Gordon Jiu Kong "Gordie" Quan (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Gordon Jiu Kong "Gordie" Quan (Source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Gordon Quan
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Gordon Quan à Londres, Angleterre, en mars 1945.
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Certificat de décharge de Gordon Quan.
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Transcription

Lorsque la guerre a commencé, en 1939, les Chinois n’étaient pas autorisés à se joindre aux forces. Beaucoup d’entre eux ont donc tenté d’intégrer la marine et la force aérienne, mais ils n’y étaient pas autorisés. Ils l’ont été jusqu’en 1944. D’ailleurs j’ai moi-même servi en Asie du Sud-Est, à l’époque. Ils [les Alliés] ont perdu; les Japonais ont pris le contrôle de l’Asie du Sud-Est à cette époque. Il y a eu 90 000 prisonniers de guerre. Par conséquent, ils étaient nombreux, et ont aidé aussi. C’est pourquoi, à l’époque, ils ont permis aux Chinois, à d’autres nationalités de se joindre aux forces. C’était la raison à l’époque, en raison de la situation qui prévalait en 1944.

Je me suis donc enrôlé, puis j’ai suivi mon instruction de base au Canada, que j’ai terminée, puis le commandement britannique est venu au Canada, a demandé des volontaires, parce que nous étions Chinois, mieux adaptés à cette zone de conflit. Donc, nous étions tous, donc quelques-uns d’entre nous à ce camp, à l’époque, à Maple Creek, en Saskatchewan, alors nous nous sommes tous enrôlés. À ce moment-là, nous ne savions pas quoi faire de mieux de toute façon.

Nous sommes arrivés à Londres, en Angleterre. Comme il fallait remplir de la paperasse, ils ont essayé de savoir à quelles tâches nous nous prêterions le mieux. C’est ce qui est arrivé. Je suis plutôt habile des mains, vous savez, on voulait savoir ce que je pouvais faire et dans quoi je serais bon. J’ai été choisi pour devenir un expert en démolition. À partir de là, nous sommes partis d’Angleterre par bateau pour nous rendre en Inde, un endroit appelé Signal Hill, qui est contrôlé par les Britanniques. J’y ai suivi mon instruction de base, l’instruction de survie en jungle, et ainsi de suite, puis j’ai terminé mon instruction. Puis on m’a confié une affectation dans la jungle, dans la région de Malaya. Nous y sommes allés. Certains, comme nous, n’étaient pas de ceux qui avancent de plein front pour faire bouger les choses. Nous faisions partie d’un petit groupe de 15. Nous étions entraînés et nous devions repérer dans quelle zone nous pouvions causer le plus de tort à l’ennemi. Certains d’entre franchissaient les lignes, d’autres venaient où je me trouvais, vous savez, notre groupe de 15, les Gurkahs [communauté ethnique du Népal et du nord-est de l’Inde, beaucoup d’entre eux ont servi dans l’Armée britannique en Inde] et nous les avons utilisés comme éclaireurs. Deux d’entre nous nous occupions des opérations de démolition. Je transportais toujours quelques grenades et un pistolet. Nous le faisions tous les deux. Et nous avons tous deux gars de radio, qui s’occupent de la communication. Nous avons les Indiens de l’Est là-bas, d’autres qui font la cuisine ou le transport, qui font le sale boulot, comme je l’appelle. Nous avons donc eu la chance, à ce moment-là, d’aller plus loin parce que quand ils ont lancé la bombe H [bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945], c’est ainsi que la guerre a pris fin. Si ce n’était de la bombe H, je ne pense pas que je serais ici aujourd’hui.

Toujours un leader, un officier britannique était un leader, non? Donc nous, moi compris, deux d’entre nous, en tant qu’experts en démolition, comme on nous appelait, nous devions faire le travail, aller là-bas, peu importe, et orchestrer l’explosion, ou autre chose. Et nous devons planifier l’exécution de chaque plan, il n’était pas question d’y aller comme ça, à l’improviste. Nous devions évaluer la superficie de la zone, déterminer où se trouvent les ennemis, déterminer le meilleur moment, comment entrer et comment sortir.

Vous faites exploser tout ce que l’éclaireur, les gens du renseignement, vous envoient comme information, vous voyez. Un dépôt de carburant, des voies ferrées, un train ou un bateau, vous voyez? Nous devons aussi apprendre à nager.

Lorsque vous entrez, vous savez exactement ce que vous devez faire. Vous connaissez la rengaine. S’ils disent de faire sauter un tel train, très bien. Vous savez exactement quoi chercher à bord d’un train, vous voyez? Vous ne vous contentez pas d’y placer un explosif, vous trouvez le piston qui le fait avancer, et c’est là que vous placez l’explosif. Vous voyez, avec les explosifs, vous avez un délai, que procure ce qu’on appelle l’amorceur. C’est un dispositif de mise à feu à retard. Vous le réglez, puis vous sortez. Si vous ne vous faites pas prendre. Vous voyez, c’est une sorte de guérilla.

Vous avez subi un léger lavage de cerveau, si je peux le dire ainsi. On vous procure tout ce qu’il y a de mieux, d’accord, on vous explique quoi faire. Mais ce que vous ne savez pas, c’est que c’est votre vie qui est en jeu à ce moment-là. Vous devez connaître les instructions et les suivre rigoureusement. Vous ne pouvez pas dire, j’aimerais faire ceci ou cela, vous voyez. Vous ne posez pas de question. Vous devez obéir à l’ordre. Chaque mouvement est important parce que ce n’est pas seulement votre vie qui est en jeu, mais celle aussi de votre compagnon.

Il faut travailler, ces 15 personnes, nous cuisinons ensemble, nous dormons ensemble. Il n’y a pas de hiérarchie de grade. C’est le travail, peu importe qu’il soit capitaine, il doit quand même faire le travail, c’est ce qu’il doit faire, ou organiser ou donner le dernier ordre ou avoir le dernier mot, vous savez. Et pour nous, surtout nous, les gars de la démolition, ils savent exactement ce que vous allez faire. Je ne pense pas que, je m’en souviens encore et j’en rêve encore, vous savez.