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Mathews, Robin Daniel Middleton

Robin Mathews, poète, dramaturge, nationaliste (Smithers, C.-B. 1931). Robin Mathews passe ses premières années à Powell River en Colombie-Britannique, et fréquente l'Université de la Colombie-Britannique dans les années 1950.

Mathews, Robin Daniel Middleton

Robin Mathews, poète, dramaturge, nationaliste (Smithers, C.-B. 1931). Robin Mathews passe ses premières années à Powell River en Colombie-Britannique, et fréquente l'Université de la Colombie-Britannique dans les années 1950. Il y obtient un BA spécialisé en littérature anglaise et rencontre plusieurs des notables de l'époque à l'UCB; Earle BIRNEY, Roy DANIELLS et d'autres. Il obtient une maîtrise à l'Université Ohio State et travaille par la suite pendant une année comme réalisateur d'émissions radiophoniques pour la SRC tout en se préparant au doctorat à l'Université de Toronto. Il décroche un poste d'enseignant au département d'anglais de l'Université de l'Alberta en 1961 et abandonne ses études de doctorat.

À cette époque, les Canadiens s'interrogent sur leur patrimoine littéraire. Pourquoi les littératures anglaises et américaines sont-elles étudiées dans les universités canadiennes, alors que la littérature canadienne est laissée de côté, ignorée et rarement mise en vedette? Il y a peu d'États qui permettraient que leurs traditions littéraire, pédagogique et politique soient assimilées par celles d'autres pays. Mathews est fort conscient du problème; le temps et la formation contribuent bientôt à faire de lui une figure de proue du débat nationaliste des années 1960.

À l'Université de l'Alberta, Mathews enseigne avec Eli MANDEL après avoir étudié avec Northrop FRYE à l'Université de Toronto. Contrairement à Margaret ATWOOD, il ose diverger d'opinion avec le pontife de la littérature canadienne de l'époque. Il est assez ironique de penser que dans The Educated Imagination, les conférences Massey données par Frye en 1962 sur le rôle de la littérature, il ne mentionne jamais la littérature canadienne, une omission que Mathews relève. En tant que poète et critique littéraire, activiste politique et éducateur, Mathews intériorise le sentiment qui poussera bientôt les « vrais Canadiens » à repenser leur histoire et leur attitude d'opposition à l'empire du sud.

Mathews publie ses premiers recueils de poésie alors qu'il vit à Edmonton : The Plink Savoir (1962), Plus Ça Change (1964) et This Time, This Place (1965) martèlent clairement que ce poète politique du Canada ne se taira pas devant les problèmes redoutables qui en musèlent beaucoup d'autres. La famille Mathews quitte le Canada en 1966, et Mathews enseigne à Leeds, en Angleterre de 1966 à 1967. Sa famille est à Paris à l'époque de la grève qui paralyse le pays en mai 1968. Il garde la plupart des affiches qui appuient la grève contre De Gaulle. Cette collection est maintenant à l'Université Simon Fraser (SFU) et porte le nom de « Esther and Robin Mathews Paris Poster Collection ».

Le nationalisme enflammé de Mathews déferle dans toute sa force en 1969 grâce à la publication de The Struggle for Canadian Universities (dont le coéditeur est James Steele). Mathews et Steele demandent pourquoi les Canadiens sont laissés de côté dans les universités pendant que les Américains et les Britanniques sont engagés en priorité. Les auteurs veulent corriger cette injustice et le font dans une grande controverse. This Cold Fist (1969) est aussi publié dans cette période engagée de la vie de Mathews. De plus en plus, il devient une figure à ne pas négliger sur les scènes littéraire, culturelle et éducative au Canada. Il s'est maintenant trouvé un foyer à l'Université Carleton d'Ottawa, et c'est de là qu'il lance ses attaques contre l'élite au pouvoir au Canada.

Quand Margaret Atwood publie Essai sur la littérature canadienne en 1972, Mathews lui reproche d'avoir une lecture réductionniste et simpliste du patrimoine littéraire du Canada. Atwood réagit rapidement. Sa réponse Mathews and Misrepresentation reste un classique, tout comme la riposte de Mathews de 1978, Canadian Literature: Surrender of Revolution, nous le montre sous son jour le plus animé et modéré.

Air 7 (1972), Geography of Revolution (1975), Language of Fire: Poems of Love and Struggle (1976) et The Beginning of Wisdom (1978) montrent à l'évidence que Mathews est un poète politique doué de profondeur et de sensibilité; poing froid, esprit redoutable et cœur tendre. Milton Acorn ne fait pas souvent l'éloge des poètes, mais dans la préface de Language of Fire il suggère de manière imagée et mémorable que Mathews aurait besoin de jumelles s'il voulait voir des écrivains d'une stature et d'une valeur comparables au Canada.

Mathews n'est jamais loin de la controverse, et en 1985, il crée encore des remous. Il a candidement pensé à participer à un programme d'échange de professeurs entre les universités Simon Fraser et Carleton pendant une année, mais le département d'anglais de SFU vote contre son accueil. Margaret Atwood, Pauline Jewett, David Suzuki, Ed Broadbent et beaucoup d'autres prennent alors sa défense. Un flot de lettres prenant parti d'un côté ou de l'autre s'ajoute au débat; SFU recule et Mathews se voit offrir un poste au département d'études canadiennes.

En 1990, il prend sa retraite de la SFU, mais reste actif, écrivant des critiques littéraires et de la poésie, toujours engagé dans des questions politiques et économiques plus globales et contribuant souvent au site web nationaliste canadien Vivelecanada. Mathews est une figure distinctive du Canada et une légende, et il reste un nationaliste canadien par excellence.

Voir aussi : LITTÉRATURE DE LANGUE ANGLAISE, THÉORIE ET CRITIQUE DANS LA