Transcription
On ne savait pas qu’on allait à Hong Kong. On l’a appris seulement quand on est montés dans le train du retour à Vancouver. Et quand on est descendus de là, on savait qu’on allait partir pour Hong Kong. C’était un endroit nouveau pour nous aussi, je n’étais jamais parti très loin. Je me souviens encore de la première fois où j’étais dans une bataille, la première rencontre que j’ai eu avec l’ennemi et ça n’a pas duré longtemps. On nous a pris tout de suite. Je n’ai pas eu le temps d’en apprendre bien long au sujet de la guerre. On nous a capturés 15 jours après la bataille et puis on nous a mis dans un camp de prisonniers de guerre. Donc, presque cinq ans, en allant au Japon.
Mais après quelques temps, j’ai appris à le connaître et j’avais l’habitude de communiquer avec lui avec un langage de mon cru. Et on s’entendait bien tous les deux. J’ai passé quatre ans avec eux là-bas, alors j’ai eu la possibilité de bien les connaitre. Et puis j’ai appris à parler leur langue assez bien. Les japonais ne nous acceptaient pas trop. Ils pensaient qu’on était des gens de moindre importance. Bon, je suppose que ça faisait partie de leur nature d’être comme ça parce qu’ils n’étaient pas traités si bien que ça eux non plus, les japonais et au Canada. Ils étaient vraiment, vraiment traités durement par les canadiens. Vieux pays, les maladies, on ne savait rien du tout à propos de ça, et on les a attrapées mais on ne savait pas quoi faire. Et ils ne nous aidaient pas. Je suppose qu’ils voulaient qu’on meure nous aussi. Ils ne s’en faisaient pas trop pour nos vies.
On travaillait dix heures par jour et quelquefois plus. On avait l’habitude de partir à 2 heures du matin quelquefois et on revenait la nuit parce qu’il y avait des vols de Hong Kong, pas des vols mais des bateaux, des ferries plus ou moins, qui transportaient les gens. Et ils avaient l’habitude de nous emmener là entre, 2 et 3 heures du matin, on partait travailler. On se rendait là-bas et on avait deux repars par jour seulement et très, très peu. On a passé des jours et des jours et des jours à travailler sans avoir de petit-déjeuner. C’était l’enfer.
J’ai été relâché quand ils avaient largué la bombe sur Osaka. Quand ils avaient largué la bombe atomique sur Osaka, alors tout à coup, ils sont venus et on n’avait pas la moindre idée de ce qui se passait. On marchait juste dans tous les sens. Ils ne savaient pas ce qui se passait. On ne connaissait pas bien leur langue et ils ne voulaient pas qu’on en sache trop long. Ils nous ont mis dans un navire-hôpital et on nous a pulvérisés et on avait un jean léger et une petite chemise blanche, tout ce qu’on portait. Et je suis arrivé au Canada comme ça. J’ai embrassé le sol. Je me souviens que j’embrassais le sol. J’ai dit, bon sang, je suis chez moi, oui.
J’ai travaillé à Canadian Tire toute ma vie, pendant 45 ans. Je suis devenu un sacré bonhomme à Canadian Tire. J’étais traité comme quelqu’un de différent et je réalise ça maintenant on me traitait différemment des autres parce que j’étais un prisonnier de guerre.