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Maryse Lassonde

Maryse Lassonde, O.C., C.Q., MSRC, psychologue, neuropsychologue, psychophysiologiste, enseignante émérite (née le 5 janvier 1954 à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec). Elle est spécialiste de la neuropsychologie de l’enfant, enseignante et chercheure de renommée internationale. C’est le cancer du cerveau ayant frappé son père qui l’a aiguillé vers les neurosciences, révèle-t-elle. Elle s’applique donc à découvrir les secrets du cerveau, à promouvoir les sciences et à encourager les femmes à y étudier.

Maryse Lassonde

Formation

Maryse Lassonde effectue un baccalauréat en psychologie à l'Université de Montréal (1974) et un doctorat en neurosciences à l'Université Stanford (1977). Constatant que la neuropsychologie, ou l’étude de la relation entre le cerveau et le comportement, est, jusque dans les années 1970, limitée aux recherches chez l’adulte, elle veut approfondir ce qui en est pour les enfants. Ses travaux de recherche chez l’enfant et leurs applications cliniques favorisent l’émergence de cette nouvelle discipline tant au Québec qu’à l’étranger.

Le saviez-vous?
Les neuropsychologues sont des psychologues spécialisés pouvant émettre des diagnostics neuropsychologiques; ils doivent être reconnus par l'Ordre des psychologues du Québec et posséder une attestation de formation en évaluation des troubles neuropsychologiques.


Carrière et faits saillants de recherche

Revenue au Québec, Maryse Lassonde enseigne en neuropsychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (1977-1988). (Voir aussi Réseau de l’Université du Québec.) Elle enseigne ensuite au Département de Psychologie de l’Université de Montréal (1988-2013). À Trois-Rivières, elle fonde l’Unité de neuropsychologie de l’Hôpital Sainte-Marie.

Un de ses étudiants s’intéresse à l’agénésie du corps calleux, soit une malformation ou une absence de développement, de la structure, constituée de millions de fibres nerveuses, qui assure le transfert de l’information entre les hémisphères droit et gauche du cerveau. Maryse Lassonde en fait son premier et principal domaine de recherche.

Ses travaux sur ce sujet l’orientent vers l’Hôpital Sainte-Justine où elle se penche sur la neuropsychologie de l’épilepsie chez l’enfant. Elle étudie les effets cognitifs de la maladie de même que les anomalies congénitales infantiles. Elle s’intéresse d’abord à la réorganisation cérébrale suivant des neurochirurgies chez les jeunes épileptiques (résections, destructions focales, callosotomies, hémisphérectomies, et autres) et sur les commotions cérébrales des jeunes joueurs de la Ligue nationale de hockey. Cette dernière recherche lui permet d’élaborer, avec des chercheurs de l’Université McGill, un des premiers programmes de recherche sur les répercussions électrophysiologiques des commotions cérébrales dans les sports chez les athlètes. À cause de son intérêt pour les jeunes joueurs de hockey, elle devient conseillère neuropsychologique pour les Canadiens de Montréal (1998-2012).

L’étudiant et premier auteur Louis de Beaumont, ainsi que six autres coauteurs dont Maryse Lassonde, publient dans la renommée revue Brain, une étude inoubliable sur les effets des commotions cérébrales sous le titre : Brain function decline in healthy retired athletes who sustained their last sports concussion in early adulthood (2009). Il semble que 30 ans plus tard, à la suite d’une seule commotion, on peut remarquer des pertes mémorielles et une déficience face à la distraction. Il appert aussi qu’une première commotion chez un sujet donné peut en entraîner une deuxième, qu’une deuxième est cinq fois plus propice à la survenue d’une troisième, et que ces conditions peuvent prédisposer à l’Alzheimer ou même à la mort.

À la demande de l’Université de Montréal, c’est Maryse Lassonde qui y crée, en 1988, le premier programme canadien de formation doctorale en neuropsychologie clinique recherche/intervention accrédité par la Société canadienne de psychologie, d’où sa reconnaissance d’instigatrice de la neuropsychologie clinique au Canada. Elle mentionne dans le revue Psychologie (2009) que Montréal à elle seule reçoit 50 % des subventions de recherche octroyées en neurosciences au Canada.

De 2001 et 2013, Maryse Lassonde est titulaire d’une chaire de recherche du Canada en neuropsychologie clinique. Grâce à celle-ci, elle établit un laboratoire d’électrophysiologie cérébrale et d’imagerie optique au Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Les équipements sophistiqués mis à sa disposition permettent de vérifier les réponses cérébrales de bébés sains, mais aussi d’enfants prématurés, épileptiques ou cancéreux. Les techniques novatrices d’imagerie cérébrale non invasives qui donnent l'occasion d’étudier le cerveau des nouveau-nés, ont résulté, entre autres, en la découverte d’une onde cérébrale spécifique, très marquée en réponse à la voix de leur mère.

Les neurochirurgiens s’en remettent à elle et à son équipe pour repérer et sauvegarder les aires du langage et de la motricité lors de chirurgies au cerveau.

Associations professionnelles

Maryse Lassonde s’engage dans de nombreuses organisations, comités ministériels et conseils gouvernementaux. De 1993 à 1994, elle est présidente de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), du Conseil supérieur de l’éducation et du Conseil de la langue française.

De 2008 à 2011, elle est présidente du Conseil de l’Ordre national du Québec. De 2012 à 2018, elle est directrice scientifique et membre du Fonds de recherche du Québec - Nature et Technologies (FRQNT), et de 2015 à 2017, elle est présidente de la Société royale du Canada.

Publications

Maryse Lassonde est coauteure de sept livres (dont Callosal Agenesis, A natural Split-Brain? (1994) et l’auteure de plus de 300 articles et chapitres scientifiques.

Vie personnelle

Maryse Lassonde est mère de deux filles et grand-mère de quatre petits-enfants.

Prix et distinctions

De nombreux prix et distinctions jalonnent la vie professionnelle de Maryse Lassonde :

  • Fellow, de la Société canadienne de Psychologie (1994)
  • Prix Femme de mérite, Catégorie Science du YWCA (1996)
  • Membre de la Société royale du Canada (1997)
  • Prix Marcel-Vincent de l’Association francophone pour le savoir (1998)
  • Chevalier de l’Ordre national du Québec (1999)
  • Prix Noël-Mailloux de l’Ordre des psychologues du Québec (2001)
  • Membre émérite de l'Association canadienne francophone pour le Savoir (2006)
  • Prix Adrien-Pinard, Société québécoise pour la recherche en psychologie (2008)
  • Membre de l'Académie canadienne des sciences de la Santé (2010)
  • Officier de l'Ordre du Canada (2012)
  • Professeure émérite de l’Université de Montréal (2013)
  • Prix Armand-Frappier, Prix du Québec décerné par le gouvernement du Québec (2023)