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David Milne

David Brown Milne, peintre, graveur, écrivain (né le 8 janvier 1882 à Burgoyne, en Ontario; décédé le 26 décembre 1953 à Bancroft, en Ontario). David Milne est le benjamin d’une famille de dix enfants d’immigrants presbytériens écossais. Sa formation et sa reconnaissance initiales ont lieu à New York. Il est pourtant pratiquement inconnu au Canada jusqu’en 1934 et ne reçoit la même attention que ses contemporains, le Groupe des sept, que récemment. Il a généralement reçu (de même que Tom Thomson) des générations suivantes d’artistes les plus grandes louanges entre tous les peintres canadiens (voir Peinture). Il est habituellement considéré comme notre peintre le plus éminent par les conservateurs étrangers et les critiques. Clement Greenberg, critique d’art américain, est d’avis que David Milne, avec les peintres américains John Marin et Marsden Hartley, compte parmi les trois artistes les plus importants de sa génération en Amérique du Nord. Depuis quelques années, le British Museum fait discrètement l’acquisition de ses œuvres.

Formation et début de carrière

À l’école secondaire de Walkerton, en Ontario, David Milne est considéré par Jos Morgan, le directeur, comme le meilleur élève qu’il ait eu en 40 ans. David Milne s’intéresse particulièrement à la botanique et il dessine constamment. Avant de déménager à New York, en 1903, pour devenir illustrateur, il passe trois ans comme enseignant en zone rurale, suit des cours d’art par correspondance et fait ses premiers essais avec la photographie. Il étudie à la Art Students League of New York (1903-1905), assiste à des conférences de Robert Henri et William Chase, et visite des galeries comme la galerie Durand-Ruel, où il est fasciné par Claude Monet, et la Gallery 291, créé par Alfred Stieglitz, où il voit des œuvres de Cézanne, Brancusi et Matisse.

Même si son associé, Amos Engle, et lui gardent un atelier d’art commercial au 20, 42e rue Est pendant dix ans, où David Milne produit des affiches et essaie d’être un illustrateur, ce n’est qu’en 1909 qu’il décide de devenir peintre. Pendant dix ans, il expose régulièrement avec toutes les sociétés d’artistes importantes des peintures avant-gardistes tapageuses à la N.E. Montross Gallery, à la Philadelphia Academy of Art, dans le célèbre Armory Show (1913), et à l’Exposition internationale de Panama-Pacific, à San Francisco (1915), où il remporte une médaille d’argent. Il est souvent mentionné dans les journaux, habituellement de façon favorable (comme dans le New York Times), et est considéré comme l’un des jeunes artistes les plus talentueux qui apportent l’art moderne en Amérique du Nord. David Milne fait partie du conseil d’administration de sociétés d’artistes et de jurys. Vers 1915, il organise une exposition de ses œuvres dans son appartement, dont il a peinturé les murs en noir.

En 1916, David Milne et sa femme, Patsy (née May Frances Hagerty), qu’il a épousée en 1912, déménagent à Boston Corners, dans le nord de l’État de New York, où son art atteint de nouveaux sommets. La vie à la campagne lui convient ainsi qu’à sa méthode de travail. Ses peintures changent radicalement du format portrait de New York qu’il adoptait souvent au format paysage. Il est à la fois productif et innovateur, mais l’urgence de la Première Guerre mondiale le tiraille. Il rejoint les rangs des Forces armées canadiennes à la fin de 1917, est formé à Toronto, passe plusieurs mois au Québec et arrive en Europe juste avant la fin de la guerre. Il découvre par hasard le Fonds de souvenirs de guerre canadiens. En 1919, même si la guerre est terminée, il peint des scènes de camps et de centres de formation en Angleterre, de même que des champs de bataille désertés en France et en Belgique.

Retour au Canada et peinture de paysages

David Milne retourne dans l’État de New York et peinture abondamment, même pendant les projets d’été dans les Adirondacks. En 1923-1924, il passe l’hiver à Ottawa, essayant en vain de s’établir au Canada. Il retourne finalement au Canada en 1929, se sépare de sa femme en 1933 et, à partir de ce moment, vit et peint en Ontario. Il passe un été à Temagami, un hiver à Weston, puis à Palgrave, à Six Mile Lake, à Toronto, à Uxbridge et finalement à Baptiste Lake, près de Bancroft. Son travail devient mieux connu au Canada en 1934 après avoir cherché à obtenir le mécénat d’Alice et Vincent Massey, qui organisent plusieurs expositions commerciales. La première est vue par Alan Jarvis, qui devient plus tard le directeur du Musée des beaux-arts du Canada. Alan Jarvis est le premier Canadien qui écrit avec enthousiasme au sujet de David Milne. Il porte le travail de David Milne à l’attention de Douglas Duncan, qui deviendra plus tard son agent et son marchand d’art.

Le style artistique de David Milne est formé d’un mélange d’impressionnisme américain et français et du fauvisme d’Henri Matisse. La plus forte influence est celle de Claude Monet, particulièrement dans l’unité esthétique de ses peintures. David Milne combine ces influences à sa façon efficace de voir les choses et de peindre. Il dote les sujets les plus simples (p. ex. maisons, granges, fleurs, arbres et natures mortes) de stature majestueuse. Des personnages apparaissent régulièrement dans ses œuvres new-yorkaises et torontoises, mais les paysages dominent la majeure partie de sa production.

