Alice Elizabeth Slinger Wilson a servi dans la marine pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voici son témoignage.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je pense que j’étais en 13e année lorsque la guerre a éclaté et dès que j’ai terminé le secondaire, je me suis enrôlée. J’avais l’impression que c’était la meilleure option pour moi. C’est la marine qui m’a séduite.
Je me suis enrôlée au NCSM York à Toronto, le plus proche de chez moi, à Guelph. Dans la marine, j’ai été envoyée à Saint-Hyacinthe, Québec, pour mon instruction en radiotélégraphie. C’était très différent. J’ai trouvé qu’il y avait un bel esprit de camaraderie et j’ai jeté mon dévolu sur la radiotélégraphie parce que je voulais quelque chose qui m’amène à m’instruire sur une longue période. J’avais l’embarras du choix, mais j’ai choisi ce qui enrichirait le plus mon bagage de connaissances.
Je suis allée à la station navale Coverdale, près de Moncton, Nouveau-Brunswick. C’est là que j’ai exercé mon écoute des sous-marins allemands. Nous interceptions les communications des sous-marins allemands et nous sommes familiarisés avec les positions qu’ils prenaient et les transmissions qu’ils avaient. Leurs messages ne duraient que 30 secondes environ, il fallait donc faire vite.
Nous avions des opérations au début desquelles nous travaillions pour ensuite être envoyés dans des cabanes, comme on les appelait. Personne n’était au courant, personne ne pouvait les voir. Nous étions en haut d’une colline à la station Coverdale et personne ne pouvait voir ce que nous faisions dans ces cabanes; nous travaillions toute la nuit. Nous avions des quarts de travail de 12 heures. En fait, notre travail était extrêmement secret, nous ne pouvions dire à personne ce que nous faisions, pas même les membres de notre famille. Je n’en avais pas le droit. Une amie de Guelph m’a un jour envoyé une carte de Noël et m’a dit, non sans humour, de ne pas couler trop de sous-marins. J’ai donc rapidement déchiré ses lettres au cas où quelqu’un les aurait trouvées, car nous ne devions dire à personne ce que nous faisions, même si ce n’était bien sûr pas mon cas, ni même à mes parents ou à mes frères et sœurs.
J’étais radiotélégraphiste et quand la guerre avec l’Allemagne a pris fin, je suis restée. Les Allemands utilisaient le code Morse : je suis restée vu la guerre qui faisait encore rage avec le Japon. Nous devions taper les codes japonais à la machine à écrire parce qu’ils étaient si longs, c’étaient les codes allemands, mais avec quelques caractères en plus. En fait, j’étais en congé à New York lorsque la guerre avec l’Allemagne a pris fin, j’y étais pour deux semaines de vacances.
Nous avions des uniformes très ternes, des bas noirs et des richelieus noirs tandis que les États-Uniennes portaient de superbes tenues estivales, des robes en coton, des escarpins et des bas en nylon. Elles étaient bien plus à la mode que nous.