M. Wunder a servi dans la marine marchande pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je me suis engagé dans la marine marchande et on m’a envoyé à Prescott en Ontario pour une formation de mécanicien et une formation en chaufferie pour les navires à vapeur. Je sais qu’on nous a envoyés de Prescott à Saint John dans le Nouveau-Brunswick. On a dû aller dans ce qu’ils appelaient le dépôt d’équipage là-bas, jusqu’à ce qu’on soit affecté à un bateau. Et je crois qu’on était une dizaine à venir de Prescott cette fois-là. On nous a séparés et affectés à différents bateaux. J’ai été sur le SS Rideau (Park). Ça n’a pas pris longtemps, deux ou trois jours et ils avaient rassemblé tellement de bateaux prêts à partir du Nouveau-Brunswick, de Saint John à Sydney Nouvelle-Écosse. Nous sommes allés à Sydney pour prendre plus de charbon et sur le chemin de Sydney, c’était un voyage de 24 heures environ, et j’ai eu un mal de mer terrible ces premières 24 heures. J’aurais bien sauté par dessus bord et entrepris de rentrer chez moi. En tout cas, nous sommes arrivés à Sydney, avons chargé le charbon, et puis on a formé le convoi. Je n’arrive plus à me souvenir du nombre de bateau dans ce premier convoi avec lequel j’ai fait le voyage mais c’était un sacré paquet. Et puis on a fait la traversée jusqu’à l’Angleterre. Et je crois que c’était environ deux semaines après qu’on ait quitté Sydney, un des chauffeurs est tombé malade, il ne pouvait pas supporter la chaleur. Et j’étais trimmer, un trimmer c’était quelqu’un qui (qui distribue le charbon dans le navire), je devais travailler plus dur mais c’était au moins éloigné de la chaleur une bonne partie du temps. Donc ils ont fait de moi un chauffeur et lui est redevenu un trimmer. Donc à partir de ce jour-là, j’ai été chauffeur et chauffeur avec un travail très dur et en pleine chaleur. Vous ne travailliez en permanence, pas tout le temps – vous aviez des pauses de temps en temps – mais vous deviez malgré tout endurer la chaleur tout le temps. Nos outils ça consistait en une pelle n°10 à poignée fermée, un ringard de chaufferie de 2 mètres soixante-dix ou trois mètres de long, on appelait ça une binette mais en fait c’était un ringard en fer. Et on se servait du ringard pour briser le mâchefer dans la chambre de combustion et la binette pour le sortir, ou le râteau servait à faire sortir le mâchefer et toutes les cendres et autres, de temps en temps. On transportait du ravitaillement. Pas seulement des équipements pour la guerre mais aussi de la nourriture en grande quantité. Et du matériel de construction. On avait l’habitude de transporter des cargaisons et des cargaisons et des cargaisons de bois d’oeuvre sur nos ponts, attachées ensemble. Les cales étaient pleines de munitions ou de céréales ou de farine ou d’un certain type de nourriture, du lait en boite. Le lait en boite était une des choses qu’on transportait en caisses, des milliers et des milliers de caisses de lait en boite qui partaient là-bas (en Europe). Et du blé, beaucoup de blé. Ils se servaient du blé comme emballage. Ils descendaient un très grand camion ou un char dans fond du bateau et ils déversaient une grande quantité de blé dessus comme remplissage, ça l’empêchait de rouler là dedans. Ça marchait bien. Et des camions de toutes sortes, des jeeps, toutes les sortes possibles et imaginables, des canons de toutes sortes. Oh, et puis autre chose aussi qu’on avait à bord c’était, comme je faisais partie de ce qu’ils appelaient le gang des chauffeurs « noir de charbon » (black gang fait référence à l’équipe de la chaufferie des navires à vapeur marchant au charbon, du fait de leur environnement de travail : suie et poussière de charbon), on avait quatre et je ne peux pas arriver à me souvenir le mot pour ça, pour ce groupe, mais nous on les appelait les DEMS, D-E-M-S (navire de commerce disposant d’un équipement défensif). C’étaient de vrais canonniers de la marine. Et toutes nos pièces étaient équipées d’un seul canon et de deux Oerlikon (canons de la marine de 20 mm) et quelques autres bricoles et on attendait d’eux qu’ils maintiennent les canons en bon état de fonctionnement pendant tout le temps où on était en mer. Et si besoin était, ils s’en servaient. Ils pouvaient demander à n’importe lequel d’entre nous de prêter main forte si besoin était. Et on faisait partie de, de ce qu’ils appelaient le DOT, département des Transports. Je ne sais pas, c’est peut-être pour ça qu’ils disaient qu’on était, qu’on avait rien à voir avec les Forces armées après que la guerre soit terminée, mais avant que la guerre soit finie ils appréciaient bien d’avoir quelqu’un qui les rejoignait parce que dès l’instant où vous entriez dans la marine marchande, ils ne vous embêtaient plus à vous demander de vous engager dans le, ou d’être appelé dans l’armée de terre ou l’armée de l’air. Vous entriez dans la marine marchande, et vous pouviez y rester pour la vie si vous vouliez. On devait s’engager pour deux ans ou pour la durée de la guerre, tout dépendait de ce qui venait en premier. Et si vous essayiez de déserter le navire ou quoi que ce soit, c’était la prison assurée. Il n’y avait pas de si ou de mais, ou de peut-être. L’un dans l’autre, je ne sais pas, je pense que j’ai fait ce que, j’ai fait ce que j’ai pu et j’ai essayé de servir le pays et de m’y suis plu autant que j’ai pu. On a eu chaud plusieurs fois mais on s’en est sortis, alors. Une fois de temps en temps, vous aviez une grosse frayeur à cause des U-bootes, les sous-marins, et ils larguaient ces satanées grenades sous-marines de temps en temps, et quelquefois pendant toute la nuit. Et de temps en temps, il y avait un ou deux bateaux qui disparaissaient, et c’était là qu’ils étaient, au fond de l’océan. Mais les convois continuaient. Et c’était à ça qu’on servait, à apporter le ravitaillement là-bas pour les forces.