Bernie Lyness MacArthur (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Bernie Lyness MacArthur (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Bernie Lyness MacArthur a servi dans la marine marchande pendant la Deuxième Guerre mondiale. Veuillez lire et écouter le témoignage de Bernie Lyness MacArthur en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur et un ami en permission avec un guide local à Calcutta en Inde en mai 1945.
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Navigant sur l'océan Indien, un mitrailleur DEMS est assis à son canon. Février 1945.
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur en uniforme. Photo prise à Hamilton, Ontario, en 1943.
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Un convoi de navires marchands dans l'Atlantique Nord en 1944.
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Bernie MacArthur
Mitrailleurs DEMS posant devant un des canons. Océan Indien en février 1945.
Bernie MacArthur
C’était effrayant parce que ça faisait trembler le bâtiment tout entier. Vous croyez que ça se passe juste là en bas dans votre jardin mais ils nous ont dit le lendemain matin que ça pouvait être à cinq ou six kilomètres de là, mais nous on était d’un avis différent.

Transcription

La marine était la recherche de volontaires pour être artilleurs sur des navires marchands qu’ils appelaient des navires de commerce dotés d’un équipement défensif, l’abréviation pour ça c’était DEMS, D-E-M-S. Alors certains d’entre nous à (la NCSM) Cornwallis, ont pensé que c’était quelque chose qu’on aimerait bien tenter, je suppose que pour, c’est ce qu’on a fait. Donc on s’est portés volontaires pour ça et puis, à ce moment là après que votre entraînement soit terminé, ils vous envoyaient à l’école d’artillerie. On est restés à l’école d’artillerie jusqu’à ce qu’on ait terminé cette formation, à (NCSM) Stadacona ici à Halifax, et ensuite on a été affectés à un navire marchand. Or j’en ris maintenant mais on devait être plutôt bouchés. Après avoir terminé notre entraînement au tir au canon, on nous a alors transférés sur un navire marchand et le premier pour moi a été le (SS) Rosedale Park et c’était là-bas à Montréal au chantier naval Vickers. Quand on est arrivés là-bas, on était huit d’entre nous à monter à bord. La peinture était encore fraîche, c’était un navire tout neuf. Alors tout était agréable et nouveau et propre comme un sou neuf, et c’était le premier sur lequel j’ai été. Et puis on a descendu le Saint Laurent et on est partis au large dans un convoi et notre premier voyage avait pour destination l’Angleterre. Bon, on transportait des bombes de 250 kilos et ce genre de choses. Pour les quarts, on alternait quatre heures de travail et ensuite huit heures de repos. Alors ça prenait, pour faire le tour du cadran, il fallait six personnes, et puis on avait aussi l’officier marinier, c’était notre commandant. Il ne faisait pas de quart, alors on avait une personne en plus. Et la personne en plus, on faisait des tours de rôle chaque semaine, c’était pour par exemple s’occuper de maintenir l’endroit propre et vous alliez à la cuisine principale chercher les repas pour les six autres qui étaient de quart. Et il fallait tout garder bien propre et bien rangé et nettoyer après. Et vous faisiez ça pendant une semaine, puis une semaine, c’était mon tour pendant une semaine et puis il prenait ma place. C’est comme ça qu’on organisait nos tours de garde. C’était un voyage intéressant, pas de doute là dessus. Mais, mais au fur et à mesure qu’on se rapprochait de, vous savez, de l’Angleterre, on n’avait jamais été en proie à quoi que ce soit, vous voyez ce que je veux dire, par exemple je n’avais jamais. Et par exemple, si vous étiez en bas endormi sur votre couchette – et ça s’est produit plusieurs fois – les grenades sous-marines étaient, je me souviens toujours de ça, de temps en temps des grenades