Earle Wagner (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Earle Wagner (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Earle Wagner
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Certificat de compétence en tant que Capitaine de traversier à vapeur commercial en service en pays étrangers, 1951.
Earle Wagner
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Le capitaine Earle Wagner au milieu des années 1990.
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Certificat énumérant les décorations obtenues par Earle Wagner ; 1939-1945 Star, Pacific Star, la Médaille canadienne de service volontaire avec fermoir, la Médaille de guerre 1939-1945 et la Médaille du jubilé de Sa Majesté la Reine Elizabeth 2002.
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(...) navigant seul le long de la côte est de l’Atlantique, en une journée, j’ai compté 14 navires alliés coulés qui reposaient sur le fond de l’océan, avec des morceaux de leur superstructure sortant de l’eau.

Transcription

En 1939, j’ai terminé l’école, mais mon apprentissage a continué. En 1940 ma demande pour m’engager dans la marine comme apprenti marin a été rejetée. Mais le 12 février 1941, je me suis engagé dans la marine marchande comme marin à bord du vaisseau à moteur le (SS) Reginolite, qui transportait du pétrole entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Au cours du printemps 1942, alors que j’étais matelot de 3ème classe à bord du Reginolite, navigant seul le long de la côte est de l’Atlantique, en une journée, j’ai compté 14 navires alliés coulés qui reposaient sur le fond de l’océan, avec des morceaux de leur superstructure (espace au-dessus du pont principal) sortant de l’eau. Je suis sûr d’avoir manqué d’autres navires coulés. La vision de tous ces nombreux navires qui valaient des millions de dollars et la mort de tant de marins ont été pour moi une terrible expérience et ce fut la plus frappante en ce qui concerne la guerre sous-marine menée par les U-bootes nazis, et elle m’a laissée une impression durable. J’ai perdu des membres de ma famille et des amis pendant cette période de guerre sous-marine. Plus tard ce printemps-là de passage dans la région des Caraïbes, on a traversé une nappe de pétrole qui recouvrait environ 10 milles – résultat d’un pétrolier qui avait été torpillé.

Au printemps 1942, dans un voyage de Halifax en Amérique du Sud et retour, en passant par la côte est américaine, le Reginolite a été impliqué dans sept incidents causant des dégâts. Le convoi entier de neuf navires s’est échoué au large de Cape Ann, É-U. Plus tard le même jour, il a heurté le fond en traversant du canal de Cape Cod à l’East River à New York, et il a dérivé vers la côte dans le port de New York. En passant du fleuve Delaware au Canal de Chesapeake, il est entré en collision avec une bouée de navigation et plus tard en collision avec un autre navire à Curaçao aux Antilles. Finalement, sur le voyage du retour, avec un chargement plein de pétrole, il s’est échoué et a troué sa coque dans le canal de Cape Cod. Il a fallu deux mois et demi pour faire le voyage aller-retour, alors qu’en temps de paix, ça ne prend que trois semaines. En 1944-45, j’ai servi comme capitaine en second sur le (SS) Royalite qui opérait dans le Pacifique Sud. Pendant la période après la guerre, on m’a fait rester sur des bateaux qui faisaient jusqu’à 570 pieds de long et 18 000 tonnes de port en lourd et capitaine d’armement sur des navires publics pendant près d’un quart de siècle.

Maintenant, 86 ans, à la retraite depuis 21 ans, je suis toujours très actif en plaidant la cause de la Marine marchande, sa reconnaissance et ses prestations. J’ai été directement impliqué dans le Monument commémoratif national de la marine marchande sur le front de mer à Halifax en 1993. Plus d’une soixantaine de plaques en bronze ont été offertes aux ports de mer, villes et communes dans tout le Canada. J’ai dirigé plus d’une trentaine de services commémoratifs à notre monument commémoratif du front de mer à Halifax ; le dernier en date, le 3 septembre, en commémoration de la Journée des anciens combattants de la marine marchande canadienne. Je parle aux écoliers de mes expériences au cours de la Deuxième Guerre mondiale depuis près de 15 ans.