(Avec le Service technique de l’électricité et de la mécanique attaché au Governor General Foot Guards) De Belgique, évidemment, on est passés en Hollande et on a traversé la bataille de l’Escaut (pendant la campagne d’Europe du Nord-ouest, 1944-1945). Notre travail c’était de couvrir, nos chars étaient embourbés, dans la boue et des trucs comme ça et notre travail évidemment c’était de les sortir de là. Et d’ailleurs, en les accompagnant, vous savez, on perdait des chars et des membres des équipes et des gens étaient tués. En tout, on était un millier quand on a fini, il y avait une centaine de tués et cent cinquante blessés qui ne sont pas retournés au combat. Et on a commencé avec 70 chars et on en a perdu une centaine. Les gens croient, les enfants dans les écoles, ils disent : « Comment pouvez-vous en avoir perdu 100 si vous n’en aviez que 70. » Ils oublient qu’ils étaient remplacés en permanence. Après l’Escaut, on est allés à Breda (…) et on est arrivés par le sud dans la ville de Tilburg en Hollande et quand on était en garnison là-bas, pas en garnison, mais hébergés là-bas pendant quelques jours, un jour mon sergent-major, qui s’appelait Danny Herrington, est venu me voir et il dit : « Charlie, j’ai un boulot pour toi aujourd’hui. » Il dit : « Prends quelque chose à manger pour midi et viens avec moi. » Et je ne savais pas ce qu’il voulait, mais en tout cas, il m’a emmené à la gare de Tilburg et à ce moment-là, le gouvernement avait remis les trains en circulation dans le sud de la Hollande et de la Belgique et les prisonniers étaient, les prisonniers ennemis, les prisonniers allemands, ils passaient par là en train. Et quand je disais en train, on ne les mettait pas dans des wagons de marchandises comme ils le faisaient avec les nôtres, ils étaient tous, chaque prisonnier avait sa place assise dans un wagon, c’était des trains de voyageurs qui venaient et ils s’arrêtaient toujours à Tilburg pour l’entretien. Et il a dit : « Ton boulot, Charlie, c’est de rester à la gare ici et quand les trains entrent en gare, personne ne descend, personne ne monte. » Bon, tout s’est plutôt bien passé jusqu’à midi et le déjeuner que j’avais décidé d’apporter avec moi, c’était une boite de corned-beef. Parce que c’est très pratique comme déjeuner. Et alors que j’avais mangé à peu près la moitié de la boite, un train s’est arrêté devant moi et il y avait un wagon de marchandises dans le train. Et ça ne devait pas être le cas, il ne devait y avoir que des wagons de voyageurs, parce que chaque prisonnier avait une place assise. Et j’ai pensé, bon, c’est bizarre. Donc la porte du wagon de marchandises était fermée et je l’ai ouverte et à ma grande surprise, il y avait un prisonnier dedans, un soldat allemand, un gars plutôt vieux, dans les 35 ans. Et il a eu l’air surpris et affamé, alors je lui ai fait signe de descendre du wagon de marchandises et il est descendu et il avait l’air tellement affamé et triste et à ce moment-là, j’avais déjà mangé la moitié de mon corned-beef, et je lui ai tendu l’autre moitié et il l’a ingurgité et je lui ai donné de l’eau et l’ai remis dans le train, dans un des wagons voyageurs. Et vous savez, j’étais en Allemagne six ans plus tard avec les forces de l’OTAN, et j’avais ma famille avec moi, et je suis entré dans un magasin de chaussures et quelqu’un s’est adressé à moi et voulait savoir si j’étais le sergent qui lui avait donné du corned-beef à Tilburg. Et il s’appelait M. Hofmeister. Et je suis resté en contact avec lui pendant deux ans et il est décédé. Voilà, c’était une petite histoire, à part. Et puis il y en a une autre, alors qu’on continuait à avancer, on a passé l’hiver au canal de Maas et une semaine, on a dû se retirer dans une petite ville hollandaise qui s’appelait St Oedenrode. Et c’était une petite ville de quinze cents, seize cents habitants je pense, juste un village. Et quand on est arrivés avec les chars, on s’est garés dans une cour d’école, mais la cour d’école n’était plus une école parce qu’ils n’avaient pas école à cette époque. Et elle avait été transformée en usine de sabots. Quand on est entrés dans la cour, à côté des chars, il y avait des poteaux qui étaient là et ils étaient par terre et ils les utilisaient pour faire des sabots. Et quand on est arrivés là, les enfants ont commencé à courir, des petits enfants, la plupart d’entre eux étaient très jeunes, ils ont continué à courir et à venir nous parler et des choses comme ça. Et ils avaient l’air tellement affamés, ils perdaient leurs cheveux et ils avaient l’estomac tout gonflé et leurs yeux, ils avaient le regard affamé. Et si vous avez déjà regardé à la télé et vu des photos de l’Afrique aujourd’hui, le regard des enfants, ça vous hante pour le restant de vos jours. Et c’est ce qu’on ressentait, vous savez. Et alors en tout cas, on