Wild Goose Jack
Jack Miner relâche une bernache du Canada.
(photo par Ronny Jaques, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/4315814)
Enfance
Jack Miner naît à Dover Center, dans l’Ohio, le fils de John et d’Ann Miner, originaires du Leicestershire, en Angleterre. Le cinquième de 10 enfants, Jack préfère passer son temps à l’extérieur, à étudier la nature et à travailler dans la briqueterie de son père. Par conséquent, il fréquente l’école pour une durée totale de trois mois. Il est un enfant timide, gêné à cause de ses longs cheveux roux et ses taches de rousseur. En 1877, sa famille déménage à Kingsville, en Ontario, pour être plus près de la famille de sa mère.
Chasse
Vers 1880, Jack Miner s’emploie à la chasse pour complémenter le revenu que tire sa famille de son entreprise de fabrication de briques et de tuiles. Lorsque les revenus de la famille se stabilisent, il fait la transition de la chasse commerciale à la chasse sportive, tirant sur des animaux pour se divertir plutôt que par nécessité. Il abat avec grande habileté des orignaux, des cerfs, des oies et d’autres animaux, et devient rapidement un guide recherché par les chasseurs sportifs de la région de Kingsville. Certains lui reconnaissent le titre du « plus grand chasseur au Canada ». En 1902, le chemin de fer du Canadien Pacifique lui demande de diriger chaque automne des parties de chasse dans le Nord. Jusqu’à 180 chasseurs des comtés de Kent et d’Essex participent à ce voyage annuel.
Conservation
Étang dans la cour arrière de Jack Miner
Le sanctuaire d’oiseaux à la résidence de Jack Miner, à Kingsville, en Ontario.
(avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-043284)
La décision de Jack Miner de passer de la chasse à la conservation de la faune s’appuie sur ses études bibliques. En particulier, il est influencé par le livre de la Genèse, chapitre 1, verset 26, qui se lit comme suit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel […] et sur toutes les bêtes qui rampent sur la terre. » Grâce à ses observations de chasseur, Jack Miner comprend que les humains sont responsables du déclin des populations d’animaux sauvages, et croit qu’ils ont aussi la responsabilité de remédier au problème.
En 1902, Jack Miner fonde l’Association de protection du gibier du comté d’Essex, en vue d’influencer sur les pratiques des chasseurs locaux. À l’occasion des réunions annuelles, les membres discutent de politiques comme l’interdiction de tirer sur les femelles gestantes et la limitation de la quantité de gibier à plumes qu’on peut chasser à cinq par chasseur par jour.
Jack Miner poursuit ses efforts de conservation lorsqu’il fonde, en 1904, le Sanctuaire d’oiseaux Jack Miner, l’un des premiers sanctuaires d’oiseaux de l’Amérique du Nord. Niché autour d’un étang dans la cour du naturaliste, le sanctuaire a pour but d’accueillir chaque printemps les bernaches du Canada et les canards en migration. Au début, les oiseaux n’y retournent pas, comme Jack Miner l’a espéré. Ensuite, au printemps 1909, il remarque un groupe de canards colverts qu’il est certain de reconnaître depuis l’automne précédent. En août, il attrape une cane qu’il a nommée Katie, écrit son adresse sur une bague en aluminium et accroche la bague à la patte de l’oiseau; ensuite, il attend.
En janvier 1910, il reçoit une lettre d’un homme en Caroline du Sud. Celui-ci a tué Katie et a posté la bague à Jack Miner. Ce témoignage des voyages de la cane fait de Jack Miner une des premières personnes à baguer des oiseaux pour fins de recherche scientifique. Les bagues lui offrent des renseignements importants sur les lieux visités chaque hiver par les oiseaux migrateurs.
Jack Miner continue à baguer des oiseaux à l’automne 1913, identifiant les canards de noms comme Polly, Delilah, Susan et Helen. Sur chaque bague, il écrit : « Postez à C.P. 48, Kingsville, Ontario! » Il reçoit une lettre de Chatham, en Ontario, disant que Helen a été tuée, mais Polly, Delilah et Susan retournent toutes au sanctuaire, fournissant de nouveau des renseignements sur les habitudes migratoires des canards.
En 1914, en plus de son adresse postale, Jack Miner commence à inscrire des bouts de textes bibliques sur les bagues d’oiseaux. Des citations bibliques telles « Je marche au milieu de vous », « Réjouissez-vous dans le Seigneur » et « Sois sans crainte, aie seulement la foi » commencent à se répandre dans l’Amérique du Nord, sur les pattes d’oies et de canards. Cette approche inhabituelle au travail de missionnaire ajoute à la notoriété grandissante du conservationniste.
Vie personnelle
Lors d’une réunion d’église en 1886, Jack Miner rencontre sa future épouse, Laona Wigle. Le couple se marie deux ans plus tard, la veille de Noël. Cinq enfants naissent du mariage : Carl, Mary Pearl, Manly, William Edward et Jasper Wilson. Alors qu’elle n’a que trois ans, Mary Pearl meurt à la suite d’une obstruction intestinale. En 1898, lors d’une expédition de chasse, Ted Miner, avec qui Jack entretient la relation la plus étroite parmi sa fratrie, est tué dans un accident de tir par Manly Squire, le beau-frère des frères Miner et l’homonyme du troisième enfant de Jack. William Edward, surnommé Ted, naît après l’accident et tient son nom de son oncle. En 1904, Carl meurt d’une appendicite.
Héritage
Jack Miner
Jack Miner attache une bague à une bernache du Canada. Homme profondément religieux, il inscrit des bouts de textes bibliques sur les bagues d’oiseau.
(photo par Ronny Jaques, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/4315828)
Les nombreuses conférences présentées partout en Amérique du Nord et en Europe par Jack Miner au sujet de son sanctuaire d’oiseaux inspirent des gens à lancer des projets semblables ailleurs dans le monde et instaurent une éthique de conservation chez bon nombre de personnes. En 1915, la Loi américaine concernant les oiseaux migrateurs, adoptée en 1913, fait l’objet d’un examen. Les partisans de cette loi affirment qu’elle serait plus efficace si elle faisait l’objet d’une entente entre le Canada et les États-Unis. Manly Miner recueille les dossiers sur le baguage des oiseaux que tient son père entre 1905 et 1915 et les envoie à des fonctionnaires aux États-Unis et au premier ministre Robert Borden. Ces dossiers, qui témoignent des habitudes des oiseaux migratoires, influencent la décision du Canada de ratifier l’entente en 1917. Cette même année, le gouvernement de l’Ontario désigne la propriété de Jack Miner comme réserve faunique de la Couronne.
En 1929, on décerne une médaille d’or de vie de plein air à Jack Miner; il reçoit l’Ordre de l’Empire britannique en 1943. Son attitude envers les prédateurs, qu’il qualifie de « vermine malfaisante », est très critiquée, mais elle est typique de l’époque, où l’on ne comprend pas encore l’importance écologique de la prédation. Les mises en garde qu’il émet en 1927 contre la pollution des Grands Lacs sont prophétiques. La Semaine nationale de la conservation de la faune (proclamée en son honneur), son sanctuaire d’oiseaux et ses deux autobiographies, Jack Miner and the Birds (1923) et Jack Miner on Current Topics (1929), perpétuent son héritage.