Ernest Brown a servi au sein de la Marine marchande du Canada durant la Deuxième Guerre mondiale. Pendant la bataille de l’Atlantique, il a traversé l’océan pour la première fois dans un convoi, accostant à Liverpool, en Angleterre, qui à l’époque subissait les attaques aériennes allemandes. Dans cet extrait, Brown décrit la destruction causée lorsqu’une bombe incendiaire est atterrie sur le pont d’un bateau à Liverpool.
Transcription
La première traversée a été, je ne peux pas dire calme, mais à part la température, nous savions qu’il y avait de l’activité sous-marine dans les alentours avant même d’entendre les explosions, nous pouvions voir de la fumée à l’horizon, mais ce convoi a passé au travers sans aucune perte, pour ce que j’en sais. Nous avons accosté à Liverpool. Nous sommes restés à Liverpool pour le début du mois de mai 1941 et avons vécu l’expérience d’un Blitz* à Liverpool. J’ai appris ce que c’était que d’avoir peur. D’entendre les bombes incendiaires tomber en émettant leur sifflement, tu pouvais les entendre tomber sur le pont du bateau, mais heureusement nos officiers de pont était là avec des pelles et ils ont été capables de les faire balancer par-dessus bord. Aucune ne s’est ramassée là où elle pouvait causer des dommages.
De toute façon, nous étions au quai Huskisson à Liverpool. Je crois que nous étions au Huskisson no. 3. Sur un bateau dont nous n’avons jamais su le nom, au Huskisson no. 4, une bombe incendiaire s’est logée à un endroit où ils ne pouvaient l’atteindre et le bateau était en feu. Très tôt le matin suivant, ce bateau a explosé. Cela a brisé nos amarres à l’avant et à l’arrière mais heureusement, ils y avait encore des employés de quai sur place. Ils ont réussi à pousser la ligne et de nous amarrer à nouveau. Mails il y avait du dommage avec la chute de débris. Pendant la journée, il y a eu une autre explosion. La première explosion était dans les niveaux supérieurs de la soute. La deuxième était dans l’antre profond du bateau, parce que j’ai appris plus tard que les chaudières du bateau ont atterri à plusieurs milles de là. Il y avait une histoire à propos de l’ancre aussi, mais j’ai oublié les détails. Mais ça aussi, ça a brassé notre bateau. Je m’adonnais à être sur le pont à parler avec un officier néerlandais en visite d’un autre bateau lorsque tout cela s’est déclenché devant nous, et bien sûr tout semblait voler directement vers le haut. J’imagine que nous avons été protégés par le fait que l’entrepôt du quai était entre nous et ce bateau, donc nous avons vu le feu s’élever de l’autre côté de cet entrepôt mais rien n’a traversé pour nous atteindre.
Mais cette deuxième explosion a arraché des choses des murs. Dans ma cabine, par exemple, la commode accotée sur le mur avec un lavabo rétractable, un miroir et un cabinet a été arrachée du mur de ma cabine, et la porte a dû être enfoncée et le hublot de verre, qui était du verre épais d’un pouce, a littéralement été pulvérisé.Il y avait plein de craques dedans. Ça ne se défaisait pas lorsque j’ai enlevé le pare-soleil, mais la vitre avait été pulvérisée. Et c’était le cas pour à peu près tous les hublots sur le pont des cabines.
Il y avait du dommage structurel sur le gréement, le radiogoniomètre sur ce navire était une version très précoce de type croisé en boucle de l'antenne de radiogoniométrie, qui pouvait être décrit comme un cadre de bois entouré de fil sur un cube d’à peu près six pieds. Il avait été écrasé, alors nous n’avions pas de radiogoniomètre lorsque nous avons quitté Liverpool. C’est intéressant de savoir que, assez récemment, au travers d’amis néerlandais, j’ai correspondu avec le gouvernement néerlandais et j’ai obtenu une copie du rapport du capitaine à ses « propriétaires » sur les événements de ce séjour à Liverpool. Il l’appelait le « feu de l’enfer à Liverpool ».
*Les bombardements soutenus de la Grande-Bretagne par l’Allemagne nazie, 1940-1941
Entrevue avec Ernest Brown - Projet d'histoire orale du AMCG
No d’accession MCG 20020121-010
Collection d’archives George Metcalf
© Musée canadien de la guerre