a décidé sur-le-champ qu’on allait partager nos rations, moitié-moitié, et on les a données aux enfants, parce qu’on savait qu’ils allaient les rapporter à leurs parents et que les enfants auraient quelque chose à manger. On ne donnait rien aux autorités quelles qu’elles soient. Alors pendant qu’on faisait ça, mon équipe de char a remarqué quatre enfants assis sur les poteaux. Ils ne se mettaient pas trop en avant alors on leur en a donné un peu et puis ils ont rapporté ça chez eux et le lendemain, ils sont revenus et, tous les enfants sont revenus. Et l’un d’eux avait dû recevoir une boite de corned-beef et il s’est approché du char et il a dit : « Monsieur, tu as du corned-beef. C’est drôlement bon. » Vous savez. Bon, je raconte tout le temps cette histoire dans les écoles. Alors en tout cas, on a fait connaissance avec ce petit groupe de familles et on leur donnait des trucs qu’ils rapportaient chez eux et ils revenaient le lendemain et je me souviens des noms des enfants, ils étaient quatre, l’aînée c’était une fille, Wilhelmine, elle avait 11 ans. La deuxième c’était Annie, elle avait neuf ans. Et puis il y avait un petit garçon, Peter, il avait cinq ans. Et il y avait une autre sœur qui avait sept ans. Et ils ont demandé si on pourrait venir, mon équipe, venir rendre visite à leurs parents chez eux. Alors on a fait ça pendant une semaine à peu près et il y avait quelque chose d’amusant qu’on faisait, avez-vous déjà joué au Monopoly? Alors on ne savait pas ce qu’ils disaient, comment jouer avec eux, mais après un moment, vous savez, on trichait un petit peu, le nombre qu’on faisait avec les dés, on l’augmentait de deux points. Ils disaient, non, non, non. Au bout d’une semaine quand on est partis, ils riaient, mais la faim se voyait toujours dans leurs yeux. Ça n’a jamais changé. On est partis et on est remontés jusqu’au canal de Maas et on y est restés pratiquement jusqu’à Noël; on est allés jeter un coup d’œil sur les canaux et il y avait une barge échouée et elle était remplie de charbon. Et il y avait deux équipes, l’équipe de mécaniciens et l’équipe de récupération qui étaient ensemble et un des gars a regardé le charbon et il dit : « Vous savez, ce serait sympa si on pouvait se procurer quelques sacs et ramener du charbon à ces enfants là-bas à St Oedenrode. » On a réussi à trouver des sacs chez le cuisinier de la cantine, des sacs de jute, ceux qui servent pour les pommes de terre, et chaque membre de l’équipe, on a apporté quatre sacs de charbon aux enfants et leurs familles en Hollande et on est retournés dans nos unités et nous sommes partis de là. Et vous savez quoi, 16 ans plus tard, je vous ai dit qu’on était en garnison en Allemagne avec les forces de l’OTAN, on a décidé d’aller rendre visite à ces gens en Hollande, avec ma famille. Et quand on est arrivés là-bas, j’ai frappé à la porte, j’ai retrouvé l’endroit où se trouvait la maison, j’ai frappé à la porte et j’ai ouvert, un jeune homme a ouvert la porte et j’ai dit : « Est-ce que M. Voray habite ici? » Il répond : « Vous êtes sûrement Charlie. » Je dis : « Bon, tu dois être Peter, mais tu ne peux pas me reconnaître. » Il a dit : « Oh, si bien sûr, a-t-il dit, ma famille se souvient toujours de vous et de votre équipe, vous nous avez apporté de la nourriture quand on avait faim et du charbon quand on avait froid. Le meilleur Noël que nous n’ayons jamais eu. »
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- . "Charlie Fielding ". l'Encyclopédie Canadienne, 03 août 2022, Historica Canada. development.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mpsb-charlie-fielding. Date consulté: 29 novembre 2024.
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- (2022). Charlie Fielding . Dans l'Encyclopédie Canadienne. Repéré à https://development.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mpsb-charlie-fielding
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- CHICAGO 17TH édition
- . "Charlie Fielding ." l'Encyclopédie Canadienne. Historica Canada. Article publié août 03, 2022; Dernière modification août 03, 2022.
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- l'Encyclopédie Canadienne, s.v. "Charlie Fielding ," par , Date consulté: novembre 29, 2024, https://development.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mpsb-charlie-fielding
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Charlie Fielding
Date de publication en ligne le 3 août 2022
Dernière modification le 3 mai 2023
M. Charlie Fielding servit pendant la Deuxième Guerre mondiale avec Corps royal canadien des Ingénieurs électriques et mécaniques attaché au Governor General's Foot Guards. Son histoire couvre la campagne du nord-ouest de l'Europe de 1944-1945 avec d'émouvantes évocations de son service en Hollande où il raconte la misère du peuple hollandais.