canada (1994)
Bob Edwards Award, The Calgary Public Library Foundation (1995)
Intronisation au Panthéon du journalisme canadien (1996)
Officier de l’Ordre national du Québec (1998)
Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, Assemblée parlementaire de la Francophonie (1998)
Médaille de l’Académie des lettres du Québec (1999)
Chevalier de la Légion d’honneur, gouvernement de la France (2000)
Mérite d’honneur du français et de la francophonie en éducation (2000)
Membre de l’Académie des lettres du Québec (2004)
Personnalité de l’année (catégorie Affaires, administration et institutions), La Presse (2005)
Prix de la personnalité, Richelieu International (2006)
Grand témoin de la Francophonie, XXᵉ Jeux olympiques d’hiver, Turin (2006)
Prix Réalisations, Réseau des femmes d’affaires du Québec (2007)
Officier de la Légion d’honneur (2008)
Prix Fleury-Mesplet, Salon du livre de Montréal (2009)
Prix Hommage, Institut d’administration publique de Québec (2009)
Membre de l’Académie des Grands Montréalais (2009)
Prix Georges-Émile-Lapalme, Prix du Québec (2010)
Prix de couronnement de carrière, Fondation pour le journalisme canadien (2010)
Publications
Recueils d’articles
La passion du présent (1987)
Toujours la passion du présent (1998)
Essais
En collaboration, Le Devoir : un journal indépendant (1910-1995) (1995)
Des lettres et des saisons (2001)
Nouvelles
En collaboration, Avoir 17 ans (1991)
Quittes et doubles : scènes de réciprocité (1997)
En collaboration, Montréal, la marge au cœur (2004)
Romans
Marie suivait l’été (1992)
Choses crues (1995)
Un lieu approprié (2001)
La flouve – Le parfum de Balzac (2006)