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Meubles rustiques

On peut dire du meuble rustique qu'il est un objet inspiré des principaux styles ou tendances (Chippendale, Hepplewhite, Sheraton) fabriqué à partir des bois locaux et limité par l'ampleur du coffre à outils, l'imagination et la compétence de l'ébéniste.
Banc à haut dossier
Ce canapé rustique est originaire du Haut-Canada et reste courant en Ontario pendant presque tout le XIXe siècle (avec la permission du Black Creek Pioneer Village).
Fauteuil de style anglais
Un élégant fauteuil fabriqué dans le Haut-Canada. L'armature est en bouleau et le siège en pin (avec la permission du Musée canadien des civilisations).

Meubles rustiques

Dans les études consacrées à l'histoire des antiquités ou des matériaux, on oppose les styles « rustiques » (traditionnels, provinciaux ou populaires) à ceux qui sont plus raffinés et empesés. Ce qui est rustique aux yeux de certains et qui plaît par sa décoration et son fini peint peut être considéré comme grossier et primitif par d'autres. Bien que certains puissent s'attendre à ce que les meubles de style soient faits de bois durs plus fins (noyer, bouleau jaune [improprement appelé merisier au Canada], acajou), et les meubles rustiques taillés dans le bois tendre comme le pin, une véritable compréhension des différences entre le mobilier rustique et raffiné dépasse la simple catégorie des matériaux et des méthodes de fabrication et implique d'autres facteurs comme le lieu et l'époque de fabrication.

On peut dire du meuble rustique qu'il est un objet inspiré des principaux styles ou tendances (Chippendale, Hepplewhite, Sheraton) fabriqué à partir des bois locaux et limité par l'ampleur du coffre à outils, l'imagination et la compétence de l'ébéniste. On trouve dans les meubles rustiques les mêmes items que dans les meubles de style (tables, chaises, armoires, coffres), en plus de formes additionnelles.

Provinces maritimes

La colonisation des Maritimes (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard) est essentiellement une expérience rurale. Bien que les villes portuaires telles que Halifax et Saint-Jean soient des centres politiques, sociaux et économiques importants, la plupart des gens habitent de petites communautés qui vivent de la pêche ou de l'agriculture. À cause des distances, de l'absence de routes convenables et du manque de moyens de transport et de communication fiables, les contacts entre les régions sont limités et les agglomérations rurales sont isolées des centres urbains et des principales tendances en matière de mode et de goût.

Après la déportation des Acadiens, entre1755 et 1763 (voir ACADIE), arrive la première vague d'immigrants, les PLANTERS (planteurs) de la Nouvelle-Angleterre, suivis des LOYALISTES en 1783-1784, et enfin de nombreux Écossais au début du XIXe siècle. Même si bon nombre de ces colons apportent avec eux leur propre mobilier, on trouve parmi les immigrants des ébénistes, des charpentiers et des menuisiers dont l'arrivée et l'établissement mènent rapidement à la production de meubles indigènes qui reflètent le caractère des Maritimes et du Canada, inspirés des styles anglais et américains avec lesquels les artisans sont familiers.

Comme l'ébénisterie est essentiellement un métier traditionnel fonctionnant selon un système d'APPRENTISSAGE et que les styles de meubles tendent à durer pendant de longues périodes, les meubles rustiques fabriqués dans les Maritimes de 1770 à 1850 reprennent les styles antérieurs, comme le style Chippendale. Ce n'est que dans les villes, qui sont ouvertes à l'arrivée des nouvelles modes, que les styles de meubles suivent les nouveautés et les goûts du jour.

Le caractère rural de la société, dans les Maritimes, influence aussi le choix des matériaux. Sauf dans les centres urbains, en particulier les villes portuaires, où les artisans locaux peuvent se procurer des bois exotiques comme l'acajou, la plupart des meubles sont fabriqués à partir des bois de la région (pin, bouleau, érable). On utilise couramment les bois durs veinés (bouleau, érable) pour les meubles rustiques et les meubles de style, à cause de leur grain décoratif. Les meubles rustiques, surtout les meubles en pin, sont souvent peints pour imiter les meubles de style en bois exotique. Dans certains cas, ce fini peint, souvent aux couleurs vives, est ce qui distingue le plus le mobilier rustique.

