Project Mémoire

John Springer (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

John Springer a servi dans l'Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

John Springer
John Springer
John Springer s'entrainant dans le camp de Sussex, Nouveau Brunswick, en 1940.
John Springer
John Springer
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Article de journal - Gazette Chattam, 1942-43, montrant John Springer et ses 5 frères qui ont servi en outremer et sont revenus sain et sauf.
John Springer
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Inspection de kit.
John Springer
John Springer
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Train de mouvement de troupe à Sussex ou Woodstock, Nouveau Brunswick.
John Springer
John Springer
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Armoiries du régiment, North Shore, Nouveau Brunswick.
John Springer
Mais je pense que c’est quand les jeunesses hitlériennes se sont vraiment mises de la partie. Et c’étaient des malades. Vous ne pouviez pas leur parler, pas raisonner avec eux.

Transcription

On était six frères. On était tous dans l’armée. Chacun d’entre nous. J’ai dit à mon père, je me suis engagé un dimanche, je suis rentré à la maison et je l’ai dit à mon père et il dit, je m’y attendais mais le seul conseil qu’il m’a donné c’était de faire ce qu’on me disait et de me tenir à carreau et de m’occuper de mes oignons et ne t’embarque pas dans n’importe quoi et ça se passera très bien. Sinon, ils vont te casser pour de bon. Maintenant à toi de jouer. Bon, je savais bien de quoi il s’agissait de toute façon. J’ai essayé d’y entrer en 1939 – après la déclaration de la guerre - en décembre 1939. Ils ne recrutaient pas à ce moment-là. Ils n’ont pas recruté notre unité jusqu’en juillet 1940. Je suis monté à Newcastle et ai essayé d’entrer là mais ils m’ont dit que tout ce qu’ils voulaient c’était des chauffeurs de camion. Mon frère aîné y est allé en premier, il y est parti avec la 28ème batterie de campagne. Mon autre frère est allé dans la 28ème batterie de campagne. Willy était dans le… dans la Milice (réserve territoriale) et puis il a été, il ne pouvait pas y entrer parce qu’il avait un problème médical mais il est allé à Moncton et les a persuadés de le laisser y entrer. Il est allé dans le Carleton et York [régiment]. Et puis j’ai rejoint le North Shore [régiment]. Et l’autre frère y est entré et puis l’autre frère dès qu’il a eu l’âge requis pour y entrer. Mais il avait essayé avant d’avoir l’âge et ils, ils s’en sont rendu compte, il avait même utilisé l’acte de naissance de mon frère, pour essayer d’entrer… mais ils l’ont attrapé. On a débarqué à Juno Beach le jour J. Mon travail le jour J c’était de remonter la route et il y a une église sur la gauche à deux kilomètres environ à l’intérieur des terres. Et je devais faire tomber le clocher de cette église. Mais entre temps, en montant j’ai rencontré un gars que je connaissais ; il avait été blessé. Alors je me suis arrêté et je lui ai fait un bandage et je l’ai renvoyé. Mais avant ça, on a débarqué le jour J, et la première chose qu’il m’a dit, mon jeune frère avait été blessé, touché à la tête et à la jambe. Alors je lui ai demandé où il était et ils m’ont dit, alors je me suis échappé pour le voir et je lui ai dit de retourner en Angleterre et d’y rester. Mais il m’a dit qu’il allait revenir et il est bien revenu. Cette nuit-là, j’ai rencontré un français et sa, et sa fille. Et il a fallu que j’aille voir leur maison là où ils avaient été bombardés et le toit n’était plus là. Ils insistaient pour que j’aille voir où ils habitaient. J’ai demandé, où allez-vous dormir cette nuit, ils ont dit, ici. Mais je, je comprenais un peu ce qu’ils disaient d’une certaine façon et ils me comprenaient un peu aussi mais pas tant que ça. Bon, on n’a pas, on n’a pas beaucoup mangé le jour J. On transportait notre propre nourriture. On avait du pain de guerre et du corned-beef mais on n’a pas mangé ce jour-là, on était trop occupés. On cuisinait notre nourriture nous-mêmes. Quand on, ce qu’on s’est procuré était meilleur mais le reste, ça vous permet de subsister mais vous n’en vouliez pas. Mais on a trouvé de la nourriture par nous-mêmes. C’était une journée chaude, très chaude et j’étais en train de fumer une cigarette et je marchais alentour et je l’ai vu regarder. Alors j’ai dit, t’en veux une ? Il a répondu, oui. Alors j’ai dit, d’accord, et je lui en ai donné une. Et il a dit, est-ce qu’il y a de l’eau quelque part ? j’ai dit, vous n’avez pas d’eau ? Il avait une bouteille pour l’eau, il a dit, non, alors je lui ai passé la mienne en disant, tiens bois un coup. Alors je lui ai donné à boire et on a parlé. Il avait fait ses études en Angleterre, et il était rentré chez lui et il avait été appelé sous les drapeaux, il dit, je fais juste ce que je dois faire. Je dis, je suis d’accord avec ça, tu fais ton boulot. Sans plus. Mais il était inquiet au sujet de ce qui allait lui arriver, allait-il pouvoir écrire chez lui et ainsi de suite et où est-ce qu’on allait. Je dis, bon, je dois te renvoyer là-bas, mais je dis, on va t’emmener dans un camp de prisonniers de guerre, je ne sais pas où ou quoi, mais je dis, tu pourras écrire à ta famille, parce qu’ils ne les empêchent pas d’écrire chez eux. J’ai dit, je ne sais pas tous les combien mais tu vas pouvoir. Alors il a dit, bon, c’est bien, je pensais qu’ils ne me laisseraient pas faire. Et quelqu’un lui avait pris des affaires, quelques affaires à lui alors j’ai dit – il avait perdu une photo de sa, de sa petite amie ou de sa mère ou quelqu’un. Et j’ai dit, tu sais qui c’était ? Il dit, non. Bon, je dis, je vais me renseigner. Alors je me suis renseigné et des gars avaient pris ses affaires alors je leur ai fait tout rendre. Je ne fais pas ce genre de choses. Mais c’était un gars plutôt très gentil. Et j’ai, j’ai été blessé pendant le, je crois que c’était le 25 avril. Mais c’était, c’était juste un peu avant que la guerre soit finie. Juste à la frontière de la Hollande et de l’Allemagne, the Zuider Zee [IJsselmeer]. Mais c’était une mauvaise bataille. Il y avait beaucoup de 88 et beaucoup de tirs. Ils étaient désespérés alors ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient. Mais je pense que c’est quand les jeunesses hitlériennes se sont vraiment mises de la partie. Et c’étaient des malades. Vous ne pouviez pas leur parler, pas raisonner avec eux.