Project Mémoire

Doreen Leona Smitty Newton

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Doreen L. Newton
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<< Voici les copies des télégrammes qu’on m’a envoyé après son retour à la maison en permission. Cette histoire de bagarre c’était une blague entre nous parce qu’il était venu pour nous rencontrer mon amie de l’armée Ethel Brown et moi-même. Mais avant ça son copain de la marine Lefty Cole avait bu quelques verres et était sorti pour se battre avec un autre gars. Ken avait été assez stupide pour s’interposer entre eux dans l’escalier allant dehors. Il s’était cogné en bas des marches et s’était retrouvé avec un œil au beurre noir et une lèvre fendue. Lefty aussi avait eu un œil au beurre noir alors quand j’ai rencontré Ken pour la première fois il avait un œil au beurre noir, une lèvre fendue et ça lui avait aussi ébranlé toutes les dents. Je portais ma salopette de l’armée et les cheveux relevés avec des boucles plates. Il a dit qu’il trouvait que je ressemblais à une grande perche. C’était une romance de guerre et les gens disaient qu’ une fois renvoyés à la vie civile notre mariage ne tiendrait pas la route. Nous avons célébré nos cinquante-huit ans juste avant son décès le 25 novembre 2003. >>
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Doreen Newton (en poncho) lors de la parade du 60ème anniversaire de la libération des Pays-Bas, à Appledorn, Pays-Bas, 2005.
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Doreen Newton en uniforme de basketball du CWAC, à St John, Nouveau Brunswick, 1944-45.
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Doreen Newton avec ses parents Malcom et Florence Smith, en 1943.
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Photo de Jack Smith, frère de Doreen Newton, prise avant qu'il parte pour l'outremer en 1943. Il a été tué en Italie en 1944.
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Et bien-sûr, ils disaient, oh ces mariages de guerre ça ne durera pas, vous savez. Et bien nous avons été mariés pendant 56 ans moins cinq jours, jusqu’au décès de mon mari.
Et bien, je suis née dans l’ouest à Carman dans le Manitoba et je suis l’un des douze enfants de la famille, quatre garçons et huit filles. Et ma famille est revenue dans l’Ontario en 1936. Mon père était originaire de Fisherville et ma mère de Norwich. En fait, il y a des années de ça, je crois que mon grand-père, son père à elle, était le maire de Norwich. Et nous, la famille, avons grandi du côté de Brantford à ce moment-là. J’ai toujours aimé défiler, faire des nœuds et utiliser le morse et des choses comme ça parce que j’ai été guide pendant sept ans. Alors c’était une des raisons qui – en plus du fait que j’avais trois frères dans le service. Quoiqu’il en soit, quand j’ai eu 17 ans, j’ai décidé que – avec deux amies - qu’on allait s’engager dans l’armée et on s’est engagées à Brantford. Et on nous a envoyées à Toronto et on y est resté, a défilé un peu et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on soit environ une trentaine, ce qui constituait une section, et puis on est allées à Kitchener pour faire nos classes. Et on a fait nos classes en novembre et décembre, et c’était le mois d’octobre ; je me suis engagée le 11 octobre 1943. Et j’y ai été pendant deux ans et j’ai toujours plaisanté à ce propos en disant que j’y avais passé deux ans moins un jour, une véritable expression du langage pénitentiaire. Mais j’ai apprécié chaque journée passée dans l’armée. Il est revenu par ici par Boston, ils avaient un trou de huit mètres dans le fond du bateau. Alors ils sont rentrés tant bien que mal au port à Saint John au Nouveau Brunswick, où j’étais en garnison et ils étaient là pour un radoub, ça veut dire la réparation du bateau. Il était sur le SS Alexandra Park et il était sur le SS Crescent Park. Alors quand ils ont débarqué à Saint John, il est venu me voir avec une de mes camarades de chambre, dont le petit ami était sur le même bateau. Et quand je l’ai rencontré je portais ma salopette kaki de l’armée, j’avais les cheveux relevés avec des bouclettes et il avait la lèvre fendue et un œil au beurre noir. Deux de ses amis sortaient de cet établissement et ils allaient se bagarrer à l’extérieur et il a été assez stupide pour s’interposer entre eux et ils lui ont fait dégringolé une volée de marches. Alors il n’était pas joli à voir quand je l’ai rencontré pour la première fois mais je crois que je n’étais pas mieux. Alors je pense que c’était le coup de foudre. Je l’ai rencontré en mai 1945, en juillet on était fiancés et on a fini le service tous les deux en octobre parce la guerre s’était terminée le 8 mai et on s’était engagés pour le Pacifique mais évidemment, il y a eu la victoire au Japon juste après, alors nous ne sommes pas parti dans le Pacifique. Et nous avons été rendus à la vie civile en octobre et nous nous sommes mariés le 1er décembre. Et bien-sûr, ils disaient, oh ces mariages de guerre ça ne durera pas, vous savez. Et bien nous avons été mariés pendant 56 ans moins cinq jours, jusqu’au décès de mon mari. De retour chez nous, tout était rationné et je me rappelle des livres qui étaient rationnés avant que je parte dans l’armée. Et on ne buvait pas de café ou autre – nous autres les enfants on ne buvait pas de café, alors ma mère échangeait les tickets contre du sucre et du beurre et du thé, des trucs comme ça. L’essence était rationnée, les pneus aussi. Je me souviens, après qu’on soit rentrés de l’armée, et que mon mari et moi nous soyons mariés, on a emprunté la voiture de ma mère et ses pneus étaient complètement lisses. Et bien-sûr, elle avait roulé comme ça pendant des semaines sans problème. On est allés une fois au centre ville à Brantford et on s’est retrouvés avec deux pneus à plat. Alors les clous après la guerre, quand on a construit notre maison sur un terrain du VLA [VLA : Office de l’établissement agricole des anciens combattants], les clous étaient vraiment très rationnés. Ca énervait beaucoup mon mari parce qu’il descendait au dépôt de bois et il disait, j’ai besoin de clous, j’ai besoin de bois, j’ai besoin de tuiles et ils répondaient, ben, on n’en a pas. Et il rentrait et je le regardais et je disais, bon, ils doivent bien en avoir un peu. Alors il disait, bon, et bien vas-y toi. Alors bien-sûr, j’étais un peu plus insistante que lui, alors j’y allais au dépôt et je demandais, vous devez bien avoir un ou deux kilos de clous sous le comptoir pour quelqu’un. Et je disais, on en a besoin justement ce weekend, parce qu’on a du temps libre ce weekend alors on va travailler sur notre maison. Et nom d’une pipe, je les obtenais ces clous. Et une autre fois je suis descendue, on avait besoin de tuiles et ils m’ont dit qu’ils n’en avaient pas et je leur ai dit, écoutez, on en a seulement besoin de trois ou quatre pour commencer et vous devez bien en avoir trois ou quatre cachées quelque part par là. Et bien-sûr, je suis rentrée avec les tuiles et il a dit, moi je n’y vais plus. Si tu arrives à en avoir alors tu y vas toi-même. Et alors c’est ce qui s’est passé. Et bien-sûr, notre première voiture, vous deviez vous inscrire pour ça. Notre premier frigo, notre première cuisinière, vous vous inscriviez et vous attendiez jusqu’à ce que ça soit disponible parce que toutes les usines avaient été transformées en usines d’armement et autre matériel de guerre.