Les meubles rustiques des Maritimes dévoilent leurs influences française (acadienne), britannique, irlandaise, écossaise et allemande. En effet, tous les groupes ethniques fabriquent les mêmes genres de meubles : coffres à couvertures, commodes, tables de tailles diverses avec ou sans tiroirs, chaises avec ou sans accoudoirs, encoignures, et buffets. Les groupes ne sont toutefois pas tous représentés dans les trois provinces, et certains groupes sont plus généreux dans les détails de certains types de meubles que d'autres.

Terre-Neuve

On ne connaît à Terre-Neuve aucun meuble qui date d'avant 1810-1820, années où les restrictions sur les concessions de terres sont éliminées et l'aménagement local est encouragé. Mark Green et George Hancock sont les premiers ébénistes formés en Angleterre à arriver à St. John's en 1815 pour servir la population croissante. Samuel Creed arrive de Halifax vers 1833, et le travail qui lui a survécu dénote une approche conservatrice des styles de meubles en vogue. Le fait que W. Gammon fabrique des chaises de style Windsor tant à Halifax qu'à St. John's et qu'on trouve des chaises de ce genre en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve semble indiquer très tôt des liens solides entre les artisans de la région de l'Atlantique.

Certains ébénistes s'installent dans les avant-postes importants, comme à HARBOUR GRACE, mais la plupart se trouvent à St. John's, capitale économique et politique. On y compte 6 ébénistes dans les années 1840 et 10 vers 1870. Ainsi, l'atelier de meubles de Matthew Pope, qui ouvre ses portes en 1859, est un de ceux qui fabriquent du mobilier domestique et des meubles pour les établissements publics. Ce qu'on connaît du travail de ces artisans et de ces ateliers ne témoigne pas d'une grande imagination, car ils se contentent, dans les limites de leurs capacités et de leurs outils, de copier les styles trouvés dans les livres d'échantillon. Il y a toutefois des exceptions, dont l'atelier de H.W. Winter à Clarke's Beach, dans la baie de la Conception.

Les meubles fabriqués hors de la capitale par les habitants eux-mêmes ou par le menuisier local témoignent d'une réelle imagination. Les tables de toilette et les bancs font appel au répertoire des ornements (moulures au burin, motifs appliqués, colonnettes, chanfreins, arceaux) combinés de façon inventive et peintes de couleurs vives. Lorsque le meuble nécessite une compétence particulière, comme une chaise appelant un travail de menuiserie, le conservatisme reprend le dessus.

Des styles anciens survivent, et de nouveaux styles sont adaptés aux capacités des artisans et de leurs outils. La chaise Carver, identifiée au XVIIe siècle, est fabriquée jusqu'à la fin du XIXe siècle. On trouve fréquemment les chaises Sheraton (par opposition aux chaises Chippendale plus rares), mais, au lieu du piètement tourné particulier à ce style, elles présentent le piètement fuselé à base carrée apparenté au style Hepplewhite, plus facile à réaliser. Pour les mêmes raisons, on ne trouve pas de chaises à dossier en forme d'écusson de style Hepplewhite ou à dossier en ballon de style victorien, trop difficiles à exécuter.

On constate la même interaction du professionnalisme et du conservatisme dans les vaisseliers de cuisine de la période 1810-1820. Ces pièces sont probablement fabriquées par des menuisiers en bâtiment, car elles font en général partie de l'architecture globale de la cuisine. Ces menuisiers, qui ne construisent pas pour eux-mêmes, ne peuvent donc laisser courir leur imagination et doivent construire un intérieur traduisant le rang social du propriétaire, ce qui favorise un certain conservatisme.

À la fin du XIXe siècle, l'apparition des meubles faits en usine et des catalogues de vente par correspondance dont s'inspire l'homme ordinaire ainsi que l'emploi plus fréquent des outils de menuiserie commencent à influer sur le mobilier fabriqué à l'écart de la capitale. Les chaises et les canapés de « style catalogue », à cadre mince et à ornements appliqués, remplacent les meubles Eastlake, l'un des premiers genres fabriqués en usine, aux décorations gougées à la machine.

