Marjolaine Hébert, comédienne, O.C., C.O.Q. (née le 13 avril 1926 à Ottawa, ON; décédée le 28 juillet 2014 à Longueuil, QC). Première femme annonceure régulière à la radio au Québec, elle est également la fondatrice du premier théâtre d'été professionnel.
Début de carrière
Marjolaine Hébert débute sa carrière de comédienne à la radio du poste CHLP dans le cadre de l'émission pour enfants Radio Petit-Monde en 1939. Puis de 1941 à 1946, elle devient Marguerite dans le roman-fleuve Madeleine et Pierre, œuvre d’André Audet diffusée par les stations radiophoniques CKAC et CHRC. Le monde des enfants la retrouve en 1945 alors qu'elle enregistre un long jeu des contes de Perreault.
Jusqu'en 1960, elle est de la majorité des radioromans québécois prêtant sa voix dans Rue Principale, Je vous ai tant aimé ou encore L'ardent voyage pour n'en nommer que quelques-uns. À la station de radio CKVL, elle est, en 1951, la première femme annonceure régulière au Québec. On la retrouve aussi dans une série radiophonique du ministère de l'Éducation, série présentée en 26 épisodes qui relate le cours de l'histoire du Québec et qui s'intitule J'ai une histoire.
Femme de théâtre et de télévision
Comédienne dans l'âme, Marjolaine Hébert poursuit, parallèlement à sa carrière radiophonique, une carrière au théâtre; de 1942 à 1947, elle est de la distribution de L'école des femmes ou encore de celle de Songes d'une nuit d'été. On la retrouve au Théâtre du Rideau Vert en 1950 interprétant le rôle de Christine dans Trois garçons une fille. Elle se produit aussi au Théâtre Anjou de même qu'au Théâtre du Nouveau Monde. Elle fait partie de la distribution de nombreux grands classiques de la dramaturgie jouant du Jean-Paul Sartre ou encore du Marcel Dubé ou du Françoise Loranger. Marjolaine Hébert a joué dans plus de 33 pièces de théâtre au cours de sa carrière.
C'est en 1952 que Marjolaine Hébert fait ses débuts à la télévision. Elle s'y produit jusqu'en 1993. Son rôle de Bedette dans la merveilleuse série Le Survenant fait valoir son immense talent (1954–1960) et celui de Jeanne Jacquemin dans le téléroman Terre Humaine (1978–1984) le confirme à nouveau. C'est sans compter ses autres rôles dans des téléséries ou dans des téléthéâtres qui nous la font connaître sous différents visages.
Fondatrice du premier théâtre d’été professionnel du Québec
En 1957, Marjolaine Hébert fonde Le Cabaret-Théâtre Aux deux masques puis en 1960, dans une grange d'Eastman, dans les Cantons de l'Est, elle crée le théâtre d'été La Marjolaine qui deviendra, selon son propre aveu, « son plus bel héritage ». Avec l'aide de Louise Rémy et Yvon Dufour et plusieurs autres comédiens, elle transforme cette grange qui surplombe un merveilleux lac (le lac d'Argent) et fait face au mont Orford, en un lieu théâtral remarquable.
Dès 1962, Marjolaine Hébert s'adjoint l'aide d'un brillant auteur, réalisateur et metteur en scène : Louis-Georges Carrier qui devient son associé. En 1964, on présente au Théâtre La Marjolaine, en collaboration avec l'auteur-compositeur-interprète Claude Léveillée, la première comédie musicale canadienne d'expression française. Elle sera la prémisse à d'autres présentations de théâtre musical à Eastman.
Prix et récompenses
Madame Hébert a reçu, au cours de sa carrière, de nombreuses marques d'appréciation pour son grand talent. C'est ainsi que dès 1951, elle est nommée Miss Radio, prix accordé par vote populaire et la nomme la personnalité préférée de l'année. En 1955, on lui décerne le Prix Méritas pour son interprétation de Bedette dans la télésérie Le Survenant. Ce même Prix Méritas lui sera remis en 1957 pour son rôle de Margot dans Pour cinq sous d'amour et en 1967 pour son interprétation dans la pièce Encore cinq minutes. Pour s'être distinguée dans le milieu théâtral, madame Hébert reçoit, en 1978, de la Société St-Jean-Baptiste, le Prix Victor-Morin. En 1984, elle est choisie Femme de l'année et en 1991 on la nomme Chevalier de l'Ordre national du Québec et Officier de l'Ordre du Canada en 1994.
Femme de théâtre accomplie, Marjolaine Hébert a laissé au Québec un riche héritage puisque son théâtre d'Eastman (qu'elle a quitté en 1995), acquis par Marc-André Coallier, poursuit son œuvre dans le même esprit que celui de sa fondatrice.