« La Croix-Rouge avait essayé par deux fois de les secourir, directement à l’avant, mais les Allemands n’arrêtaient pas de leur tirer dessus. »
Pour le témoignage complet de M. Ewart, veuillez consulter en bas.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On nous a envoyé vers une petite rivière qu’ils appelaient Vino Ridge. C’est une rivière qui allait d’Ortona à San Leonardo [Italie] et c’était une ligne de front allemande et ils étaient derrière cette rivière. Donc on est allé là-bas en renfort, je pense que c’était la PPCLI [Princess Patricia’s Canadian Light Infantry]. Ils ont mené des attaques frontales sur cette rivière et les Allemands étaient derrière la rivière et les ont anéantis. Je me souviens d’un matin, on était en train d’aider la PPCLI et il y en avait pas mal qui étaient blessés. Deux d’entre eux sont restés sur la crête avec les jambes arrachées, ou une jambe arrachée et ils donnaient des coups avec leur jambe toute la journée. Et vous ne pouviez pas aller vers eux à cause des tireurs embusqués. La Croix-Rouge avait essayé par deux fois de les secourir, directement à l’avant, mais les Allemands n’arrêtaient pas de leur tirer dessus. Alors ils ont dû rebrousser chemin et ces deux pauvres gars ont dû rester là toute la journée à donner des coups avec leur jambe. Ils ont été secourus dans la nuit.
L’autre gars s’est mis directement devant le char. Je pensais qu’il avait un mouchoir rouge sur le ventre, mais je me suis aperçu que c’était son estomac qui pendait et il est tombé sur les chenilles juste devant [le char]. On n’a pas pu aller le récupérer parce que dès que vous sortiez la tête du char, les tireurs vous tiraient dessus. Il n’a duré que quelques minutes puis il est mort. On pouvait voir sa respiration devenir de plus en plus courte dans le froid.
Après Ortona, on est allé à San Leonardo en le contournant par le côté et finalement c’est comme ça qu’on a pu aller de San Leonardo dans Ortona par un autre chemin et que les Allemands se sont retirés. Mais il y a eu presque un mois de combats autour d’Ortona. L’infanterie perdait entre 20 et 30 hommes par jour, les pertes étaient très élevées.
Pour la période de repos, ils nous ont emmené dans une maison, une maison italienne pour l’hiver, c’était une vieille maison en briques. Les Italiens occupaient le rez-de-chaussée et notre troupe était à l’étage. Pour une raison ou une autre, un de nos artilleurs, pour s’occuper, a décidé de nettoyer les grenades. Il a sorti les grenades du char et les a nettoyées mais il a fait une erreur pour la dernière grenade : il a tiré sur la goupille avant de retirer le bouchon de culot et la grenade a explosé dans la maison et tué trois personnes. Les Italiens du dessous sont venus complètement affolés en criant : “Mama mia! Mama mia!” Ils nous ont donné tout ce qui restait, un rosaire, que j’ai encore avec moi aujourd’hui, ou que je garde, comme un keepsake. Il y a eu trois morts dans tout ça et nous avons eu de la chance. On était juste sortis quelques minutes auparavant pour capter les informations d’Afrique de la CBC et on a fermé la porte et on est juste sortis quand la grenade a explosé.
Ensuite on a continué à avancer vers le nord, on soutenait les Canadiens mais après on a embarqué dans des wagons couverts et on est retournés au sud du front de Cassino, ce qu’on appelle la ligne Gustav. Là, on a secondé la 8e armée britannique (British Eighth Army), la 1er brigade blindée était directement attachée à la 8e armée britannique et de là on a servi de renfort à la 8e britannique et à la 9e division indienne d’Inde qui comprenait des Sikhs, des Gurkhas et ainsi de suite. On les a soutenus dans une attaque sur la rivière Gari, près de Cassino.