Vers 2010, le Projet Mémoire a interviewé John Mardling, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) qui suit est un extrait de cet entretien. Né à Harwich Township, en Ontario, en 1921, John Mardling a servi dans la marine marchande de 1943 à 1945. Dans ce témoignage, il évoque des voyages en Écosse, en Angleterre et en Inde pendant la guerre, et des croisés des sous-marins lors des traversées de l’Atlantique (voir Bataille de l’Atlantique). Après la guerre, il s’est installé à Chatham, en Ontario, où il a travaillé 38 ans à Ontario Steel (Arvin Meritor). Il était membre de l’Association de la marine marchande canadienne, de l’Association royale canadienne de la marine et de la Légion royale canadienne. John Mardling est décédé le 4 septembre 2013 à l’âge de 92 ans.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je m’appelle John Mardling et je viens de Chatham, en Ontario. J’ai fait partie de la marine marchande. Je me suis enrôlé en mars 1943, et j’ai été libéré en août 1945. Je suis allé à l’école d’ingénieurs de Prescott, et j’ai été envoyé à Halifax après huit semaines. Là-bas j’ai joint un dépôt d’équipages, et je suis monté à bord de l’Allan Barker. J’ai travaillé comme soutier pendant la première traversée. Lors de la deuxième traversée, j’ai été chauffeur de chaudières, au plein sens du terme. Nous sommes allés en Écosse lors de ces deux voyages. Ensuite, je suis resté au dépôt d’équipages de Montréal en hiver et j’ai fait un voyage en Inde à bord du Fontaine Park. La traversée s’est déroulée sans encombre. L’homme qui était le Donkeyman du navire est tombé malade et a dû débarquer à terre, et le chef mécanicien m’a promu du poste de chauffeur de chaudières à celui de Donkeyman, qui était une sorte de premier maître. Nous avions notre propre quartier général avec le maître d’équipage et le charpentier. J’ai fait deux voyages en Angleterre par la suite: l’un sur le canal de Manchester, l’autre à Newcastle, où j’ai fait une appendicite et j’ai été opéré à l’hôpital général de Newcastle. Plusieurs fois au cours de chaque voyage, en particulier dans l’océan Atlantique, nous avons croisé des sous-marins. Nous savions qu’ils étaient là parce que la marine larguait des grenades sous-marines autour de nous et du convoi. C’était formidable de voir cent cinquante navires alignés, chacun gardant ses distances, à l’avant comme à l’arrière. Dans les convois auxquels j’ai participé, aucun navire n’a été coulé. Nous avons eu beaucoup de chance, car il y en a eu jusqu’à seize coulés dans un convoi. Mais les eaux de l’océan peuvent être tumultueuses. En fin de compte, j’ai été heureux de servir. Quand je parle aux gars de la marine, il semble que nous étions des cibles faciles, mais nous avions de bonnes cabines sèches pour dormir. Les gars qui étaient à bord des petites Corvettes étaient tout le temps mouillés. C’est merveilleux que tant de gens provenant des fermes et des usines qui n’ont jamais vu l’océan soient allés de l’avant, aient pris leurs postes et aient fait un travail formidable. Il faut vraiment se souvenir d’eux.