M. Doucet a servi dans la marine marchande pendant la Deuxième Guerre mondiale.
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Transcription
Et bien, tout d’abord je me suis engagé dans l’armée de Réserve et mon père était tout à fait contre car il avait servi pendant le Première Guerre mondiale. Et quand l’été est arrivé en 1942, et qu’ils nous envoyaient à Aldershot [Angleterre] en camp d’été, mon père les a rencontré et leur a dit « Ce garçon n’a que 15 ans, pas question qu’il aille à Aldershot. » Alors ils m’ont laissé partir et m’ont dit, reviens nous voir dans deux ans. Alors j’ai fait passé le temps dans les alentours de Bathurst [Nouveau Brunswick] et je suis finalement parti à Halifax en transport et je suis allé sur le front de mer et je me suis pris un bateau.
On a pris un chargement complet d’explosifs au magasin du bassin de Bedford [Nouvelle Ecosse]. Et on a quitté le port, je crois que c’était le mois de novembre si je ne me trompe pas. Et une fois sortis du port, tout était super pendant trois jours jusqu’à ce qu’on se heurte à la meute des sous-marins. C’était mon premier combat. Je me souviens avoir très peur et le capitaine de ce bateau était danois, tout l’équipage était danois à part deux canadiens, un matelot de deuxième classe et moi-même. Et quand le bateau a commencé à se faire torpiller, le capitaine a demandé la permission au commodore de laisser le commodore tout seul, parce qu’on était très rapide et qu’on pouvait distancer n’importe quel sous-marin. Donc, mais le commodore ne lui a pas donné la permission de faire ça et je l’entends encore dire « Fones te hell » en danois ce qui veut dire allez au diable. « Vous me donnez un destroyer et un écran de fumée et vous me laissez sortir de ce mauvais pas. » Il a dit « Parce que j’ai un cargo ici qui va vous faire sauter et tout le convoi avec. » Alors quand le commodore a entendu ça, il a autorisé un sous-marin à leur faire un écran de fumée et on s’est partis vite fait de notre côté.
Et on a débarqué dans le port de Liverpool en Angleterre, cinq ou six jours plus tard et on a déchargé ce cargo. Mais j’ai le souvenir d’avoir eu très, très peur pendant l’action et il y avait un vieux maître d’équipage à bord et il a remarqué à quel point j’étais effrayé et il m’a dit « Monte avec moi » il a dit « Quand c’est fini » il a dit « Je vais te donner quelque chose pour te remonter, pour te calmer les nerfs. » Et il m’a emmené dans sa cabine et il m’a versé un gobelet rempli à ras bord de ce fameux rhum Saint Pierre et Miquelon.
J’étais cuisinier, j’ai commencé comme commis de cuisine et puis je me suis devenu assistant cuisinier, et après second de cuisine et j’ai finalement terminé par être chef. Bon, c’était très intéressant, mais à cette époque, quantité d’œufs en poudre, des pommes de terre déshydratées et du lait en poudre bien-sûr. Et en Angleterre, vos magasins ils n’étaient pas très bons parce qu’on leur achetait toujours la même chose, alors on avait de la bonne nourriture quand on était au Canada ou quand on partait en mer à partir de ports canadiens et américains.
Moi, ce que j’ai trouvé le mieux, c’était quand on attendait tout simplement qu’ils appuient sur le bouton pour, vous savez, les postes de combat. Mais quand vous étiez à votre poste de combat, comme on dit, vous savez, vous n’aviez pas le temps de regarder. Vous alliez là-haut, particulièrement avec les avions qui étaient après nous. J’étais sur le, ce que vous appelez les Oerlikons, ce sont des canons antiaériens et on avait un canon Oerlikon de 5mm. Et mon travail consistait à mettre ces cartouches dans ces tubes et puis de les donner au tireur DEMS, DEMS veut dire « Défendre Chaque Navire Marchand » [navire marchand doté d'armes défensives] . Et il s’occupait du canon, mais les marins de la marine marchande, eux, ils n’avaient pas tellement d’expérience avec les canons, même si on prenait les canons de temps en temps. Et je me souviens d’une fois, j’étais avec un tireur DEMS inexpérimenté et à la minute où l’avion apparait à l’horizon, il commence à tirer et j’ai dit « Pour l’amour de Dieu, mon gars, tu attends jusqu’à ce qu’il arrive dans ta ligne de mire. » j’ai dit « Et là, tu mets la gomme. » j’ai dit « je n’arrive même pas à recharger à l’allure où tu tires. » Je me souviens de cet incident. Je crois que j’étais sur la Hillcrest Park à ce moment-là.
Mais on était tous très copains à bord du bateau. Tout le monde prêtait attention aux autres. S’il vous arrivait d’oublier votre gilet de sauvetage, il y avait toujours quelqu’un là pour courir le chercher à la cuisine ou dans votre cabine, quelque soit l’endroit où il se trouvait. Et il y avait toujours quelqu’un pour veiller sur vous.