On trouve généralement des meubles qui reproduisent ces formes à l'extérieur de St. John's, où il est plus difficile de s'acheter des meubles tout faits. Ces meubles font preuve d'ingéniosité dans leur fabrication en intégrant du bois de récupération provenant de caisses d'emballage ou de maisons de même que des éléments entiers (p. ex. des pieds) pris sur des meubles dont on se débarrasse. Des assemblages aussi singuliers révèlent une économie qui rebute au gaspillage.

Étant donné sa situation géographique à la périphérie de l'Amérique du Nord et son économie marginale, le mobilier de Terre-Neuve, comme nombre de ses autres formes d'ARTISANAT, ne deviendra jamais populaire dans les autres régions de l'Atlantique. Terre-Neuve conserve donc des formes et des techniques de construction plus anciennes, mais leur applique divers procédés décoratifs qui témoignent d'une vigoureuse imagination visuelle.

SHANE O'DEA

Ontario

L'expression « mobilier rustique » décrit la plupart des meubles anciens de l'Ontario, installés dans des maisons privées ou dans des musées. Le peuplement commencé après la GUERRE DE L'INDÉPENDANCE AMÉRICAINE s'intensifie au XIXe siècle. Au cours de ces premières années, les difficultés de la vie de pionnier font que la plupart des familles n'ont ni le temps ni les moyens de s'intéresser aux meubles de style, encore moins de se les procurer.

Les meubles rustiques de l'Ontario sont fabriqués à la main, généralement bien faits, avec les bois locaux (noyer, érable, bouleaux jaune et blanc, chêne, tilleul d'Amérique, pin). On peut les diviser en trois catégories : copies de meubles de style d'origines anglaise et américaine; meubles aux formes et à la décoration issues de France, d'Allemagne et d'autres pays européens; et meubles solides et utilitaires, utilisés à la ville comme à la campagne et dans les pièces moins importantes des résidences citadines.

Tous les styles (georgien, Empire et victorien) sont reproduits seuls ou combinés, de façon plus ou moins réussie. Les bouleau jaune et l'érable veiné de l'Ontario remplacent bien l'acajou et le citronnier importés. On utilise parfois la teinture et la peinture pour simuler les bois et les placages précieux ou la marqueterie et les sculptures, lorsque l'habileté ou les outils ne suffisent pas pour réaliser de tels embellissements. Dans les premières années surtout, les ébénistes préfèrent les articles de quincaillerie (charnières, poignées) facilement disponibles à ceux qui sont assortis au style des meubles. On applique parfois des motifs décoratifs comme l'étoile allemande à six pointes et le losange à la française à des meubles rustiques de forme et de styles anglais et américains.

Il faut relativement peu d'outils pour fabriquer des meubles utilitaires, de sorte que la plupart des menuisiers, les assembleurs et les ébénistes pouvaient s'y adonner. Des formes à double usage, d'encombrement réduit, sont réalisées : entre autres une chaise dont le dossier peut être abaissé pour servir de dessus de table et un banc dont le siège se déplie pour servir de lit.

Les chaises rustiques se répartissent en trois groupes : les chaises avec dossier à traverses, les chaises Windsor et les chaises de fantaisie. Les chaises avec dossier à traverses ont quatre piètements tournés, les piètements arrière se prolongeant en montants reliés par plusieurs traverses pour former le dossier. Une variante propose un dossier à deux traverses percées de plusieurs barreaux verticaux. Des lanières de frêne ou d'écorce de chêne tressées forment le siège.

La chaise Windsor, d'inspiration anglaise, est construite comme un tabouret muni d'un dossier fixé au siège. Ces chaises sont nommées selon leur style ou la forme de leur dossier : Sheraton, en fer à cheval, à pointe de flèche, à dossier bas ou capitaine, en forme de peigne, à fuseau, à petit fuseau ou cage à poules, et à fût. Les chaises à dossier à traverses et les chaises Windsor sont des chaises droites, des fauteuils ou des chaises berçantes, et la plupart sont peintes.

