« Les sous-marins allemands n’aiment pas le mauvais temps mais nous on aime ça parce que ça les maintient dans les profondeurs. »
Pour le témoignage complet de M. Yeadon, veuillez consulter en bas.
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Transcription
Edison Yeadon. C’était quelque temps en janvier lorsque nous avons quitté le Lac Huey pour New-York. Nous naviguions doucement, en soirée, à cinq nœuds, au sud de Terre-Neuve. Nous avons entendu exploser des grenades sous-marines. Et, tout à coup, une fusée éclairante a illuminé le ciel. C’était un signal de se séparer, de prendre chacun notre chemin. Ensuite, les membres de l’équipage de la salle des machines sont montés et nous avons constaté que nous avions été atteints d’un projectile quelconque et que nous pouvions encore l’entendre frapper la coque du navire. On se disait que c’était une torpille désactivée et que nous avions été très chanceux.
Le lendemain, le temps était mauvais, une vraie bénédiction pour nous. Les sous-marins allemands n’aiment pas le mauvais temps mais nous on aime ça parce que ça les maintient dans les profondeurs. Le temps était si mauvais qu’il a fallu déployer la voile pour maintenir le bateau dans le vent.
Nous avons dû mettre le bateau en cale sèche à New York. Ensuite, nous avons quittés New-York pour charger des cargaisons à destination de l’Inde. Nous avons chargé de l’équipement militaire, des tanks, des barils de pétrole, des munitions, des camions et tout ce qu’il faut pour faire la guerre. C’était un vieux navire qui utilisait le charbon comme combustible. C’était un tramp norvégien du nom de Djoust. C’était un bon navire et j’ai aimé mon temps à bord. Les Allemands nous ont rattrapés au sud de l’équateur. Un avion est apparu avec un gros crochet qui est venu couper notre antenne, nous empêchant d’avertir que nous étions sous attaque. Ensuite, l’avion a mitraillé le pont ; les balles volaient de partout. Toutes nos armes antiaériennes étaient rangées. On ne s’attendait pas à une telle éventualité au beau milieu de l’Atlantique Sud. Le navire Raider nous a lancé un barrage d’obus explosifs. Ils ont cessé le barrage aussitôt que nous nous sommes arrêtés et que nous avons sauté dans les bateaux de sauvetage. Nous n’avions aucune chance alors nous avons dû abandonner le navire.
J’ai accouru à mon poste dans un des bateaux de sauvetage. John Snowdown était installé à un bout et, moi, j’étais posté à l’autre bout. Ils ont abaissé les bateaux de sauvetage et je voyais l’eau qui rentrait. Un membre de l’équipage sur le pont m’a demandé si j’avais bien posé le bouchon. Ils ne se rendaient pas compte que le bateau était complètement troué de balles. Ils sont donc partis à la recherche d’un autre bateau de sauvetage. Nous sommes finalement embarqués et j’ai pris un aviron et je me suis mis à ramer. Et, est arrivé ce gros navire, le Raider, qui nous a repêchés. Nous sommes restés à bord à naviguer pendant un mois. Ensuite, nous avons été transférés sur un navire d’approvisionnement. Nous sommes restés en mer, dans l’océan Indien pendant deux ou trois mois. Ensuite, nous sommes partis pour le Japon. Les Japonais nous ont obligés de nous incliner devant l’Officier qui a pris la commande aux quais. J’ai passé trois ans dans un camp de prisonniers de guerre au Japon. Nous avons été libérés par les Américains. C’est à peu près tout ce que je peux dire pour le moment.