Mitrailleuse polyvalente C6

Contexte

Dans les années 1950, la Suède demande à la Fabrique nationale (FN) en Belgique de produire une version à alimentation par bande-chargeur du fusil automatique Browning. Ernest Vervier, qui avait remplacé Dieudonné Saive au poste de concepteur principal d’armes militaires de petit calibre de la FN en 1954, se met alors à la tâche.

Ernest Vervier crée la mitrailleuse d’appui général (MAG) en inversant simplement le mécanisme du fusil automatique Browning. Il y ajoute de plus un mécanisme d’alimentation inspiré de la MG42 allemande, arme très efficace de la Deuxième Guerre mondiale.

Après les premiers essais au milieu des années 1950, la Suède devient le premier pays à adopter la MAG en 1958. Ultimement, 100 autres pays finissent par utiliser une mitrailleuse polyvalente basée sur la MAG. La série L7 fait par exemple son entrée au Royaume-Uni en 1961 tandis que la série M240 arrive aux États-Unis en 1976. La MAG est présente dans presque tous les conflits depuis les 65 dernières années.

Adoption par l’Armée canadienne

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les unités blindées et de reconnaissance canadiennes utilisent la mitrailleuse états-unienne M1919 Browning de calibre 30 sur certains chars et véhicules blindés. L’infanterie continue de son côté d’utiliser la mitrailleuse Vickers de l’époque de la Première Guerre mondiale comme mitrailleuse moyenne. Cependant, elle a recours à la mitrailleuse Bren comme mitrailleuse légère.

L’Armée canadienne adopte finalement le Browning sous les noms C1 et C1A1. La chambre des deux modèles est adaptée au calibre 7,62 mm OTAN, en remplacement du calibre 30-06. On apporte plus tard des améliorations à la C1 et à la C1A1 qui deviennent alors la C5 et la C5A1. L’infanterie utilise le Browning comme mitrailleuse polyvalente pour les opérations terrestres aux côtés de la mitrailleuse légère FN C2 (voir aussi Fusil FN C1). L’Armée installe aussi des Browning sur des chars d’assaut Centurion, des véhicules de reconnaissance et des véhicules blindés de transport de troupes M113A1.

En 1976, le Canada adopte les nouveaux chars d’assaut Leopard C1. Au lieu du Browning, le véhicule est équipé de la MAG C6 désignée comme une mitrailleuse coaxiale et antiaérienne. Au milieu des années 1980, la société Canadian Arsenals Ltd produit la C6 sous licence pour remplacer le Browning dans l’ensemble de l’Armée.

Conception et spécifications de la C6

La C6 est une mitrailleuse entièrement automatique, refroidie par air, à emprunt de gaz et munie d’un ressort. Elle est à alimentation par bande-chargeur, généralement sur la gauche. Elle peut tirer à une cadence de 750 coups par minute et atteindre au maximum 1100 coups par minute. La cadence de tir est déterminée par un régulateur de gaz qui optimise l’efficacité même dans des conditions difficiles ou lors de tirs intensifs. Si la C6 a une portée maximale de 3275 m, sa portée efficace n’atteint en revanche que 900 m.

La C6 utilise la cartouche liée OTAN de 7,62 mm × 51 mm. La mitrailleuse a un tir à culasse ouverte ce qui permet d’éviter les cas d’autoallumage, soit lorsqu’une balle reste dans la chambre d’un canon tellement chaud que la poudre prend feu. Si le canon d’une C6 surchauffe après une utilisation intensive, on peut le remplacer rapidement.

À 11,6 kg, la C6 est suffisamment légère pour les soldats débarqués (on utilise habituellement une élingue), mais elle a aussi sa poignée de transport. La C6 est normalement installée sur un bipied, mais un trépied est d’usage pour les tirs intensifs.

Les tirs indirects sont possibles avec la C6 si on y installe le viseur C2A1. On l’utilise avec un jalon de pointage pour que l’équipage de la mitrailleuse puisse repérer les cibles qu’il ne pourrait pas autrement voir en raison de la distance, de la fumée, du brouillard ou de l’obscurité.

Emploi

La C6 est principalement utilisée dans des rôles de renfort au sol. Elle fait office de mitrailleuse coaxiale sur un certain nombre de véhicules, notamment le Leopard 2 et le véhicule blindé léger 6.0. Elle peut servir d’appui-feu pour l’infanterie ou pour la défense du véhicule lui-même. Dans d’autres véhicules, la C6 est l’arme principale, comme dans le cas du véhicule blindé tactique de patrouille et du véhicule blindé de soutien au combat. C’est aussi une arme antiaérienne sur pivot sur certains véhicules, et on la trouve à bord de l’hélicoptère CH-146 Griffon.

Les soldats d’infanterie débarquée utilisent la C6 dans toute une gamme d’opérations. Elle est utilisée pour des avancées, des attaques, des défenses, des retardements et des replis ainsi que des patrouilles, entre autres. Il s’agit avant tout d’une arme de peloton. Plus précisément, la C6 fait partie du détachement d’arme dans les pelotons d’infanterie mécanisée ou de la section d’arme dans les pelotons d’infanterie légère, sous l’autorité de l’adjudant de peloton. Le détachement ou la section de C6 de base se compose d’un artilleur et d’un porteur de munitions. Leur travail consiste à garder l’arme chargée et sur la cible. La C6 complète la mitrailleuse légère C9, d’usage au sein de la section de fusiliers d’infanterie.

Mise à niveau de la C6A1

En juillet 2017, le gouvernement annonce l’achat de la C6A1, une version améliorée de la C6. Parmi les améliorations, notons :

• une crosse en polymère durable en remplacement de la crosse en bois d’origine;
• un régulateur de gaz externe réglable pour contrôler la cadence de tir sans avoir à démonter l’arme;
• un rail pour accessoires sur l’arme, appelé rail Picatinny, qui permet d’ajouter des viseurs et des systèmes de visée optique.

Le passage à la C6 comporte cependant son lot de problèmes. En 2017, le gouvernement signe un contrat avec Colt Canada, une entreprise de Kitchener en Ontario, pour la fabrication de 1148 mitrailleuses améliorées pour un montant de 32,1 millions de dollars. En janvier 2020, le gouvernement annonce l’achat de 3626 autres C6A1 pour un montant de 96,97 millions de dollars, pour un total de 4774 mitrailleuses.

En 2021, on constate que certaines pièces sont défectueuses et que les armes connaissent des ennuis techniques. Ce sont 342 armes défectueuses qui sont renvoyées à Colt Canada pour qu’elle les répare. Au cours des réparations, on découvre d’autres problèmes sur certaines pièces. Plus de 1000 mitrailleuses doivent ainsi être réparées. Colt Canada effectue ces réparations sans frais supplémentaires, mais certaines de ces nouvelles pièces sont installées par des techniciens en armement dans les bases des Forces armées canadiennes.

La C6A1 a la même portée maximale et efficace de la C6. La limite inférieure de sa cadence de tir soutenue est toutefois réduite, passant de 750 à 650 coups par minute, et son poids est légèrement supérieur (de 0,5 kg), ce qui le porte à 12,1 kg.