Les chaises de fantaisie sont des chaises droites dont le dossier, le siège et les piètements s'inspirent, du moins en partie, des styles georgien et victorien. Le bois décoratif comprenant des motifs est souvent employé; le siège est en canne ou en jonc. Les premiers ateliers de meubles de l'Ontario produisent aussi quantité de chaises Windsor et de fantaisie.

Les châlits très lourds à quatre colonnes torsadées et à sommier (et muni d'un lit gigogne) sont remplacés par des lits à quenouilles, plus bas, plus légers, dotés de traverses. Les couchettes des journaliers, aux extrémités en quenouilles, deviennent des canapés rustiques lorsqu'on y ajoute des dossiers pleins ou à quenouilles. Tables et guéridons de toutes dimensions, destinés à divers usages, présentent des plateaux qui basculent, pivotent ou se détachent et des panneaux qui peuvent être abaissés, tirés ou enlevés.

Le pupitre rustique du maître d'école à couvercle incliné peut être fixé ou non à un cadre à piètement long ou court, et surmonté d'une petite armoire munie d'un pigeonnier. Les secrétaires, dont la tablette abattante sert de surface pour écrire, sont soutenus par une table ou un buffet bas.

Les placards rustiques, formés d'une ou de deux pièces et munis ou non de portes vitrées ou pleines, certains présentant une tablette intercalée entre la partie du haut et la partie du bas, peuvent être intégrés dans un coin ou dans le mur, ou être autoportants. De tailles et de formes diverses, ils servent de garde-manger, de vaisseliers ou de lave-mains. Les armoires à linge et les garde-robes sont fixes ou encore amovibles, ce qui permet de les déplacer. La plupart des buffets sont peints ou teints de couleur sombre. Les coffres à couvercle, dont les premiers et les plus beaux sont fabriqués de six pièces de bois assemblées à queues-d'aronde, sont nombreux et parfois intégrés à la partie supérieure des premières commodes.

ELIZABETH INGOLFSRUD

Manitoba - Rivière rouge

Avec l'arrivée des colons SELKIRK en 1812 et la construction ultérieure d'établissements permanents par la COMPAGNIE DE LA BAIE D'HUDSON (CBH) et la COMPAGNIE DU NORD-OUEST, des résidences privées sont construites peu à peu dans la vallée de la rivière Rouge, et une tradition de meubles rustiques s'amorce. Dès les débuts, l'isolement géographique de la COLONIE DE LA RIVIÈRE ROUGE et les difficultés de transport nuisent à l'importation de meubles. En effet, le mobilier envoyé par la CBH de Londres doit être transporté par bateau chaque année à la York Factory, puis transféré aux brigades des barges d'York et acheminé à l'intérieur du pays pour atteindre la vallée de la rivière Rouge, 1300 km plus loin.

À part les officiers des compagnies, qui importent des meubles précieux, on impose une limite aux employés quant à ce qu'ils peuvent transporter dans de petits coffres ou malles en bois. Les premiers colons de la rivière Rouge font face à ces difficultés de transport en fabriquant leur propre mobilier à petite échelle. Les colons et les employés des compagnies qui possèdent les outils nécessaires façonnent des tables, des chaises (comme la chaise de la rivière Rouge, une chaise robuste en pin dotée d'un siège en planches), des coffres et des lits où l'utilité et la construction passe avant la décoration.

En conséquence, même le mobilier des postes de traite centraux, le long de la rivière Rouge, se caractérise par sa simplicité, voire son austérité. La communauté de la rivière Rouge étant surtout peuplée d'habitants de descendance française, écossaise et anglaise, aucune tradition unique et distinctive n'émerge dans la fabrication de meubles.

Les collections privées, les musées et les parcs historiques comme le musée de Saint-Boniface ou de Lower Fort Garry abritent des exemples de ces meubles rustiques (chaises, coffres, berceaux, canapés, buffets). Les bois utilisés sont surtout le chêne, le pin et le frêne, qui sont abondants dans la région. Une fois les éléments structuraux soigneusement coupés et assemblés, le tout est fixé fermement à l'aide de chevilles en bois, qui varient en diamètre de un quart de pouce (environ 0,5 cm) pour les chaises des bureaux de la CBH à un demi-pouce (environ 1 cm) pour les lits et les sofas.