sous-marines étaient, vous savez, les corvettes, elles larguaient des grenades sous-marines ; un peu effrayant. Parce que ça vous flanquait la trouille. Mais après un certain temps, on s’y habituait un peu, à ce genre de choses. C’est tout ce que j’ai vu côté combat. Un matin, ils ont fait sonner la cloche de branle-bas de combat, ça devait être dans les 3 heures du matin ou 3h30, peu importe, il faisait encore noir en tout cas. Et on avait deux marins marchands sur notre navire qui avaient déjà été torpillés. Bon, si vous avez déjà vu quelqu’un de rapide, ils étaient rapides. Ce que je veux dire, à mettre leurs vêtements, monter sur le pont au cas où quelque chose de grave se produise, ils ne traînaient pas. Quand on était là-haut à Manchester, un de mes acolytes, on a pensé qu’on aimerait bien aller à Londres, pour voir Londres. Alors on a réussi à avoir le weekend de libre alors on y est allés. On a pris le train et on est partis à Londres. Or, on ne savait pas où on allait dormir, mais on est allés au YMCA canadien qu’il y avait là-bas. Et alors à ce moment là, c’était dans la dernière partie de l’année 1944, avez-vous déjà entendu parler de ce qu’ils appelaient les bombes volantes, les V1 et les V2 ? On les appelait des bombes volantes. Bon, notre première nuit là-bas, par exemple dans la soirée, le vendredi soir, au milieu de la nuit à peu près, tout se met à trembler et aux alentours de l’auberge. Et c’était, les allemands envoyaient ces bombes volantes sur Londres. Or, c’était effrayant parce que ça faisait trembler le bâtiment tout entier. Vous croyez que ça se passe juste là en bas dans votre jardin mais ils nous ont dit le lendemain matin que ça pouvait être à cinq ou six kilomètres de là, mais nous on était d’un avis différent. Quand elles partaient de, disons d’Europe, et je ne sais pas vraiment si elles, elles décollaient de France sans doute (les allemands avaient des stations de lancements dans toute l’Allemagne et les territoires qu’ils occupaient), ils pouvaient les entendre dans le ciel, puis tout à coup, le petit moteur qu’elles avaient peu importe ce que c’était, il s’éteignait, et là était le moment dangereux parce qu’elle tombaient. Et ils n’ont jamais vraiment su où elles allaient atterrir en réalité. On a ramené sept ou huit survivants. D’un navire marchand qui avait été torpillé, et ils ont simplement, ils mangeaient dans notre mess parce qu’on avait de la place là où on mangeait et ils avaient été torpillés. Ils sont restés dans l’eau pendant, bon, vous savez, huit ou neuf jours peut-être. Et ils nous ont raconté que c’était dur, au milieu des éléments. C’est la seule chose que j’ai entendue directement de la part de quelqu’un à qui c’était arrivé. En 1944, on arrivait tout doucement vers la période de Noël, alors j’ai reçu une permission pour rentrer chez moi à Owen Sound (Ontario) à Noël. Et puis il a fallu que je retourne, c’était la veille du jour de l’an, je devais retourner à St John dans le Nouveau-Brunswick. Et je suis monté à bord du (SS) Chippewa Park. Il partait pour, on devait aller en Inde avec le Chippewa Park. On a voyagé dans toute l’Inde, de Bombay, c’est d’un côté, fait le tour et ensuite on est resté là-bas jusqu’au mois de mai et on était à Ceylan. Et on était dans la ville de Colombo. Maintenant ça s’appelle le Sri Lanka, ils ont changé le nom, Sri Lanka. Et on était là-bas quand la guerre s’est terminée en mai (8 mai 1945). Alors quand la guerre s’est terminée, on a en quelque sorte, je ne devrais pas dire ça, vous savez, on n’avait pratiquement rien à faire. Parce que la guerre en Europe était complètement terminée et alors tout, ce qu’on avait à faire, il fallait nettoyer tous nos canons, les nettoyer correctement, puis vous, on les graissait et tout et on les a obturés en quelque sorte. Parce qu’on allait plus les utiliser. Alors on était plus que des passagers à ce moment-là, les gens comme moi.