Fin de carrière

Dans les 15 dernières années de sa vie, une série de fantaisies émerge dans ses œuvres. Celles-ci peuvent être inspirées de peintures d’enfants vues à l’école près de Six Mile Lake et par son retour à l’aquarelle en 1937 après une pause de 12 ans. Il commence à choisir des sujets étranges pour ses toiles : des figurines et des natures mortes excentriques, sa version de peintures d’enfants et des représentations visuelles de récits bibliques. Ce changement d’orientation a assurément été renforcé par un changement profond dans sa vie à peu près en même temps : le fait qu’il tombe amoureux de Kathleen Pavey (née en 1910), qu’il rencontre en 1938 et avec il habite à partir de 1939, et la naissance de son seul enfant, David Jr., en 1941. Les biberons et les jouets font désormais partie de ses natures mortes. Les fortes références bibliques qui sous-tendent plusieurs de ses dernières toiles montrent sa compréhension symbolique de la vie, de la mort, de la renaissance et de la résurrection. La série Ascension, peut-être influencée par sa vision des œuvres de Wyndham Lewis, qui attend que la guerre passe au Canada, illustre le mieux son intention sérieuse, mais les séries Noah and the Ark et Snow in Bethlehem montrent qu’il pouvait s’amuser de réinterprétations bibliques.

Alors qu’il gagne en notoriété, David Milne rencontre d’autres artistes : Carl Schaefer, Gordon MacNamara, Jack Nichols, Isabel McLaughlin, A. Y. Jackson, Arthur Lismer et d’autres. Il n’influence pas directement plusieurs artistes, bien que son exemple austère et sa pureté sur le plan esthétique aient servi d’inspiration pour les artistes suivants. En hommage à David Bilne, Harold Town l’appelle le « maître de l’absence » en raison de sa capacité à réduire une toile à l’essentiel.

David Milne invente aussi une méthode pour produire des gravures à la pointe-sèche en couleur en imprimant une couleur par-dessus une autre avec différentes plaques pour chacune. La gravure et la gravure à la pointe-sèche (qui sont toutes deux traditionnellement en noir et blanc) sont des techniques que David Milne a apprises à New York, où il a travaillé avec les deux techniques, particulièrement en 1911. Il connaissait bien d’autres méthodes d’impression. Il a imprimé un certain nombre de lithographies fortes en 1915. Il invente la gravure à la pointe-sèche en couleur en 1922 et réalise ensuite ses œuvres en utilisant cette méthode sporadiquement pendant plus de 20 ans (1927-1947), réalisant près de 60 sujets, mais rarement d’éditions courantes. La découverte de l’impression maximale est l’objectif premier de David Milne. Plusieurs critiques considèrent ses gravures à la pointe-sèche comme ses plus belles œuvres.

Écrits

David Milne est un écrivain au talent remarquable et un peintre génial. Ses lettres inédites à son ami new-yorkais James Clarke, à Alice et Vincent Massey et à d’autres, son Autobiography (1947) et ses journaux et ses notes de peinture (qui se retrouvent pour la plupart à Bibliothèque et Archives Canada) sont une énorme et riche réserve d’observations, de pensées et de descriptions sans précédent dans l’art canadien. La plupart des écrits de David Milne sur l’art parlent de ses buts, de ses réussites et de ses échecs, mais il est tout aussi franc et avisé lorsqu’il est question d’œuvres d’autres peintres. Ses écrits reflètent un esprit vif et un bon sens de l’humour, mais ils taisent aussi en même temps beaucoup de sacrifices qu’il a dû faire pour pouvoir consacrer sa vie à l’art. Pendant 40 ans, sauf les fois où il a à l’occasion troqué son travail en échange de matériel nécessaire, il réussit à dédier tout son temps à la peinture.

Même si David Milne a passé la moitié de sa carrière aux États-Unis et même s’il est un moderniste qui affirme souvent que le sujet n’a rien à voir avec l’esthétique de la peinture, il est aussi un fier nationaliste canadien et un monarchiste. En 1945, il envoie une série de dessins de drapeau au gouvernement. Il admire beaucoup les États-Unis, mais n’a jamais envisagé de devenir un citoyen américain, et ce, bien que son acceptation au Canada ait été longue et difficile et que l’admiration qu’on lui a manifestée à New York à ses débuts ait été grisante. À la fin des années 1930, il s’inquiète de la perte de talent canadien au profit de pays plus riches, et il exhorte le pays à accorder une attention accrue à son art, à sa musique et à sa littérature.

Environ la moitié des toiles de David Milne sont des peintures à l’huile, et l’autre moitié sont des aquarelles. Sa production totale, après la destruction de plusieurs œuvres durant sa carrière, se chiffre à près de 3 000 œuvres avec un nombre équivalent de dessins et de gravures. Le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée des beaux-arts de l’Ontario, la Collection McMichael d’art canadien et le Musée des beaux-arts de Winnipeg possèdent tous d’excellentes collections de ses œuvres. Billboards (1912), Painting Place (1930), Boston Corners (1917), Raspberry Jam (1936) et White Poppy (1946) sont de bons exemples de son œuvre à différentes périodes.

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