Jusque vers 1870, on laisse en général le bois des meubles à l'état naturel, ensuite, on se met à teindre ou à cirer de nombreuses pièces ornées de fleurs sculptées ou de motifs divers. Dans les années 1860, l'amélioration du transport grâce à la route passant par St. Paul et l'arrivée d'ébénistes professionnels marquent le déclin des meubles rustiques fabriqués dans la vallée de la rivière Rouge.

GREGORY THOMAS

Auteurs ayant contribué à cet article:

Île-du-Prince-Édouard

Le mobilier des Écossais et des Irlandais du XIXe siècle semble axé autour du buffet de cuisine adossé au mur dont la partie supérieure est généralement ouverte. Nombre de ces buffets sont fabriqués par des artisans inconnus, mais l'Île-du-Prince-Édouard regorge d'exemples de meubles signés ou portant la marque de l'artisan. Ainsi, Benjamin Chappell, charron londonien arrivé en 1774, et Samuel Bagnall, loyaliste venu de Philadelphie en 1787, sont bien connus pour leurs chaises, dont on trouve aujourd'hui des exemplaires dans les collections publiques ou privées.

Nouveau-Brunswick

Le Nouveau-Brunswick est lui aussi riche en meubles fabriqués par des artisans connus, en particulier à Saint-Jean, principal centre d'ébénisterie. Parmi les ébénistes connus ayant oeuvré avant 1800, on note Robert Chillas, arrivé de New York en 1783, Daniel Fowler, qui s'établit en 1785, ainsi que Nathan Oaks et Robert Blackwood, qui reçoivent leurs papiers d`homme libre (Freeman papers) respectivement en 1795 et en 1796, accordés après paiement d'un droit d'inscription et un serment d'allégeance leur permettant d'exploiter un commerce à Saint-Jean.

Nouvelle-Écosse

Tout comme Saint-Jean, Halifax reste un centre important d'ébénisterie. C'est en Nouvelle-Écosse qu'arrive le principal groupe de « protestants étrangers » des Maritimes. LUNENBURG est fondé en 1753 par des immigrants germanophones. Bien qu'ils soient moins de 2000 au début, les Allemands insuffleront à Lunenburg une tradition et une culture encore vivantes. Casper Jung, qui anglicisera son nom pour Young, est l'un des premiers fabricants de meubles de la ville, où il est inscrit en 1794 comme retourneur et charron.

À Halifax, de nombreux exemples de chaises de style Windsor sont signées James Cole (vers 1817), arrivé à Halifax en provenance des États-Unis, George Gammon (1838), qui travaille à Cole Harbour, dans le comté d'Halifax, et Joy Humeston (vers 1805), qui fabrique des chaises et des canapés en bambou de style Windsor. La famille Sibley du comté de Colchester fabrique d'autres meubles aussi, mais elle est surtout connue pour ses chaises à traverses chantournées et à motifs en forme de champignons. La lignée commence avec Joseph Sibley (né en 1790), connu dans la région comme un fabricant de chaises; les Sibley poursuivront leurs activités jusqu'en 1900.

Dans les provinces maritimes, c'est au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse qu'arrivent la plupart des immigrants acadiens de langue française, qui s'établissent d'abord à PORT-ROYAL en 1605. La déportation des Acadiens s'accompagne de la confiscation ou de la destruction des biens qu'ils ne peuvent transporter avec eux. C'est pourquoi la plupart des meubles qu'on identifie aujourd'hui comme « acadiens » datent en fait de la période postérieure à la déportation, marquée par le retour dans la région des Acadiens francophones en 1764.

Vers le milieu du XIXe siècle, la mécanisation et la production en usine ont rapidement supplanté la fabrication artisanale. Bien que les styles plus anciens aient persisté jusque vers la fin du XIXe siècle dans certaines régions rurales, notamment à l'Île-du-Prince-Édouard, l'apprentissage de l'ébénisterie artisanale s'effrite lentement avec l'avènement de l'ère industrielle dans les Maritimes.

RICHARD HENNING FIELD